L'artisanat dans les tranchées

Le repos du Poilu

Pour oublier un moment les horreurs de la guerre et supporter la vie misérable des tranchées, les poilus se distrayaient en s'occupant les mains. Tout un artisanat de tranchée est ainsi apparu à partir de 1915, d'abord utilitaire puis de plus en plus décoratif
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Je ne vous avais pas dit que j'étais bijoutier. Je me suis associé avec un vieux territorial du midi et nous faisons des bagues avec l'aluminium des boches. La maison fait des affaires. Depuis que nous sommes remontés des tranchées nous avons fait huit francs de recettes. Le vieux fait le plus gros, moi je les finis. J'en ai envoyé deux à Marthe. Nous faisons la spécialité pour femmes avec des coeurs, des trèfles à quatre feuilles, des grains d'orge ; nous avons le rayon des hommes avec des plaquettes et des écussons, nous faisons aussi des alliances et la chevalière... Maintenant, je réussis ces bagues assez bien, c'est une distraction, ça fait passer le temps et nous n'y perdons pas.
Il ont écrit
Témoignage d'un poilu du 2 juillet 1915

Les souvenirs de guerre

les souvenirs de guerre de 1914-1918
Les souvenirs de guerre les plus précieux, parce que parés du prix de l'effort et de la création personnelle, ne sont pourtant pas ceux qu'on prend et qu'on garde, mais ceux qu'on fabrique. Des tranchées était sorti un véritable artisanat de guerre. Les soldats fabriquaient, parfois pour les revendre à des permissionnaires de l'arrière-front qui se vanteraient ensuite d'en être les auteurs, toutes sortes de bijoux. La matière première en était fournie par les boutons d'uniforme allemand, les douilles et les ceintures d'obus et surtout leurs fusées. Sertisseurs de boutons, ciseleurs de bagues à initiales, marteleurs de cuivre et fondeurs d'aluminium, ils limaient des objets précieux à leur usage ou pour des copains moins doués qui, moyennant un litre de vin, pourraient les adresser à leurs promises ou leurs bonnes amies.
L'artisanat des tranchées inspira beaucoup d'horreurs, fabriquées à l'arrière par des récupérateurs sans scrupules. Il trouva du reste d'autres exutoires que les bijoux : briquets en mèche d'amadou fixée dans une gaine de cartouche éclairante, mouchoirs coupés dans les parachutes de soie des fusées, qu'on ramassait à la fin de leur vol papillonnant, douilles d'obus en cuivre promues par les artilleurs à l'usage de vases à fleurs, cannes sculptées dans le bois des forêts d'Argonne (ou d'ailleurs) par de patients terriens, faisant revivre l'art des anciens bergers.

Des objets généralement pas signés et peu personnalisés

L'artisanat dans les tranchées de la première guerre mondiale
La plupart du temps, le soldat fabrique néanmoins des objets fonctionnels pour son quotidien propre : meubles rudimentaires et aménagement de confort, instruments de musique, tabatières ou gourdes. Rapidement, la fabrication de bagues et de pendentifs se généralise dans tous les régiments. Beaucoup de soldats en font un petit commerce qui améliore leur ordinaire.
La production de souvenirs du front, envoyée ou rapportée aux familles à l'arrière, est surtout symbolique et décorative. Toujours en rapport avec la guerre, caricaturant parfois l'adversaire, elle se développe rapidement dans toutes les armées. Moyen de montrer son existence, de laisser un témoignage avant sa mort que l'on pense inéluctable, les objets ne sont pourtant généralement pas signés et peu personnalisés. Entre 1914 et 1918, ces souvenirs de guerre sont précieusement conservés dans les familles, devenant dans l'histoire des pays belligérants « trench art » ou « die Kunst aus dem Schützengraben ». Après la guerre, cette production de l'« artisanat de tranchée », pouvoir de fascination et d'émotion, se poursuivra de façon industrielle pendant plusieurs années dans les pays alliés, souvenir d'un conflit mais aussi d'une victoire.
Mes hommes trouvent mille petits moyens ingénieux pour se distraire ;
actuellement, la fabricatio de bague en aluminium fait fureur; ils les taillent dans des fusées d'obus, les boches fournissant ainsi la matière première « à l'oeil ! » Certains sont devenus très habiles et je porte moi-même une jolie bague parfaitement ciselée et gravée par un légionnaire
Il ont ecrit
Témoignage d'un poilu du 2 novembre 1914