Quelles sont les
conséquences de Verdun ?

Verdun, 300 jours en enfer

Les conséquences les plus évidentes de la bataille se lisent clairement au niveau décisionnel. Falkenhayn est remplacé à la tête de l’armée allemande par son grand rival, Hindenburg.
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Sur quatre fantassins qui « montent » en ligne, un est tué, deux sont blessés, un est indemne. Telles sont les chances et les risques du combattant de Verdun. Ceux qui survivent, accueillent comme une véritable délivrance l'annonce de la relève. Quand on leur dit: « Vous serez relevés à minuit» une joie immense gonfle leurs coeurs. Une ombre cependant: il faudra traverser nombre de barrages meurtriers avant de gagner la zone de sécurité où l'on pourra dormir, manger, reposer et... oublier.
A savoir
Dormir, manger, reposer et... oublier.

Des traces profondes en Allemagne comme en France

Le kronprinz pendnat la bataille de verdun
L'année 1916 et Verdun laissèrent des traces profondes en Allemagne comme en France. Le kronprinz en a écrit plus tard : « Pour la première fois, j'eus conscience de ce que c'est que perdre une bataille », et Ludendorff : « Verdun était une plaie béante qui rongeait nos forces » ; la fatigue de l'armée était alors visible aussi bien chez les permissionnaires que dans les hôpitaux. 700 000 Allemands avaient été mis hors de combat sur le front occidental. Le retentissement chez les civils de ces pertes, joint aux privations dues au blocus, commençait à faire penser que l'effort allemand pourrait ne pas être poursuivi jusqu'à un terme heureux.
Dans le camp français, les soldats en viennent à trouver qu'on leur demande trop. Trop souvent, le repos espéré, mérité et promis, a été refusé aux troupes épuisées. Beaucoup de divisions, remontées à Verdun, y ont connu une seconde décimation pour aller, parfois, en subir une troisième dans la Somme. L'amertume des combattants, visant plus les grands chefs et les « embusqués » que l'arrière, où vivent leurs familles, s'était déjà traduite, on l'a vu, par des manifestations et quelques faits — ou légendes — révélateurs, dont les gendarmes pendus à Verdun. Dans ces indices, que va développer l'effet des théories inconsidérément offensives de Nivelle, s'inscrit en filigrane la crise de 1917.

L'école de Verdun

Mangin à verdun
Verdun ouvre sur des dimensions essentielles mais très différentes dans le temps. Sur le court terme de la guerre, elle persuade les milieux dirigeants français que Nivelle et Mangin, l’artilleur et le fantassin, « l’école de Verdun », ont mis au point la méthode infaillible pour reprendre le terrain perdu. Joffre est considérablement affaibli et même Pétain se trouve désormais dans l’ombre de Nivelle. Au final, le bilan stratégique de la bataille est nul. Elle n’est pas la bataille la plus meurtrière de la guerre, mais elle est celle qui marque le plus les Français. Elle symbolise l’échec de la conception allemande de l’offensive, mais les armées françaises sont épuisées par leur victoire défensive.

Les bilans humains

Les bilans humains sont loin d’être faciles à établir. Selon les « états récapitulatifs des cinq jours », du 21 février 1916 au 20 décembre 1916, 377 221 pertes sont à déplorer du côté français, soit 61 619 tués, 100 689 disparus et 214 913 blessés.
Les bilans les plus sérieux font état de 162 400 morts pour les Français et de 140 000 pour les
Allemands. Pour ces derniers, il est plus difficile d’avoir un chiffre exact, une partie des archives de Berlin ayant été détruites par les bombardements alliés de 1945.
On notera cependant deux choses : d’une part la théorie élaborée a posteriori par Falkenhayn, affirmant qu’il s’agissait de « saigner à blanc l’armée française », ne tient pas, les Allemands ayant eu des pertes assez comparables à celles des Français. L’armée française est épuisée par sa victoire défensive, mais les Allemands le sont presque autant. D’autre part, le nombre considérable des disparus, dont un grand nombre d’entre eux dorment encore du sommeil définitif dans la terre meusienne, atteste incontestablement de la violence des feux de l’artillerie et de l’impossibilité de fournir une tombe convenable à leurs dépouilles.
Falkenhayn à Verdun

Les bilans mémoriels

Les bilans mémoriels de long terme sont tout aussi importants. La mémoire française de la bataille est clairement surdimensionnée par rapport à la mémoire allemande.
Les raisons en sont connues, mais peuvent être rappelées. Le système de noria, mis en place par Pétain, permit à un nombre considérable de régiments et de divisions de s’approprier mémoriellement la bataille de Verdun.
Par ailleurs, les unités non-combattantes se reconnurent également dans la bataille par leur participation active à sa logistique. Les territoriaux, qui entretinrent au quotidien la « Voie sacrée », eurent tout à fait l’impression d’avoir « fait Verdun » à l’issue de la guerre. Leurs familles aussi.