Pierre victurnien Vergniaud n’a existé que par sa parole, puisqu’il fut la voix des Girondins. Mais que de force et de lumière !
Réélu à la Convention, Vergniaud s’y retrouva au côté droit avec ses amis girondins, mais il n’attaqua pas la députation de Paris; d’autre part, il ne fréquentait pas le salon de Mme Roland; il se contentait de l’amitié des jeunes conventionnels Ducos et BoyerFonfrère. C’est à ce moment-là que Julie Candeille, une charmante comédienne des Variétés du Palais-Royal, entra dans sa vie; leur liaison durera jusqu’à la mort du député. Lors du procès du Roi, après avoir plaidé pour l’appel au peuple, il vota pour la mort et contre le sursis. Ce qui signifiait tout de même beaucoup de contradictions…
A partir de ce procès, il lutta contre la Montagne : il combattit l’établissement du Tribunal révolutionnaire et dénonça la pression de la capitale sur l’Assemblée, mais jamais dans le style de Louvet ou de Buzot. Le 2 juin 1793, Paris ayant accentué sa pression, les Girondins furent proscrits. Il était absent lors de la séance en question; il aurait pu s’enfuir, mais il refusa, disant que fuir, c’était s’avouer coupable.
Il fut emprisonné en juillet; puis, décrété d’accusation le 2 octobre, il fut transféré à la Conciergerie.
Il se défendit avec acharnement devant le tribunal, quoiqu’il en connût l’issue. Danton avait fait ce qu’il avait pu pour le sauver, et Camille Desmoulins, se sentant en partie coupable de son assignation devant le tribunal, eut une crise de désespoir en entendant la condamnation. Vergniaud, qui portait du poison sur lui, aurait pu se suicider, mais il ne voulut pas séparer son sort de celui de son ami Ducos. Ils furent guillotinés le 31 octobre 1793, avec d’autres Girondins.