Sauver des Juifs au péril de sa vie
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Berthold Beitz
deportations juifs hongrois

Les 600 autres prisonniers sont embarqués sur des camions et conduits aux abattoirs de la ville pour y être fusillés. Beitz suit les camions et, à quelques dizaines de mètres du lieu de l'exécution, parvient encore à faire stopper le convoi et à obtenir que la femme de ménage de son bureau, Lorka Altbach, en descende, affirmant qu'il s'agit de sa secrétaire. Mais il ne peut éviter le massacre auquel il assiste impuissant. Josef Gabriel, le responsable des juifs à la Sicherheitspolizei, commande les policiers ivres qui procèdent aux exécutions. Un grand nombre des victimes, seulement blessées par les tueurs, sont enterrées vivantes. Des soldats, des civils, des policiers, des SS, des Ukrainiens et des Polonais assistent également à la boucherie. Sans intervenir.
La secrétaire de Berthold Beitz, Hilde Berger-Olsen, a raconté plus tard que celui-ci rentra au bureau pâle comme la mort, disant qu' un jour, le monde entier apprendrait que de telles choses s'étaient passées et que le peuple allemand tout entier paierait pour ces crimes. Berthold Beitz avait changé de camp. Très forte personnalité et, au physique comme au moral, copie conforme de l'idée que se faisaient les nazis du capitaine d'industrie germanique, il consacra son temps, avec le soutien de sa famille et de ses amis, à sauver des juifs au péril de sa vie. Ce n'était pas par antifascisme, ni un acte de résistance, dit-il par la suite. C'était tout simplement qu'il fallait se comporter comme un être humain. En juillet 1943, Beitz était encore le seul chef d'entreprise des Pétroles des Carpates à n'avoir pas donné un seul juif, «donné» signifiant la mort. Il géra aussi son groupe d'entreprises de manière à pouvoir y maintenir le plus grand nombre possible de juifs déclarés indispensables à l'industrie de guerre. En 1944, Beitz fut mobilisé dans la Wehrmacht. Ce qui le sauva peut- être de la Gestapo.

Un autre Allemand, dont l'action en faveur des juifs persécutés sous le régime hitlérien est peu connue hors d'Allemagne, s'appelle Berthold Beitz (ci-contre). Après la guerre, il devint directeur général des assurances Iduna à Hambourg, puis à partir de 1953, pendant plus de vingt ans, fondé de pouvoir de Krupp. Berthold Beitz, garçon d'origine modeste, fils d'un sous-officier des Uhlans, était devenu secrétaire de la filiale de la Reichsbank à Demnin en Poméranie. À 28 ans, en 1941, brillant économiste, il fut nommé directeur de la compagnie pétrolière Beskiden-Ol , ancienne filiale de la Shell.
Il avait sous ses ordres 1500 ouvriers, pour la plupart juifs. Son seul souci quand il arriva à son poste, était de faire carrière. À Borislav, en Galicie, le 15 février 1943, le Responsable des juifs et des camps de travail de l'état-major des SS, Friedrich Hildebrand, déclenche une opération d'extermination contre les ouvriers juifs parqués dans un ghetto, faisant abattre sur-le-champ tous les jeunes enfants, enfermant les autres dans le Collosseum, un cinéma. L'un d'eux, Aleksander Hauer, qui travaille avec Beitz, par vient à s'enfuir et alerte son patron. Beitz se rend aussitôt en voiture au Collosseum et obtient de la police la remise en liberté de quelques personnes, des proches parents de ses collaborateurs.

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Juifs dans le IIIe Reich