Les Mérovingiens, tous polygames !

Sous les Mérovingiens, puis les Carolingiens, la polygamie offre aux nobles le moyen de montrer leur richesse, leur pouvoir, et de tisser un réseau d’alliances familiales. Elle correspond à une conception de l’union homme-femme propre aux peuples germaniques qui ont envahi la Gaule aux Ve-Vle siècles.

Record pour Clotaire : six épouses
On ignore comment le roi Franc gère un tel harem. Apparemment bien puisque seule l’une d’elles, Radegonde, fuit au couvent.
Chilpéric se contente de trois
L’indélicat Chilpéric a des méthodes radicales: il répudie et fait assassiner ses deux premières épouses pour garder Frédégonde.
Charibert : quatre
Pas snob, Charibert. Après avoir épousé une femme de la noblesse, il l’abandonne au profit de deux servantes, dont l’une porte l’habit religieux. Puis une bergère.

Destins de reines…

L’une quitte volontairement le lit conjugal…
Enlevée très jeune par Clotaire, qui l’épouse, Radegonde exaspère son mari par sa manie de se lever la nuit pour prier. Pas besoin de la répudier, elle va d’elle-même s’enfermer dans un monastère.
L’autre cède la place contre son gré
Etant de souche royale, Galswinthe est traitée avec honneur par Chilpéric, ce qui fait enrager Frédégonde, épouse de second rang. Pour se débarrasser de cette légitime encombrante, le roi l’étrangle.

Clotaire, sept fils de diverses femmes.

Les femmes et les fils du roi mérovingiens ClotaireMon maître a fait de sa servante ce qui lui a plu et l’a introduite dans son lit. Pour mettre un comble à son bienfait, que mon maître le roi veuille écouter ce que suggère sa domestique. Daignez, je vous prie, désigner pour ma sœur, qui est votre esclave, un mari bien doué et fortuné pour que je ne sois plus humiliée.
C’est en ces termes, selon Grégoire de Tours, auteur d’une célèbre Histoire des Francs, qu’Ingonde s’adresse à son époux le roi Clotaire, fils de Clovis, qui l’aime d’un amour exclusif. Qu’à cela ne tienne ! Entendant ces paroles, Clotaire, qui est débauché à l’excès, se rend à la villa où réside la sœur d’Ingonde appelée Aregonde, s’enflamme d’amour pour elle et l’épouse. Puis il revient auprès d’Ingonde et lui dit: j’ai résolu d’accorder la grâce que ta douceur m’a demandée. Et en cherchant l’homme riche et intelligent que je devrais marier à ta soeur, je n’ai rien trouvé de mieux que moi-même.
Grégoire de Tours signale que Clotaire eut sept fils de diverses femmes, A savoir Ingonde, Aregonde et Chunsine. A ces trois épouses, il faut adjoindre Radegonde, la sainte qui ne supportant plus un tel mari s’enfuit et fonde le monastère de Sainte-Croix Poitiers.
On pourrait penser qu’il s’agit là d’une polygamie due à l’incontinence de Clotaire. Mais la situation matrimoniale de ses fils, tout au moins des quatre qui vivent assez longtemps pour se partager ses territoires à sa mort en 561, semble être identique.
Gontran, roi de Bourgogne, prend d’abord dans son lit Vénérande, servante d’un membre de son entourage. Puis il épouse Marcatrude. Répudiée pour avoir encouru la haine de son mari, celle-ci meurt peu après. Gontran s’unit ensuite à Austrigilde surnommée Bobilla.
Charibert prend comme épouse Ingeburge qui dispose pour son service des deux filles d’un artisan. L’une nommée Marcovèfe porte l’habit religieux; l’autre s’appelle Méroflède. Le roi, éprouvant pour elles un grand amour, abandonne Ingeburge et prend Méroflède. Puis il prend aussi une autre jeune fille, nommée Theudogilde, fille d’un pasteur de brebis. Par la suite, il s’unit en mariage à Marcovèfe, ce qui leur vaut d’être excommuniés tous les deux par saint Germain. Mais le roi ne veut pas la quitter.
A en croire Grégoire de Tours, Sigebert, constatant que ses frères prennent des femmes indignes d’eux et se dégradent même en s’unissant à des servantes, envoie une ambassade en Espagne et demande en mariage Brunehaut, fille du roi des Wisigoths, à laquelle il s’unit.
Ce que voyant, le quatrième fils de Clotaire, nommé Chilpéric, demande Galswinthe, la sœur de Brunehaut, bien qu’il ait déjà plusieurs épouses; il fit promettre par les ambassadeurs qu’il délaisserait les autres pour peu qu’il méritât d’avoir une femme digne de lui et de souche royale. Il l’accueille avec honneur et l’associe à lui par le mariage. Il éprouvait aussi pour elle un grand amour, car elle avait apporté avec elle de grands trésors. Mais il lui fait subir de mauvais traitements et l’union se termine fort mal à l’instigation d’une femme de basse condition, Frédégonde, qu’il a eue auparavant comme épouse.

Tous les exemples de polygamie concernent la haute aristocratie.

La haute aristocratie mérovingienne polygame

Les paysans, qui constituent l’immense majorité de la population, ne sont pas concernés par les alliances familiales, si bien qu’on ne trouve guère chez eux d’exemples de polygamie.
Certes, d’après une vie de saint concernant la Bavière aux VIIe-VIIIe siècles, un paysan dont la femme est devenue aveugle en épouse une autre, tout en gardant chez lui la première, et son évêque ne parvient pas à l’amener à  résipiscence. Mais l’exemple reste exceptionnel. Il est toujours fait mention uniquement de l’épouse, et les rapports avec elle paraissent très étroits. Le couple paysan mérovingien ressemble pour une bonne part au couple actuel.
Bien évidemment, la coexistence de plusieurs femmes engendre des conflits, qui peuvent aller jusqu’au meurtre. Toutes ne ressemblent pas à Ingonde qui répond à son mari Clotaire venu lui annoncer son mariage avec sa sœur : Que mon maître fasse ce qui paraît bon A ses yeux; il suffit A sa servante de vivre avec la grâce du roi.
Chilpéric, après son mariage avec Galswinthe, garde un grand amour pour Frédégonde qu’il a eue auparavant pour femme. A l’instigation de cette dernière, il fait égorger Galswinthe par un esclave. Puis il reprend après quelques jours Frédégonde qu’il épouse.
Théodebert (543-548) prend comme concubine une matrone de Béziers, nommée Deoteria, mère d’une fille. Au bout de quelques années, Deoteria voyant que sa fille a beaucoup grandi et craignant que le roi pris de concupiscence pour elle ne l’enlève, l’installe sur un char attelé de bœufs indomptés et la précipite dans la Meuse à Verdun.

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