Une foule grisée par le sang
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campagne d'Egypte de Napoleon

Trompées par le calme dont la population avait fait preuve jusque-là, les autorités françaises n'avaient pris aucune disposition pour prévenir une insurrection. Ce jour-là, soldats, officiers et savants circulaient paisiblement en ville pour se rendre à leur travail. Ces isolés tombèrent les premiers sous le couteau des égorgeurs. Puis la fureur publique se tourna contre les négociants européens. Leurs comptoirs furent saccagés, leurs caisses pillées et bon nombre d'entre eux sauvagement abattus. Après quoi les insurgés s'en prirent aux musulmans qui avaient fait montre de sentiments -favorables aux Français. Le vice-président du Diwan, le cheikh el-Sadate, appréhendé au moment où il cherchait à s'enfuir, fut rasé, revêtu de l'uniforme d'un soldat assassiné et vendu pour treize piastres au bazar le plus proche.
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napoleon en Egypte

A partir de ce moment, la foule se crut tout permis. Grisée par l'odeur du sang, elle se mit à ravager toutes les maisons occupées par des Français, que des agents provocateurs lui désignaient au passage. La première à subir ce sort fut celle de Caffarelli. Heureusement pour lui, le général était sorti de bon matin pour aller inspecter les défenses de l'île de Roudah, avec Bonaparte et l'état-major. Sa maison était donc quasi déserte au moment où la populace en enfonça les portes.
Deux ingénieurs des Ponts et Chaussées, Thévenot et Duval, rassemblèrent quelques hommes et se défendirent de leur mieux. Mais que pouvaient-ils faire contre cette masse hurlante et déchaînée ? Ils luttèrent pied à pied et finirent par se retrancher dans les combles de l'immeuble. Mais la foule ne tarda pas à les y rejoindre et les écharpa. Après quoi, ne voyant plus autour d'elle aucun être vivant, elle s'en prit aux instruments de physique et de mathématiques qui avaient été déposés chez Caffarelli,, en attendant de trouver place à l'Institut d'Egypte. Cette collection unique, et proprement irremplaçable, fut brisée en mille morceaux.
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M. Testevuide, le chef des ingénieurs géographes qui se rendait chez Caffarelli, fut interpellé dans la rue, reconnu et lynché. A cent mètres de là, le dessinateur Duperrès périt les armes à la main. L'ingénieur de La Roche fut laissé pour mort sur le pavé, avec une grave blessure à la tête.
Une heure plus tard, toute la ville était en état de révolte ouverte. Tous les postes militaires français qui assuraient le maintien de l'ordre dans les quartiers populeux avaient été égorgés. Pensant que plus rien ne s'opposerait à eux, plusieurs milliers d'émeutiers se précipitèrent vers le Trésor public, dans l'intention de le piller. Seule, la défense héroïque d'une douzaine de grenadiers de la 32e demi-brigade les fit reculer.
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La révolte du Caire