A l'Ouest de la Meuse (article de l'illustration)
Une attaque allemande contre Haucourt
avait été repoussée le 4 avril. Une nouvelle
tentative se prolongea
toute la nuit sur le secteur compris
entre Avocourt et Béthincourt.
L'ennemi lança de très gros effectifs.
Les assauts contre Béthincourt
furent arrêtés par les feux des poilus,
malgré l'acharnement des bataillons
jetés sur le village. Au centre
de la ligne de combat, Haucourt
était plus violemment
attaqué.Au milieu de la nuit
l'ennemi parvenait à prendre pied
dans les ruines du village.
Du côté d'Avocourt, l'initiative
de la lutte revenait aux poilus. Les attaques reprirent vendredi avec
une fureur nouvelle. Un puissant
assaut fut tenté ; mais il suffit de
nos canons et de nos mitrailleuses
pour briser les masses ennemies. Pendant ce combat,
les obus allemands couvraient
le Mort-Homme et Cumières.
La tentative se renouvela dans
la nuit sur le même front; des attaques
répétées échouèrent.
Deux petits ouvrages nous furent
cependant enlevés.
Notre commandement prévoyait
la grande offensive qui allait
se déclencher le lendemain
dimanche, avec des moyens d'action
tels que l'ennemi escomptait
déjà le succès. Dans la nuit, le
saillant formé par Béthincourt
en avant de nos lignes était évacué
sans que les Allemands eussent
paru s'en douter.( ... ) Les
assaillants se présentèrent en
formations épaisses, offrant une
prise à nos rafales d'obus et de
balles de mitrailleuses. Après des
efforts aussi vains que répétés,
les Allemands durent se replier,
laissant le terrain couvert de centaines
de cadavres.
Ils subirent dans ce secteur
leurs pertes les plus importantes.
( ... ] La journée était donc un
échec pour l'ennemi. À la nuit,
une nouvelle attaque contre Le
Mort-Homme permit aux Allemands
de pénétrer sur une longueur
de 500 mètres dans notre
ligne la plus avancée, au prix de
lourdes pertes.
A l'Est de la Meuse (article de l'illustration)
Le 6 avril, un
bombardement intense était dirigé
sur nos lignes, prélude d'une
attaque d'infanterie que l'on attendait
très forte. Mais notre canon
intervint avec tant de précision
que l'ennemi ne se risqua
pas hors de ses abris. Il se tint
alors tranquille jusqu'au 9. [ ... ]
La bataille tentée à la Côte du
Poivre s'étendit alors jusqu'aux abords de Vaux ; nulle part l'ennemi
ne put déboucher.[ ... ]
L'ennemi n'avait pas renoncé
à enlever Douaumont, le bois de
la Caillette et les abords de Vaux.
Mardi, il reprenait le bombardement
avec une vigueur nouvelle,
faisant suivre la pluie d'obus
géants de furieuses rafales
d'obus lacrymogènes ou asphyxiants.
Supposant alors nos tranchées
abandonnées ou remplies seulement
de mourants, il lançait
une forte attaque, depuis Douaumont
jusqu'à Vaux. Quelques
boyaux furent envahis, mais une
contre-attaque immédiate chassait
les Allemands qui laissaient
entre nos mains une centaine de
prisonniers.
10 avril 1916. Célèbre ordre du jour du général Pétain. « Le 9 avril est une journée glorieuse pour nos armes. Les assauts furieux des soldats du Kronprinz ont été partout brisés. Fantassins, artilleurs, sapeurs, aviateurs de la 2e armée ont rivalisé d'héroïsme. Honneur à tous. Les Allemands attaqueront sans doute encore. Que chacun travaille et veille pour obtenir le même succès qu'hier. Courage, on les aura ! ».