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Un métier dangereux

Les représentants
du peuple

Les représentants en mission ont fort à faire pour, d'un bout à l'autre du pays, soutenir les zones en état d'insurrection contre Paris ou enrayer l'offensive des coalisés.

Toujours se tenir sur ses gardes

reppresentant du peuple en 1794
Il y eut près de soixante représentants en activité jusqu'en 1796, date de leur suppression. Tous ne se conformèrent pas au modèle brossé par leur maître à penser. Ils se conduisaient certes comme Annibal, mais parfois comme Annibal à Capoue. Si Levasseur se contentait d'oeufs cuits sous la cendre, Merlin de Thionville aimait trop le jambon de Mayence et il ne parvint jamais à se disculper tout à fait d'avoir étalé dans ses missions un train de satrape.
Le représentant Richard, à Anvers, se vantait de voler, pour la République, la Descente de croix de Rubens. Il obéissait d'ailleurs aux directives du Comité de salut public qui entendait nourrir la guerre par la guerre et fit mettre en coupe réglée la Belgique et le Palatinat, mais d'autres volaient à titre personnel.
L'emploi de représentant du peuple paraissait si rentable qu'il y eut même quelques faux représentants. Escortés de gendarmes et munis de faux papiers, ils imposaient les populations pour leur compte, tel cet Étienne Thiri, fripon qui avait mis en réquisition à son usage une actrice de Nancy, et paya son imposture sur l'échafaud.
Ce n'était pas pourtant une situation de tout repos. Aux pouvoirs illimités correspondaient des responsabilités également illimitées. Sans cesse épié par son double, surveillé en outre par les agents secrets du Comité de salut public ou du ministère de la guerre, le représentant devait se tenir constamment sur ses gardes.
Plusieurs l'apprirent à leurs dépens, tels Dubois-Dubay qui avait répondu avec trop de courtoisie aux messages de Cobourg, ou Antiboul qui fut guillotiné pour s'être prêté à un interrogatoire des rebelles marseillais.
Certains aussi n'étaient nullement reçus avec les égards dus à leur rang : Romme et Prieur étaient incarcérés par les insurgés du Calvados, Barras et Fréron, malmenés à Brignoles, furent contraints de s'embarquer précipitamment pour Saint-Tropez.

Après la révolution

Quant aux super-représentants, ils furent victimes de leurs propres purges successives et leurs émules dégénérées eurent beaucoup de mal à traverser indemnes la réaction thermidorienne.
Le non moins cruel Hentz réussit à se terrer aux États-Unis.
Quelques-uns bénéficièrent de la loi d'amnistie du 26 octobre 1795 qui fut le cadeau d'adieu de la Convention, et plusieurs terminèrent agréablement leur carrière, comme l'évêque Massieu, régénérateur des Ardennes en retraite qui, après trois mariages successifs, finit bibliothécaire au Dépôt de la guerre.
Infortunés ou heureux, sages ou presque fous, leur succès les justifiait tous. Ils avaient bien répondu au mot d'ordre que leur adressait en 1794 le Comité de salut public : « Vous avez été envoyés pour déblayer l'aire de la liberté, pour ouvrir un large passage à la Révolution qui trouvait partout épars les tronçons de la monarchie et les débris du fédéralisme. »
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