Les seuls détails vestimentaires auxquels il s'intéressait tout particulièrement étaient les chaussures et les gants. Les premiers temps, il y avait aussi les chapeaux : Benito était célèbre pour les couvre-chefs originaux qu'il arborait et qui bien souvent n'avaient aucun rapport avec le reste de son habillement. C'était sa touche personnelle qu'il apportait, sa réaction personnelle contre les règles établies. Il pouvait ainsi sortir avec un chapeau melon sur une tenue de cheval ou un béret basque sur un costume sombre, avec col dur. Mais, au fil des ans, il était devenu plus respectueux des conventions, et les chapeaux qui amusaient tant les enfants furent désormais réservés aux vacances à Rocca delle Caminate.
A propos des vêtements et des soins corporels de mon mari, je dois révéler quelques anecdotes et quelques détails intimes pour respecter la règle du jeu et avoir vraiment un Mussolini sans masque.
D'abord les vêtements : mon mari n'a jamais prêté attention à ce qu'il mettait. C'était Irma qui avait la haute main dans ce domaine. Le secrétariat particulier de Benito lui communiquait chaque soir la liste des entretiens qu'il avait le lendemain et des manifestations auxquelles il devait assister, ainsi que l'uniforme, les décorations et les habits civils qu'il devait porter pour la circonstance. Si Irma s'était trompée un jour, il aurait pu aussi bien se rendre à une cérémonie militaire en costume sombre ou recevoir une personnalité étrangère en uniforme, ce qui n'aurait pas manqué de faire sensation. Mais Benito comme moi-même avions entière confiance en elle et nous n'eûmes jamais à le regretter. Que de fois parlons-nous encore maintenant des sueurs froides qu'elle avait quand elle devait choisir entre les cinquante uniformes et habits de cérémonie que possédait mon mari.