Battu par son père, recalé aux examens, incapable d’accomplir ses rêves d’artiste. De 1889 à
1913, les premières années d’Hitler n’expliquent pas tout. Mais elles auront forgé une personnalité qui sera marquée par les échecs et les déconvenues.
Hitler est fasciné par les abeilles : très jeune, son père l’initie à l’apiculture. Le jeune Adolf en tire de riches enseignements sur la sélection naturelle, la fumée pour endormir la ruche, la notion de territoire, le sacrifice des individus …
Cette formidable rigueur est pourtant inexistante dans sa propre famille.
Adolf Hitler concevra pour ses origines un tel dégoût, qu’une fois au pouvoir, il fera raser par ses panzers le village natal de son père.
Son enfance fascine et intrigue. Depuis que les
historiens cherchent des explications à la folie
nazie, elle a été souvent pointée du doigt. Les
racines du crime, ont souligné historiens et psychanalystes, se cachent forcément là où le Führer en culottes courtes fomentait déjà son sinistre dessein.
Certains événements de ses jeunes années sont relus comme des clés, d’où tout devait fatalement découler. Cette obsession à chercher la genèse dans la jeunesse, fut presque encouragée par Hitler lui-même, qui, dans son autobiographie Mein Kampf de 1924, démontre
qu’il est né pour diriger l’Allemagne. Ce livre est une pure construction de propagande, mais l’image qu’il véhicule d’un Hitler passionné de politique dès l’enfance a laissé des traces.
Or, que sait-on vraiment de son existence, de sa naissance dans ce qui est encore l’ Autriche-
Hongrie jusqu’à son départ pour l’Allemagne en 1913 ? Les sources sont éparses et douteuses. Hormis les récits biaisés d’Hitler lui-même, elles se limitent à quelques témoignages livrés des décennies après les faits et à de rares documents. Au final, dominent les zones ‘ombre, propices aux fantasmes et aux Interprétations.
Né le 20 avril 1889 à Braunau-am-Inn, bourgade austro-hongroise, Adolf est issu d ‘une généalogie complexe et scabreuse. Son père, Aloïs, né illégitime et reconnu tardivement comme le rejeton du meunier Johann Georg Hitler, serait en réalité le fils de son « oncle » qui est aussi le grand-père de sa femme, Klara Pölzl, la mère d’Hitler … Le père d’Adolf aurait donc convolé avec sa nièce: elle a 22 ans, lui 45. Au mieux ( et c’est la version officielle), les parents du futur dictateur sont cousins germains. Ces liens consanguins, sources
de tares mentales dans la famille du futur Führer, influenceront directement sa politique eugéniste : en 1940, il fera gazer sa propre cousine schizophrène, Aloisia Veit, avec 18 500 autres handicapés mentaux.
A cette confusion des origines s’ajoute le fait que Klara est aussi l’employée de maison d’Alois et d’une de ses maîtresses (qui sera aussi sa seconde épouse), avant de devenir sa troisième femme … Aloïs, coureur de jupons invétéré et douanier de profession, est donc le maître en uniforme brun des frontières de son pays comme de son foyer-un modèle à la fois admiré et haï par Adolf: en 1938, Hitler transformera le village natal de son père en champ de tir … Choyé par sa mère dont les trois précédents bébés sont morts de la diphtérie, « Adi », comme elle l’appelle, est un enfant turbulent et querelleur. Son père le mate à coups de canne, surtout quand il a abusé d’alcool. Klara le console et Adolf vénère cette femme au teint clair et aux yeux bleus.
Une certitude: Hitler n’a pas d’affection pour son père. Sa mort brutale en 1903, d’une crise cardiaque, le touche peu. Adolf Hitler a alors 14 ans et vit une adolescence difficile. En 1900, il a intégré le collège de Linz, à une heure à pied de chez lui Ses résultats ont chuté, il a redoublé
sa 6e et s’est renfermé socialement En 1923, suite au putsch raté de Munich, un professeur se souviendra de lui comme d’un garçon « doué, quoique d’un caractère buté. Il avait du mal à se maîtriser ou passait au moins pour récalcitrant, autoritaire« .
Adolf Hitler fête ses 18 ans. Deux ans avant, Il a
quitté le collège sans diplôme. Il le justifie dans
Mein Kampf par une maladie pulmonaire et un
désintérêt pour l’école. Depuis. Il végète à Linz.
logé et financé (chichement) par sa mère, choyé par sa sœur Paula et sa tante Johanna. Il flâne, lit, va au théâtre, prend des leçons de piano. Sa seule perspective est de devenir peintre.
Depuis l’adolescence, il se passionne pour Je dessin et la peinture, et veut en faire son métier. Tant que son père était là, c’était difficile, le vieil Alors voulant que son fils soit fonctionnaire.
Mais depuis sa mort, Hitler a le champ libre pour devenir te grand artiste qu’il s’imagine être. Sauf
que, confronté à ta réalité, ce rêve se change en cauchemar. A l’automne 1907, le jeune Adolf part à Vienne, à 180 kilomètres de Linz, pour passer l’examen d’entrée de la prestigieuse académie des Beaux-Arts. Sür de son talent, il n’y voit qu’une formalité.
En réalité, peu enclin au travail il n’est pas prêt. L’examen pratique lui est fatal: sa copie est jugée « insuffisante », et il ne fait pas partie des 20% d’admis, sur 113 candidats. Juste après, il apprend que sa mère, atteinte d’un cancer du sein, est condamnée. Elle s’éteint à Linz peu avant Noël 1907.
Contrairement à celui de son père, te décès de sa mère le terrasse de douleur. Cette femme soumise et dévouée le couva durant son enfance, et fut sans doute la seule personne qu’il a aimée. Jusqu’au bout, en 1945, il aura sur lui une photo d’elle.