Charles IX était violent et extravagant

Charles IX monte sur le trône à l’âge de 10 ans suite à la mort prématurée de son frère François II. Fragile psychologiquement, le jeune roi se révèle incapable d’enrayer la haine religieuse qui embrase son royaume.

Un bourreau d’animaux domestiques
Quand Charles IX, âgé de dix ans, monte sur le trône en 1560, la France s’apprête à entrer dans le long tunnel des guerres de Religion. Le massacre de Wassy, le 1er mars 1562, l’inaugure. Charles IX, qui est encore adolescent, ne peut pas imaginer qu’il sera lié, dans une décennie, à une tuerie d’une tout autre ampleur. Brimé par sa mère, il a du mal à exister. Il se déchaîne dans des passions physiques épuisantes. La légende noire a trouvé dans ses amusements de jeunesse la trace des cruautés à venir. Passionné de combats de coqs et de chiens, il est aussi un grand chasseur. Plutôt que de tirer de loin, il préfère s’approcher de la proie avec une arme blanche pour la transpercer, la larder ou l’égorger. On raconte qu’il s’amuse aussi à décapiter les animaux domestiques (ânes ou cochons) qu’il croise en chemin. Un jour, il souhaite trucider le mulet d’un de ses favoris, Lansac, et avait déjà dégainé son épée lorsque le propriétaire réussit à empêcher le sacrifice par un bon mot : « Quel différend, roi très chrétien, peut être survenu entre vous et mon mulet ? »

Le roi Charles IX tuait par jeu

Charles IX, qui passa une grande partie de sa vie à tuer bêtes et hommes, était violent et extravagant. Long, maigre, un peu voûté, Charles IX donnait de lui une première image assez frêle, mais rapidement ses extravagances et surtout sa violence l’emportaient. Ainsi, au retour de la chasse où il excellait et sur laquelle il avait commencé à écrire, peu avant de mourir, un livre remarquable, rien ne l’amusait autant que d’abattre les ânes et les porcs qu’il croisait sur sa route. Pas du tout par dépit d’un tableau de chasse médiocre, celui-ci pouvait être excellent, mais seulement par jeu. Légèrement en retrait de la suite royale, suivait un valet dont le rôle consistait à indemniser très convenablement les propriétaires des victimes.
Après être descendu de cheval, même s’il était resté en selle durant des heures, le souverain se précipitait vers sa forge et, à en croire l’ambassadeur Sigismondo Cavalli, allait « y battre une enclume trois et quatre heures durant, usant d’un marteau énorme, forgeant un corps de cuirasse ». A la Cour, son comportement n’était pas moins étrange. Un jour, il décidait que tous les gentilshommes de sa suite devraient porter un lourd pendentif à une oreille et on les vit tous, y compris les très âgés, faire la queue devant le chirurgien du roi, chargé de leur perforer le lobe. Mais le lendemain, l’ordre était annulé et Charles IX tirait jusqu’au sang sur les oreilles des malheureux courtisans qui n’avaient pas été informés à temps.

Les poumons pourris de Charles IX

A la mort de Charles IX, Catherine de Médicis reprit ses fonctions. Elle en avait l’habitude

Au début, ses extravagances pouvaient paraître vénielles, on le vit parcourir le Louvre, le visage enduit de suie, une selle sanglée sur le dos, mais il avait alors à peine 20 ans. Néanmoins son goût de la violence et sa cruauté iront croissant. Si, durant la Saint-Barthélemy, il ne « giboya » pas d’un balcon contrairement à la légende, les tueurs n’en eurent pas moins son aval, et, sans doute, sa bénédiction. Ce n’est qu’après l’orgie de sang que débutèrent les hallucinations, rapportées par Ambroise Paré, qui le poursuivront plus ou moins régulièrement de « leurs faces hideuses et écarlates ».
Que, pour les fuir, Charles IX se soit jeté dans des activités de plus en plus désordonnées et violentes, dans des chasses de plus en plus longues, est plausible. Qu’il y ait contracté, par un chaud et froid ou autrement, une fièvre « tierce, quarte, erratique » l’est également. Quelques mois plus tard, la tuberculose s’en mêle avec son cortège de crachements de sang et d’étouffements, avec aussi ses fantasmes sexuels. Signé par Ambroise Paré, le rapport d’autopsie existe : les deux poumons du roi étaient « pourris ». A sa mort, Catherine de Médicis reprit ses fonctions. Elle en avait l’habitude. C’étaient les quatrièmes obsèques royales auxquelles elle assistait : celles de son beau-père François Ier, celles de son mari Henri II, celles de ses deux aînés et maintenant Charles IX

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