Après deux violentes attaques que nous avons repoussées mais avec beaucoup de pertes, je retrouve mon cher camarade Sagnal.
Il était privé de connaissance.
Je m’empresse de lui
changer
son masque à gaz. Sagnal retrouve l’esprit, il arrache
son masque
et me dit : « Mon
vieux Théo, je suis fait » et au
même
moment il est
pris d’un violent vomissement ; le sang lui
sort
par
les oreilles,
le nez et à pleine bouche ; horrible
agonie.
Jamais
je ne pourrai
oublier.
Il ne voulait pas mourir et me disait
de le sauver ; il me parlait
de sa
chère maman, et puis il me disait
qu’il souffrait trop, de lui
donner
une grenade pour se faire sauter.
Je pleurais comme
un enfant et je
m’efforçais de le consoler. Le délire le prit et il se
croyait près de sa
fiancée et de ses parents. A ce
moment, les
boches, qui avaient
prononcé une forte attaque sur
notre droite,
occupée par des noirs,
réussirent à percer notre front. Je
me
précipitai à la contre-attaque
avec les camarades et je ne revis
plus mon pauvre Sagnal.