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La mort de la princesse Lamballe

Les massacres
de septembre 1792

Cette aristocrate, lointaine parente du roi, avait été un temps très proche de Marie-Antoinette.
La Révolution avait de nouveau rapproché les deux femmes, la princesse se montrant d'une indéfectible fidélité envers la souveraine. Suite à la prise des Tuileries le I0 août 1792, elle avait été conduite à la prison du Temple, avec la famille royale. Mais quelques jours plus tard, on l'avait transférée à la force.

Les détails abondent sur la mort de la princesse Lamballe

mort de madame lamballe
Les détails abondent sur la mort tragique de Mme de Lamballe, mais ces détails présentent des divergences nombreuses. Voici un témoignage...
Venant de la rue Saint-Paul, je vis de nombreux curieux à l'entrée de la rue des Ballets, et j'appris qu'on massacrait à la Force. Le spectacle ne me tentait guère, mais il faut bien avoir vu quelque chose, en ces temps où il y a tant de choses à voir. Je me mêlai donc aux curieux, et tout doucement, en me glissant entre les groupes, je réussis à atteindre presque le haut de la rue. De l'endroit où je me trouvais, j'apercevais, au-dessus des têtes, l'entrée de la demeure du concierge de la prison, devant laquelle se tenaient des hommes armés de sabres et de piques. C'étaient évidemment les exécuteurs.
Une femme apparut, encadrée par deux hommes et suivie par un guichetier. J'entendis dire que c'était la princesse de Lamballe, l'amie de la malheureuse reine. Je ne l'avais jamais vue et je la croyais plus jolie.
Une scène rapide et atroce se déroula sous mes yeux.
En apercevant les corps étendus sur le sol, la princesse fit un geste d'horreur et recula vivement. Les deux hommes qui l'encadraient la saisirent chacun par un bras et lui parlèrent; elle répondit en faisant des gestes, mais je n'entendais pas les paroles.
Quelques-uns des exécuteurs s'étaient approchés du petit groupe et riaient, se moquant sans doute de la frayeur de la princesse. L'un d'eux la menaça de sa pique; elle recula, leva un bras comme pour se protéger. Les exécuteurs s'étaient écartés et je crus qu'ils allaient la laisser passer.
Je respirais, lorsque, tout à coup, deux de ces démons se placèrent devant elle et la frappèrent, l'un d'une pique, l'autre d'un sabre. Elle poussa un cri, tituba, porta une main sur sa poitrine, puis tomba sur un petit tas de cadavres, un peu à gauche de la porte, vers la rue des Ballets; elle essaya de se relever, mais elle reçut de nouveaux coups, ses bras s'agitèrent un moment, puis elle ne bougea plus. Les deux hommes qui l'accompagnaient n'avaient rien fait pour essayer d'empêcher ce meurtre.
J'ai su qu'après on lui avait coupé la tête, que son corps avait été mutilé, mais je n'ai pas vu cela, ayant profité d'une poussée de la foule pour quitter la rue des Ballets.

Seule une rumeur confuse monte du jardin

la famille royale au Temple en 1792
Le 3 septembre 1792, après le dîner, Marie-Antoinette et Louis XVI jouent au trictrac dans la chambre de la reine située au premier étage de la petite tour du Temple. Madame Royale et son frère, installés sur des tabourets en coeur, regardent jouer leurs parents. N'était la présence de deux officiers municipaux, le chapeau orné de plumes tricolores sur la tête, on pourrait se croire dans quelque intérieur bourgeois cher à Chardin.
Après les terribles journées du 20 juin et du 10 août, après les nuits d'angoisse des Tuileries et des Feuillants, Marie-Antoinette respire enfin... Protégée par une garde nombreuse, elle goûte un calme relatif. Elle ne risque plus de se réveiller en sursaut, son lit entouré d'assassins.
Quel nouveau danger peut-elle craindre? La seule peine inscrite dans la Constitution, n'est-ce pas la déchéance? Mais, avant tout, Marie-Antoinette se raccroche désespérément à la victoire autrichienne. En apprenant, de la bouche de ses geôliers, la prise de Verdun et la menace qui pèse sur Longwy, qu'elle a eu du mal à cacher son espoir! Ces défaites ont déclenché une grande agitation autour de la prison. On a tiré le canon d'alarme, le tocsin a sonné lugubrement...
Hier, Cléry, le valet de chambre du dauphin, a annoncé qu'il y avait du mourement dans Paris et que le peuple se partait aux prisons. Pendant le dîner, on a entendu encore battre le tambour et s'élever quelques cris du côté de la rue du Temple...
Maintenant, c'est le calme. Seule une rumeur confuse monte du jardin : sans doute les ouvriers qui construisent le mur qui doit enserrer la tour...

La tête de la princesse présentée à la reine

mort de madame lamballe
Soudain un cri perçant part de la petite salle à manger du rez-de-chaussée où Cléry et le ménage Tison, domestiques placés prés des détenus par la Commune, viennent de commencer leur repas. A peine quelques instants plus tard, Cléry apparaît dans la chambre, hagard, les yeux pleins d'épouvante...
Il regarde la reine et se tait. Il ne peut dire qu'il vient de voir au bout d'une pique, s'encadrant dans la fenêtre, la tête coupée de la princesse de Lamballe. Ses longs cheveux blonds, encore bouclés, flottaient.
Les commissaires de garde n'ont pu empêcher cette mascarade sanglante de venir brailler jusqu'au pied de la tour et réclamer la reine à la croisée... Au premier étage, l'un des municipaux a fermé les rideaux... Cléry ne pouvant toujours pas articuler un mot, Marie-Antoinette ignore ce qui se passe.
Les cris augmentent... D'autres municipaux apparaissent dans la pièce; ils sont livides. Marie-Antoinette, que l'angoisse étreint, demande ce qu'on lui cache. Il y a là un grand gaillard dont le sabre heurte les bergères « chenillées ». Marie-Antoinette le regarde... et l'homme, du ton le plus grossier, explique :
On veut vous cacher la tête de la Lamballe que l'on vous apportait pour vous faire voir comment le peuple se venge de ses tyrans. Je vous conseille de paraître...
Mais Marie-Antoinette n'a pas entendu la fin de la phrase... Glacée d'horreur, sans un cri, elle est tombée évanouie.
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