L'héroïsme tout simple d'Heinrich List
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depart de juifs vers un ghetto

En mai 1993, dans le musée de la synagogue de Michelstadt, petite ville thermale du Rhin-Main, les petits-enfants d'Heinrich et Maria List reçurent des mains de l'ambassadeur d'Israël en Allemagne, au nom de leurs grands-parents, la médaille des Justes parmi les peuples. Ceux-ci avaient accueilli au cours de l'hiver 1941-1942 Ferdinand Strauss, un juif. Un geste de simple humanité qu'Heinrich List avait payé de sa vie.
Fils d'un négociant en tissus de Michelstadt, Ferdinand Strauss avait fui chez un onde à Francfort après le pogrom du 9 novembre 1938, la Nuit de cristal. Mais en novembre 1941, quand la chasse aux juifs se fit plus dure encore — son oncle étant décédé et sa tante s'étant empoisonnée —, Ferdinand Strauss revint dans sa région natale, à Ernsbach. Quand il arriva chez les List, Maria était seule à la maison. Elle n'hésita pas. Lorsque son mari, Heinrich, revint des champs, il trouva Ferdinand Strauss, qu'il n'avait pas revu depuis l'avant-guerre, et fut immédiatement d'accord avec sa femme: Le juif reste chez nous. Et de fait, Ferdinand Strauss resta dans la ferme jusqu'au 16 mars 1942, date à laquelle la police vint arrêter... Heinrich List. Un déporté polonais qui travaillait également dans la ferme avait parlé.
Strauss, lui, parvint à fuir à temps et survécut à la guerre. Heinrich List fut interrogé par un simple policier à qui il déclara: «J'admets que depuis la mi-novembre jusqu'à il y a huit jours, j'ai caché le juif Ferdinand Strauss. J'étais le jour dit aux champs. Ma femme était à la maison et l'a accueilli. Je lui ai demandé ce qu'il comptait faire, il m'a dit qu'il voulait rester quelques jours à Ernsbach. À la question du policier sur les raisons qui l'avaient poussé à accueillir Ferdinand Strauss, le paysan répondit simplement: Parce que nous nous connaissons depuis l'enfance et qu'il était tout seul. N'avait-il pas agi par hostilité au Reich ? insista le policier: Non! Seulement parce que nous nous connaissions bien.
Comment le Polonais avait-il pu donner autant de détails sur le juif? questionna enfin le policier : Mon ouvrier polonais et le juif ont mangé tous deux à notre table. Le juif prenait part à toute la vie de famille. La Gestapo plaça alors Heinrich List en détention préventive puis le déporta à Dachau. C'était en mars 1942, deux mois après la conférence du Wannsee. En octobre, le commandant de Dachau informa Maria List que son mari était décédé d'un phlegmon à la jambe et qu'il n'y avait pas d'inconvénient à ce qu'elle vienne chercher l'urne avec les cendres.

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Juifs dans le IIIe Reich