Médecin et maire socialiste
rideau
Petiot à son procès

René Nézondet, greffier de justice de paix à Villeneuve-sur-Yonne, qui se lie avec lui en 1924, évoquera la vitalité exubérante de Petiot. Mais aussi ses fureurs et ses désespoirs. Ce qui le frappe, c'est son rire : « Il riait comme on fait naufrage. »
Mais de plus en plus s'impose à Villeneuvesur-Yonne l'image du bon docteur Petiot. N'offre-t-il pas des consultations gratuites aux indigents? Ne vaccine-t-il pas les enfants sans se faire payer?
On le reçoit beaucoup. Presque chaque fois, ceux qui l'ont invité découvrent que quelque chose a disparu chez eux : un livre, une fourchette, un cendrier. Tout cela est sans valeur. Si Petiot vole, c'est pour le principe.
Il est célibataire. Bientôt on se redit, avec le clin d'oeil de rigueur, qu'il vient d'engager comme servante une belle fille d'un peu plus de vingt ans, Louisette. Aucun doute, Louisette est la maîtresse du docteur. A ce point d'ailleurs qu'elle se trouve enceinte. « Je vais arranger ça », dit le docteur Petiot. A quelques jours de là, Louisette disparaît. A ceux qui s'enquièrent, Petiot répond sur un ton léger qu'elle est partie et que sûrement on ne la reverra jamais. Pourquoi, à Villeneuvesur-Yonne, commence-t-on à chuchoter que Petiot a tué Louisette? Ce qui est indiscutable, c'est qu'il a éprouvé le besoin, en quelques heures, de cimenter le sol de son garage. Pour dissimuler une fosse creusée dans la terre?

le jeune petiot

Personne ne parlera plus de Louisette. Personne non plus ne la reverra. C'est le temps où Petiot décide de faire de la politique. A René Nézondet, il déclare :
— Dans la vie, pour réussir, il faut posséder la fortune, ou une situation élevée. Il faut pouvoir dominer ceux qui sont passibles de vous causer des tracas et leur imposer votre volonté.
Sur cette lancée, il se présente aux élections municipales, sous l'étiquette socialiste. Avec 800 voix sur 1 000, il est élu. Il a vingt-huit ans.
Il va se marier avec une fille charmante, Georgette Lablais — vingt-trois ans — la fille d'un ancien charcutier d'Auxerre, qui a réussi dans la restauration à Paris et qui, rue de Bourgogne, rassemble une clientèle de députés fidèles. Circonstance précieuse pour un homme comme Petiot qui se pique de politique. Chaque fois désormais qu'il se rendra à Paris, il retrouvera des députés, voire des ministres, dans le restaurant de son beau-père.
Il a à peine trente ans lorsqu'il est élu maire. Belle ascension.

anecdote
accueil
Accueil
Marcel Petiot