la Vendée est un véritable tourniquet pour l’armée française qui veut amalgamer volontaires et recrues de la levée en masse d’août 1793. l e nombre, cependant, ne comble pas le déficit de qualité.
La Convention, désireuse de faire participer la nation entière à l’écrasement des bandits, expédie en avril des troupes de toutes qualités. Un tiers des soldats vient de la ligne, le reste est constitué de volont aires. Non seulement la désertion est endémique, mais
l’obéissance aux ordres est optionnelle chez ces hommes pour qui la hiérarchie est assimilée à l’Ancien Régime. Plaie de toute la campagne, l’indiscipline varie cependant en fonction des généraux, qui, selon les cas, dénoncent ou trouvent des excuses aux pillages et exactions menés parfois en territoire républicain.
La raison des premiers succès si rapides des Vendéens ne réside pas seulement dans leur connaissance du terrain, dans leur foi, dans leur vaillance et dans leur mobilité. Elle est aussi dans la médiocrité des armées de la République au début de l’insurrection. Comme écrit le
général Biron, au Comité de Salut public, le 31 mai 1793, les rebelles « ne doivent absolument leur force et leur existence qu’à l’épouvantable confusion qui n’a cessé d’accompagner les mesures incohérentes et insuffisantes qu’on a toujours prises partiellement contre eux ».
En face de ces hommes décidés que sont les paysans vendéens, prêts à tout, les régiments républicains composant la pitoyable armée des Côtes sont pour le moins hétéroclites. En mars 1793, toutes les forces de la France sont aux frontières, et on ne dispose que de rassemblements informes de citoyens, levés à la hâte. qui ne savent ni commander ni obéir.
Rompus par le premier choc de l’ennemi dit le général Turreau, ils commençaient par jeter leurs fusils et leurs gibernes, et le champ de bataille était couvert d’armes et d’effets d’équipements, de sorte que, dans une affaire où nous perdions deux cents ou trois cents hommes, les Vendéens profitaient de douze mille à quinze mille fusils.
Quant aux munitions, le citoyen Bruslé, envoyé sur le théâtre des opérations affirme : Vous n’apprendrez pas sans indignation que ce sont nos propres volontaires qui leur ont vendu (aux Brigands) des cartouches pour se procurer du beurre, des œufs et autres objets de la campagne.
Les soldats de métier sont minoritaires. Cependant, même quand ils afflueront à partir de la fin avril, mêlés aux volontaires, les Vendéens seront fréquemment victorieux. Quand les soldats de la Convention mettent le pied sur cette terre inhospitalière, ils ignorent la tactique de leurs adversaires.
Une colonne républicaine est-elle en vue ? Soudain, des bataillons invisibles s’élancent, en poussant des cris effroyables ; ils surgissent de partout, innombrables, la baïonnette en avant, la faux levée, tuent, exterminent, comme une avalanche, puis disparaissent avec la même rapidité, le même mystère.
Les Bleus s’affolent. Une psychose se développe dans les bivouacs où on grossit démesurément le nombre, les méthodes et les pouvoirs des brigands.