Ce ne sont pas les 40 chefs d’accusation, peu tangibles, qui ont fait tomber la tête du souverain déchu.
Condamné avant même son jugement, Louis XVI allait surtout mourir pour avoir été roi.
PREMIERS RÔLES
BERTRAND BARERE DE VIEUZAC L’élu habile des Hautes-Pyrénées évolue de la Montagne à la Gironde. Ce grand coupeur de têtes préside la séance du 11 décembre 1792.
LOUIS ANTOINE SAINT-JUST Membre de la Montagne et du club des Jacobins, cet admirateur de Robespierre, extrémiste, demande l’exécution du roi sans jugement.
ROMAIN DESEZE
Conseiller de la reine lors de l’Affaire du collier, en 1785, le pugnace avocat est adjoint par Louis XVI à ses autres défenseurs, Tronchet et Malesherbes.
Le 26 décembre 1792, Louis comparut devant la Convention avec ses trois conseils. A nouveau, il sembla très calme. Son regard ne cessait de se porter sur les représentants du peuple comme s’il guettait l’impression que laissait sa défense. C’est Desèze qui donna lecture, au nom des trois défenseurs, de la longue plaidoirie préparée au prix d’un travail incessant de quatre jours et de quatre nuits. Desèze réclama d’abord, en juriste, le bénéfice de l’inviolabilité du roi, édictée par la Constitution de 1791. Il contesta à l’Assemblée le droit de juger Louis. Puis il examina les faits reprochés à l’accusé, s’efforçant de les réfuter. Il n’hésita pas à prendre l’Assemblée vigoureusement à partie : « Citoyens, je vous parlerai ici avec une franchise d’un homme libre : je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs. Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, et c’est vous-même qui l’accusez. Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, et vous avez déjà émis votre vœu. Vous voulez prononcer sur le sort de Louis, et vos opinions parcourent l’Europe. »
Il acheva faisant l’éloge de Louis, Louis économe, Louis juste, sévère, Louis l’ami constant du peuple.
A plusieurs reprises, la plaidoirie de Desèze avait suscité des murmures, vite réprimés : ainsi quand il avait osé dire : Le peuple voulut la liberté ; il la lui donna ! Après son défenseur, Louis ajouta quelques mots pour rappeler qu’il n’avait jamais été guidé que par l’amour de son peuple. On lui fit encore présenter les clés de l’armoire de fer, pour qu’il les reconnût : il ne les reconnut pas, et il se retira suivi de ses conseils.
Le 15 janvier 1793, commença l’appel nominal sur la première question : Louis Capet est-il coupable ? Sur 718 députés présents, 691 le jugèrent coupable, 27 déclarèrent ne pouvoir se prononcer. Il ne se trouva pas un député pour voter l’innocence du roi.
L’appel nominal qui devait décider de la vie ou de la mort de l’ancien roi commença le 16 janvier à 19 heures. Le département de la Haute-Garonne fut le premier appelé. Chacun des députés vint à son tour dire son vote. La plupart ne firent que prononcer leur sentence : la mort ou le bannissement ou la détention. Quelques-uns motivèrent leur vote, en quelques mots, ou par un long discours. Robespierre parla longuement, il rappela son hostilité de principe à la peine de mort, mais votant la mort, il proclama : « Je ne connais point l’humanité qui égorge les peuples et qui pardonne aux despotes. » Philippe d’Orléans, devenu récemment Philippe Egalité, le cousin de Louis, se prononça pour la mort, sans manifester d’émotion. Le savant Condorcet vota « pour la peine la plus grave qui ne soit pas la peine de mort ». Les explications furent si nombreuses, parfois si longues, que le vote se prolongea toute la nuit, puis la matinée qui suivit, et encore l’après-midi. L’épuisement était général.
Ce n’est que vers 8 heures du soir que Vergniaud, qui présidait, proclama le résultat, avec, parut-il, un accent de vraie douleur. Sur 721 votants, 387 s’étaient prononcés pour la mort, 334 pour la détention, les fers, ou la mort sous condition. Etroite majorité qui devait se rétrécir le lendemain par le jeu des rectifications de vote : il apparut que, sur 721 votants, 361 avaient voté la mort de Louis Capet sans l’assortir ni du sursis ni d’aucune condition, soit exactement la majorité absolue.
Alors, les trois défenseurs furent admis à la barre. L’avocat Desèze lut une déclaration de Louis écrite au Temple, refusant de souscrire au jugement, interjetant appel devant la nation elle-même. Les trois avocats, à tour de rôle, prirent la parole pour supplier l’Assemblée de soumettre le jugement à la volonté du peuple. Le Président les remercia d’avoir accompli un « devoir sacré l’Assemblée décréta à l’unanimité qu’elle accordait « aux défenseurs de Louis les honneurs de la séance puis elle se remit à débattre, et, à la demande de Robespierre, elle rejeta aussitôt l’appel interjeté par Louis.
Restait une difficulté. La majorité qui avait voté la mort était en vérité très étroite, et de nombreux députés, tel Buzot, tel Brissot, avaient assorti leur vote d’une proposition de sursis qui suggérait de remettre… à plus tard l’exécution du condamné. Le 18 janvier, sur la motion de Barère, la Convention décida d’émettre un dernier vote, pour décider s’il serait ou non sursis à l’exécution du jugement. A 2 heures du matin, Barère, présidant, proclama le résultat qui scellait le sort de Louis : le sursis était rejeté par 380 voix contre 310.
Le décret fut notifié à Louis, à la tour du Temple, le 20 janvier. Louis demanda un délai de trois jours pour pouvoir se préparer à paraître devant Dieu. Cette requête fut rejetée.
691 députés sur 749 répondent oui à la question: » Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté publique et d’attentats contre la sûreté générale de l’Etat ? «
691 députés sur 749 répondent oui à la question: » Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté publique et d’attentats contre la sûreté générale de l’Etat ? «