Les baraques du camp de Pithiviers
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pithiviers-1942

Le 16 juillet 1942, j'avais onze ans.
Des inspecteurs sont venus nous chercher à la maison. Ils ont laissé ma mère. Elle ne figurait pas sur leur fiche. Mon père, mon frère et moi avons été emmenés dans un garage désaffecté dans le XVIII' arrondissement parisien. Des autobus sont venus nous chercher pour nous transporter au Vélodrome d'hiver. Je me souviens de gens qui marchaient. Beaucoup étaient malades. Il n'y avait pas de toilettes, c'était horrible. On était comme des agneaux qu'on mène à l'abattoir. On ne disait rien.
Après six jours, nous avons été transférés au camp de Pithiviers. Dès l'entrée, hommes d'un côté, femmes et enfants de l'autre, étaient séparés. On m'a laissée avec mon père et mon frère car, mes cheveux rasés, on ne voyait pas forcément que j'étais une fille. Nous dormions par terre sur la paille.
Mon père m'a dit qu'un gendarme pouvait nous libérer moyennant 25 000 francs. Il n'avait pas la somme... Le pire a été la séparation des mères et des enfants. Puis ils ont réuni tous ceux de mon âge.
On nous a demandé si nous avions des bijoux ou de l'argent, et ensuite fouillés.
Le jour même, comme 4 000 autres enfants venus de différents endroits, je partais pour Drancy. Dans le wagon à bestiaux, j'avais une gamelle de pommes de terre à l'eau. On ne se rendait pas compte. Personne ne parlait.

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