C’est à l’ordre des Dominicains que le pape Grégoire IX confia tout d’abord l’Inquisition en 1231. Les hérétiques étaient alors frappés du supplice du feu, et l’utilisation de la torture fut même autorisée en 1252 pour obtenir des aveux… Munies de ces armes redoutables, les inquisiteurs
exterminèrent les cathares du Languedoc.
1022 – Premier usage historique du bûcher, contre des clercs jugés hérétiques, à Orléans.
1231 – La Sainte Inquisition est officiellement instituée par le pape Grégoire IX.
1233 – Premier procès en sorcellerie pour hérésie luciférienne
1244 – 200 cathares sont brûlés sur un énorme bûcher a Montségur en représailles a l’assassinat de 11 inquisiteurs.
1314 – Jacques de Molay et les Templiers sont brûlés à Paris comme relaps (récidivistes).
1483 – L’inquisition espagnole débute, sus les ordres de Torquemada.
1580-1630 – Paroxysme de la chasse aux sorcières qui aurait fait entre 5000û et 100 000 victimes a travers l’Europe.
1633 – Condamnation de Gallien Galilei, astronome italien, par le tribunal de l’Inquisition romaine..
1782 – Décapitation d’Anna GöIdin, l’une des dernières victimes de la chasse aux sorcières en Europe.
Quand une région était signalée comme particulièrement contaminée par l’hérésie, une mission d’inquisiteurs se rendait sur les lieux. Les habitants étaient convoqués dans les églises et fermement conviés à écouter une prédication solennelle par laquelle les coupables étaient astreints à solliciter leur pardon.
On pourrait croire qu’en vertu de la charité chrétienne, tout se terminait par une absolution générale. Il n’en allait malheureusement pas ainsi.
En effet, on ne poursuivait les hérétiques que dans la mesure où leur comportement troublait l’ordre public et non s’ils gardaient leur doctrine in petto. Ils avaient donc tout intérêt à ne pas répondre à l’adjuration publique qui leur était adressée. On conçoit donc que la prédication initiale était rarement suivie d’effet; en fait, elle n’était qu’une sorte d’ultimatum précédant l’ouverture de la procédure.
Après cette formalité, les inquisiteurs assuraient leurs positions en faisant proclamer deux édits : l’édit de foi et l’édit de grace.
Le premier édit ordonnait à tout chrétien, sous peine d’excommunication, de signaler les hérétiques et même les simples suspects d’hérésie. On voit ainsi tout ce que le procédé comportait d’abominable.
Le second édit offrait aux rebelles un délai variant de quinze à trente jours pour venir confesser leur erreur. Si leur conduite n’avait pas causé de scandale ou de désordre, les punitions étaient relativement bénignes : courte détention, astreinte à pèlerinage, port d’un insigne infamant cousu sur les vêtements.
Ce délai expiré, la répression prenait un autre caractère de gravité. L’édit de foi provoquait toujours une pluie de dénonciations, souvent arbitraires. Toute personne dénoncée était susceptible d’arrestation. Des enquêtes discrètes évitaient les trop flagrantes iniquités qui auraient résulté du fait que les noms des dénonciateurs bénéficiaient du secret absolu. Une fois les coupables présumés mis en prison préventive, on abordait le stade de la procédure d’instruction.
On a toujours écrit que les prisonniers de l’Inquisition ne bénéficiaient pas de l’assistance d’un défenseur. A l’appui de cette allégation existe une bulle d’ Innocent III interdisant aux gens de loi toute aide judiciaire en faveur d’un hérétique. Il semble pourtant que la dérogation était fréquente et que les accusés fussent assurés de certaines garanties.
L’inquisiteur est à la fois juge d’instruction, procureur et juge sur le siège. Travail énorme. Il a le droit de se faire aider par des subordonnés commis par lui et qu’il peut révoquer.
Auprès de lui, le socius, adjoint qui n’est pas à proprement parler un co-inquisiteur, mais qui accompagne le moine en titre et l’aide, une manière de chef de cabinet. Des vicaires, commissaires ou lieutenants qui sont des suppléants. L’inquisiteur peut d’ailleurs prendre parmi les hommes de loi de l’endroit, des conseillers qui jouent le rôle d’assesseurs. Pour l’établissement de la sentence, des auxiliaires occasionnels.
Après le socius, le notaire est le premier officier de l’Inquisition. Après lui, des agents subalternes : les sergents, pour les arrestations et la garde; les huissiers pour les citations, la publication des sentences. Des espions : exploratores, ceux-ci très importants et qui recherchent le contact des dénonciateurs. Des familiers armés. Enfin les geôliers, custodes muri, des gardiens, carcenarii, parfois des gardiennes (le cas échéant, auprès du tourmenteur, un médecin).
L’inquisiteur était un grand personnage. Toujours ou presque dominicain, il était payé par le roi. Et devant lui tremblaient les curés, les chapitres, parfois même les évêques, pour ne rien dire du pouvoir civil. Au début du XIe siècle, Bernard Gui aura à Toulouse cent cinquante livres tournois par an. Le gardien-chef de la prison touchera, lui aussi, une indemnité officielle. « Le receveur des encours » lui versera le prix de la nourriture des prisonniers sur réquisition ; il versera aussi le traitement de l’inquisiteur, celui du gardien-chef, celui du tourmenteur et se rattrapera sur le produit des confiscations dont la plus grosse part passera ensuite aux mains du roi.
Peu à peu, s’échafaudera une curieuse construction policière et judiciaire où les deux pouvoirs seront intéressés. L’hérétique n’aura plus de recours. Dès les débuts de l’Inquisition, il ne peut déjà plus échapper.