La prise de Machecoul et de Pornic par les Vendéens

Dès le 10 mars 1793, à l’annonce du tirage au sort, plusieurs paroisses se sont ameutées en Loire-Inférieure et en Vendée, autour de Machecoul, capitale de l’ancien duché de Retz. Saint-Philbert-de- Bouaine (Vendée) est repris par les gardes nationaux, mais ceux-ci ne pourront s’y maintenir plus de deux jours.

Une brute sanguinaire
Né en Touraine, René-François Souchu a fait une carrière de juriste au pays de Retz, où il s’est établi.
En y prenant la tête de l’insurrection deux jours avant son commencement officiel et en s’emparant d’une cité importante, il est à ce titre le premier en date des grands chefs vendéens.
Une distinction qu’il souille en étant l’instigateur des
massacres de Machecoul, et en y participant luimême : ne dit-on pas qu’il a fait scier à cette occasion les poignets de l’un de ses ennemis personnels ?
Lorsque les Bleus reprennent la ville le 23 avril 1793, Souchu – qui n’a pu fuir – tente de se faire passer pour l’un des leurs en arborant une cocarde tricolore. Reconnu, il est sommairement exécuté par un sapeur, qui lui tranche la tête à coups de hache sur un affût de canon.

Tout le bocage est en ébulition

Dans la Vendée départementale, mêmes incidents tumultueux, mêmes victoires paysannes, bien que l’Histoire semble y avoir attaché moins d’intérêt. Les jeunes gens ne se sont nullement concertés d’un département a l’autre : ils se trouvent également sur pied, comme mus par un commun ressort : l’horreur de la conscription.
Des le 2 mars, des faits graves se produisent aux portes de La Roche-sur-Yon, à Beaulieu le District écrit affolé : La chose publique est en danger.
Le conseil de la Commune fait battre la générale pour rassembler tous les bons citoyens. Les bons citoyens s’éclipsent. Quelques jours plus tard, c’est la commune de Challans. C’est la commune de Saint-Gilles qui se replient en hâte sur Les Sables. Tout le Marais est debout. Tout le Bocage aussi est en ébullition.
Au 13 mars 1793. toutes les petites villes ont cédé. Deux bandes principales parcourent la Vendée centrale. L’une a pour chef Sapinaud de La Raine : l’autre, Sapinaud de La Verrie et Royrand. Leur effort porte sur les noeuds de communication ; il s’agit d’empêcher les secours d’arriver de Nantes ou de La Rochelle.
Plus bas, dans la Vendée côtière, des chefs locaux, indépendants et audacieux. agissant par coups de main, vont apparaitre… Ils se jettent sur les bourgs, proies faciles.

L'apparition de Charette

Souchu a pris le commandement de Machecoul, sa cruauté, ses assassinats seront à tort imputés parfois à Charette

Mais le fait le plus marquant dans cette région où se soudent le Comté nantais et le Marais breton. c’est l’apparition de Charette. Le 14 mars 1793, on est allé le chercher en son château de Fonteclose où il menait une vie molle et efféminée. Son existence va changer : il n’en gardera pas moins toujours quelque chose de son tempérament sensuel et de son goût pour le plaisir.
Né au comté nantais, il sera constamment obsédé par la pensée de la grande ville, ancienne capitale de la Bretagne. Il se dirige d’abord sur Machecoul, parce que Machecoul se trouve sur la route de Nantes. Machecoul a été submergé, quelques jours auparavant, par une énorme vague paysanne.
Il est temps que Charette arrive. Un chef sinistre a pris le commandement de la ville vaincue, Souchu (photo-haut), dont la cruauté, les assassinats seront à tort imputés parfois à Charette. A l’arrivée de Charette, la tuerie cessa elle reprit après son départ.
Déjà son action se fait sentir dans toute la basse Vendée jusqu’à Bourgneuf, et au bord de la Loire. Elle rayonne au nord jusqu’à Clisson dont les fonctionnaires ont vu arriver bride abattue les dragons échappés à l’envahissement de Cholet. C’est une immense contrée perdue pour la République.
Charette tourne son regard vers sa ville de Nantes ; mais il doit courir au plus pressé : Pornic l’appelle. Dès le début de l’occupation, La Roche-Saint-André s’en était emparé, mais ses soldats ayant vidé force barriques, ivres morts, couchés dans les rues, n’ont pu s’opposer au choc des Républicains vite revenus. Ils se sont sauvés vers Machecoul et ont rejoint Charette.
Il appela à son aide les troupes qui venaient de prendre Bourgneuf et la troupe d’un chef local très entreprenant, La Cathelinière. Rien ne résista au choc dans la ville que dévorait l’incendie. La garnison eut beaucoup de peine à s’échapper. La prise de Pornic ouvrait à Charette le chemin de la gloire, mais aussi le vouait à la jalousie des chefs qui s’étaient levés dans la basse Vendée, des chefs sortis des populations paysannes. Nul général vendéen n’aura autant de peine à s’imposer. Savin, Pajot, homme féroce, Joly qui se qualifie de général et commande la région de La Mothe-Achard lui disputeront le premier rang.

Toute la rive gauche de la Loire est en feu

Joly veut Les Sables-d’Olonne. S’il conquiert Les Sables-d’Olonne, il égalera, il surpassera Charette. Mais attaquer Les Sables, c’est s’attaquer à forte partie. Le député Gaudin anime frénétiquement les habitants. Le jour du Vendredi saint, à l’aube, les Vendéens se présentent à l’horizon de la ville. Ils tirent à boulets rouges. A leur arrière des caissons ayant sauté, la peur brise leurs rangs. Ils regagnent le Marais. Joly n’a pu avoir la journée qui l’aurait égalé à Charette.
Au 15 mars 1793, la vaste région qui sera appelée la Vendée Militaire est aux mains des rebelles. Seul le département des Deux-Sèvres, celui-là même qui, en 1792. avait été le premier à s’émouvoir, on se rappelle la prise de Châtillon et de Bressuire, reste quelques jours dans l’expectative. Mais quand leur parvient la nouvelle de la prise de Cholet les jeunes gens commencent de s’ameuter, les habitants de Châtillon se replient sur Bressuire.
Toute la rive gauche de la Loire est en feu. Partout dans le triangle que limite à l’est une ligne allant de Saumur aux Sables-d’Olonne, les conscrits renversent les urnes, attaquent les agents du recrutement, malmènent les percepteurs et se forment en armées. Ils se font soldats chez eux pour éviter le risque très réduit d’être envoyés combattre aux frontières.

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