Le général Dumouriez mis hors la loi
Le 10 mars 1793 une émeute avait éclaté à Paris et les presses de quelques journaux girondins furent brisées. Une ultime tentative de réconciliation eut lieu deux jours après entre les chefs de la Gironde et de la Montagne.
Le parti pris par le général Dumouriez allait faire du bruit dans l'armée et à la Convention. Après sa défaite à Neerwinden devant les Autrichiens le 18 mars, le général fut cité à la barre de l'Assemblée le 30 mars, mais il préféra ne pas déférer aux ordres. Il joua même un bon tour à la Convention en livrant aux Autrichiens les quatre conventionnels chargés de l'arrêter, ainsi que le général Beurnonville, le ministre de la Guerre.
Le 3 avril 1793 il fut mis hors la loi ; le 5, il passa la frontière et se présenta aux avant-postes autrichiens, avec quelques officiers, dont Louis-Philippe, duc de Chartres, le futur roi des Français.
Son départ pour l'étranger, s'il lui assura la vie sauve, allait aggraver encore la situation de ses amis Girondins, dont l'influence avait été déterminante pour sa nomination comme ministre de la Guerre, en mars 1792.
L'épée renommée de ce brillant général aurait été pour eux un soutien et leur aurait peut-être permis de faire échec aux menées de leurs adversaires qui se déchaînaient de plus en plus contre eux.
A la suite de la création le 6 avril 1793 du Comité de Salut public, chargé de contrôler les décisions des ministres, Marat avait joint sa voix à celle de Robespierre pour dénoncer ce qu'ils appelaient de concert la contre-révolution. Le 10 avril l'Incorruptible prononça un violent réquisitoire contre Brissot et ses amis qui devaient, selon lui, être jugés par le Tribunal révolutionnaire.
La situation était devenue grave et il était de plus en plus question d'éliminer les députés qui n'avaient pas voté la mort du roi. Guadet prononca un discours très ferme qui fut suivi de la mise en accusation, le 12 avril, de Marat, qui était alors président du club des Jacobins. Mais il fut acquitté le 24 et libéré.
La rue de Paris hostile aux Girondins
Pour faire face à la surenchère égalitaire et répressive, il ne reste plus aux élus modérés que l'éloquence parlementaire. La rue de Paris leur est hostile; il leur reste la tribune de la Convention, où déclame, sans pareil, un orateur à l'organe puissant: Pierre Victurnien Vergniaud. Avocat à Bordeaux, premier élu des douze députés de la Gironde, dans la force de l'âge et beau, il fait de la tribune un piédestal où exercer son art oratoire. Adversaire de l'anarchie et des tribuns jacobins virulents, il loue les conquêtes de la liberté par la révolution, fragiles par essence.
« Nous pouvons bouleverser les empires par des victoires, lance-t-il, mais nous ne ferons de révolutions chez les peuples que par le spectacle de notre bonheur: »
Noble mais vain discours. Les ouvriers des faubourgs parisiens se font de plus en plus menaçants. La Gironde essaie de riposter en appelant tous les Français à s'unir derrière elle, mais l'Assemblée est à Paris, où l'on fait et défait les rois.