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Qui profite du divorce ?

Mariage et divorce pendant la révolution

Injuriées, délaissées, battues... les femmes, surtout, se réjouissent de la récente loi : le mariage n'est plus indissoluble.

Surtout les femmes... Evidemment !

divorce et mariage pendant la revolution
Massivement, ce sont les milieux urbains et, parmi eux, celui des artisans. Cabaretiers et perruquiers lyonnais divorcent ainsi beaucoup. La grande bourgeoisie le fait bien moins. Mais ce sont surtout les femmes qui profitent de cette libération, dans une proportion allant, selon les villes, de 60 à 70 % des intéressés.
Leurs demandes unilatérales de divorce pour incompatibilité d'humeur, ou leur dénonciation des violences ou de l'abandon de leur époux témoignent étoquemment de leur grave assujettissement conjugal sous l'Ancien Régime. D'où une véritable flambée de revendication d'autonomie féminine.
Mais la loi de 1792 a surtout défait, en un premier temps, des couples qui n'existaient plus depuis longtemps. Thérèse Dumoulin, épouse d'un perruquier, a divorcé, en 1793, après plus de quinze ans de mariage et près de quinze ans d'abandon. Le délai, analogue, avait été de quatorze ans pour Pierrette Perrayon, femme d'un tailleur.
Au milieu de récits féminins pudiques, il est facile de retracer l'histoire d'un véritable martyre où les femmes firent la triste et douloureuse expérience d'une entente impossible.
Ce fut le cas pour Claudine Mangard, mariée à 17 ans à un homme qui se mit bientôt « à proférer contre [elle] les injures les plus atroces » et pour Denise Clément, battue dès le lendemain de son mariage, enceinte au bout de dix-neuf mois, mettant au monde un enfant anormal et continuant, depuis, à subir le même type de violences et de grossesses.
Dans la bourgeoisie, Anne-Marie Villard, femme d'un négociant, le redoute tellement qu'elle n'ose partager sa couche que lorsque leur domestique est à leurs côtés. Travailleurs ou nantis transmettent à leurs compagnes leurs maux vénériens, qui sont un autre motif de divorce.
Après le divorce, les mères malheureuses en ménage ou abandonnées veulent conserver leurs enfants pour leur consolation. Il est vrai que leurs maris sont souvent partis en les leur laissant. Le cas des mères adultères et irresponsables est plus rare.

Réflexions d'un bon citoyen...

Réflexions d'un bon citoyen en faveur du divorce, adressées à l'Assemblée nationale

En invoquant la suprême législation en faveur du divorce, l'auteur de cette brochure ne prétend pas favoriser l'inconstance, ou la facilité d'aller de spéculation en spéculation. Il réclame un divorce légal, qui n'aurait lieu que dans certains cas déterminés par la loi : tels seraient l'adultère, la désertion malicieuse d'un des conjoints, les mauvais traitements, l'infamie encourue par quelques actions honteuses, l'incompatibilité bien prouvée des humeurs et des caractères. Alors les époux, dégagés de leurs liens, seraient libres d'en contracter de plus heureux, ou de le tenter, du moins... !
Mais voulez-vous rendre infiniment rares les causes du divorce ? changez vos usages, corrigez vos moeurs, et surtout rendez à l'époux la suprématie qu'il tient de la nature et qu'il a lâchement perdue en se soumettant avec bassesse à la variété perpétuelle que le caprice donne au caractère des femmes.
On ne saurait assez blâmer les maris français qui produisent leurs compagnes dans le monde ; elles s'y dégoûtent des soins paisibles et tranquilles du ménage ; elles sont environnées d'hommes séduisants, célibataires, désoeuvrés : et l'on veut qu'elles soient fidèles !
Un homme doit aimer, respecter son épouse ; supporter avec indulgence ses défauts : mais il doit être le maître. L'instant où la femme se croit l'égale du mari, est celui où la division se manifestera dans l'intérieur; dès lors plus de bonheur dans le ménage, parce que l'amitié des époux étant nulle, ils sont privés de ces soins réciproques qui adoucissent, dans tous les temps, les peines de la vie.
Au reste, rien ne serait plus propre à ramener les bonnes moeurs, la paix et le bonheur dans les ménages, que le divorce. Une femme qui aurait cette salutaire inquiétude, qui saurait que le déshonneur public serait attaché à l'expulsion de la maison de son époux, s'exposerait rarement à ce malheur. Elle aimerait ses devoirs, elle les remplirait, et se concilierait la tendresse de tout ce qui l'entoure...
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