Après avoir défait les Bleus à Montreuil-Bellay le 8 juin, les Blancs prennent Saumur le 10, s’emparant de 60 canons et 12 000 fusils. Mais deux jours plus tard, 20 000 des 30 000 combattants rentrent chez eux.
Les victoires vendéennes en Anjou et en Poitou ont un énorme retentissement. Les Bleus ont peur de ces paysans et la Convention a maintenant pris conscience qu’il s’agissait d’une véritable guerre qui s’ajoute au péril extérieur. Le 30 avril, elle décide que trois armées seront consacrées à la lutte contre l’ennemi intérieur.
En attendant. les Brigands poursuivent leur marche victorieuse.
Le 2 mai, le général Quetineau. le vaincu des Aubiers, peu sûr de ses troupes, abandonne Bressuire. que vont occuper les Blancs et court s’enfermer dans Thouars (Deux-Sèvres). Dans sa hâte, il oublie d’emmener les prisonniers aristocrates. Parmi ceux-ci le marquis et la marquise de Lescure, leur beau-père et père, le marquis de Donissan. et Bernard de Marigny. Du renfort pour l’armée catholique et royale. Les-cure s’empresse de regagner son château de Clisson et d’envoyer des émissaires dans 40 paroisses du Bressuirois pour les soulever.
Le 5 mai 1794, à 6 heures du matin, 20000 Vendéens, conduits par Stofflet, Cathelineau,
Bonchamps, La Rochejaquelein se présentent devant Thouars que défend Quetineau avec 3000 hommes. Position très fortifiée surplom bant la vallée du Thouet, on la regardait comme la clé de l’Anjou. Après quatre heures de fusillade, les Vendéens passent le pont sur le Thouet et s’attaquent au rempart sous la mitraille. Selon la légende, Monsieur Henri donne l’exemple. Grimpé sur les épaules de Texier, il aurait atteint le sommet de la muraille et galvanisé les paysans en criant : « A l’assaut, à l’assaut Une chose est sûre, la marée blanche pénètre dans Thouars et à 7 heures du soir, le général Quetineau capitule. Relâché avec la plupart des autres prisonniers, il refuse de se rallier. Il regagnera les rangs républicains ou il sera arrêté et condamné à mort.
Toutes les cloches de Thouars carillonnent. Les vainqueurs se précipitent dans les églises pour remercier Dieu, ils brûlent les arbres de la Liberté et se bourrent les poches d’assignats. Et surtout ils s’approprient 4000 fusils et des stocks de vivres.
L’épouvante glace tous les esprits… Saumur est en danger écrit à Angers le conventionnel Richard.
Le 2 juin 1793, 30000 Vendéens, soit toute l’armée d’Anjou. rassemblés à Cholet, s’ébranlent en direction de Saumur. A Vihiers, puis à Doué, Stofflet, Lescure et La Rochejaquelein bousculent Leygonnier qui va se retrancher dans Saumur et sera destitué de son commandement. Avec son vieux château fortifié, le confluent de la Loire et du Thouet et les fortifications de Bournan, Saumur est un rude morceau.
Le 9 à l’aube. un conseil de guerre régie minutieusement l’assaut. répartissant les tâches entre les colonnes de Lescure. Stofflet. Cathelineau et La Rochejaquelein. La veille. ce dernier, déguisé en paysan, est allé sonder les défenses.
Les Blancs se ruent à l’assaut peu après midi. Ils sont rudement accueillis aux abords du château. Stofflet doit enrayer un début de panique. Lescure est blessé. Dommaigne à la tête de la cavalerie, s’écroule mortellement atteint en criant Vive le roi ! vive la religion !
Un moment hésitante. la marée blanche repart en hurlant. Les Républicains reculent. Berthier a deux chevaux tués sous lui en tentant de s’opposer à la colonne Cathelineau. Menou est blessé à la tête. Le représentant Bourbotte se bat comme un lion, son cheval est tue. Un jeune lieutenant lui donne le sien. Il s’appelle Marceau. Il aura sa revanche au Mans, dans six mois. Finalement les Bleus s’enfuient, représentants en tète, vers Angers et Tours. A dix heures du soir, seuls résistent encore les héroïques défenseurs du château (les volontaires d’Orléans et la légion germanique). Ils capituleront le lendemain 10 juin.
Tous les chefs assistent au Te Deum en l’église Saint-Pierre de Saumur. Tout le monde dans les rues aborde la cocarde blanche. Les croix de Saint Louis apparaissent sur la poitrine de tous les chevaliers. Beaucoup se couvrent d’un mouchoir rouge à l’instar des officiers vendéens. Les vieilles dames revêtent leurs robes de deuil en souvenir de la mort de Louis XVI. Les commerçants suppriment en hâte tous les emblèmes et inscriptions républicaines. Et déjà on voit des habitants parcourir la ville, en compagnie de soldats vendéens, leur désignant eux-mêmes du doigt les maisons devant être pillées et dévastées, les incitant a cette besogne.
Selon un rite consacré, on fait un grand feu de joie avec les dossiers abandonnés par les représentants et les administrateurs de la commune.
Le comte d’Autichamp et le prince de Talmont viennent offrir leurs services à la Vendée victorieuse.
C’est une victoire considérable qu’a remportée l’armée d’Anjou : 10 à 15000 fusils. 80 canons. quantité de poudre. de cartouches, de boulets. d’habillement. 3000 à 10000 prisonniers (selon les sources) presque tous relâchés après avoir été tondus comme après Fontenay. Mais surtout, la conquête de Saumur livre aux vainqueurs le passage de la Loire. Elle coupe les communications des Républicains entre Nantes et Paris.
Pour couronner la fête, on apprend que le jour de la prise de Saumur. Charette parti avec ses 10000 hommes de son quartier général de Lege, épaulé par La Cathelinière, Couétry, Joly, Pajot Savin a repris Machecoul que Beysser lui avait enlevé le 22 avril.
Le 12 juin. le conseil des généraux vendéens réuni à Saumur élit Cathelineau généralissime de la Grande armée catholique et royale. Ainsi. étrange paradoxe, le premier chef suprême de l’armée royaliste, choisi par quatorze généraux dont un seul. Stofflet, n’est pas noble, est un modeste colporteur de Pin-en-Mauge. alors que l’armée républicaine est commandée au même moment par un Biron !
La Convention est en émoi. Nantes s’affole… Mais les chefs vendéens ergotent : Stofflet et La Rochejaquelein semblent avoir souhaité une marche immédiate sur Paris. Mais Lescure préconise de rester en Vendée et de se fortifier dans les places conquises. Cathelineau propose Nantes. Dans le fond. s’ils tergiversent, c’est qu’ils sentent le danger d’entraîner les Vendéens loin de leurs villages. Le Vendéen est si casanier, écrira Turreau, leur cruel adversaire, que pour ses intérêts même il a de la peine à perdre de vue son clocher (…) il était impossible de le retenir deux ou trois jours sous les drapeaux . Alors conduire à Paris 40000 Vendéens qui se sont justement insurgés pour rester chez eux ? D’ailleurs, deux jours après la prise de Saumur, l’armée est déjà désagrégée. lestée de près de la moitié des hommes qui sen est retournée changer de chemise