Sans un seul arrêt, quatre, cinq obus éclatent ensemble au même endroit ; la journée entière se
passe ainsi. Le sol tremble, les pierres et la terre volent en paquets, dégringolant, ricochant, de gros éclats viennent s’enfoncer à quelques centimètres
de moi ; j’ai mon sac pour protéger mes jambes,
une peau de bique et ma couverture, et je me fais
tout petit dans le coin de la cagna.
Sans arrêt,
d’énormes montagnes de fumée épaisse et noire
apparaissent, se tordent, glissent avec une odeur âcre, s’épanouissent, et d’autres les remplacent
avec des éclairs d’un rouge sale, écoeurant. Ce
sont des 150, des 210, des 250, des 305, des
380 ; le vacarme est tel qu’on ne peut résister
et qu’on s’endort !