Louis XIV à table
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Louis XIV à Table
Louis 14 à table
Il n'y avait plus après cela qu'à se coucher, mais le roi se sentait le ventre creux et, dans la crainte de défaillir d'inanition
durant la nuit, il faisait mettre à sa portée un en-cas composé de huit oeufs durs, d'une poularde, de trois pains et de deux bouteilles de vin...
Certes, Louis XIV « en laissait », puisque les restes étaient revendus, mais la princesse Palatine n'en vit pas moins son royal beau-frère ingurgiter à lui tout seul quatre pleines assiettes de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, un grand compotier de salade, deux grandes tranches de jambon, du mouton au jus et à l'ail, une assiette de pâtisserie, sans préjudice de fruits et de quelques oeufs durs...

Voulez-vous savoir ce qu'on lui présentait — et qu'il mangeait en partie ?
Potages. — Bisque de pigeonneaux. Potage de tortue. Potage de poulets garnis d'asperges. Potage de mouton frit aux navets. Premier Service. — Poulets d'Inde à la framboise. Queue de mouton aux figues. Sarcelles au ragoût. Cochon à la dombe et au safran. Cuisses de chevreuil. Pâté de chapon désossé et musqué. Poupeton (ris de veau, asperges, champignons, artichauts, crêtes de coq et hachis de boeuf).
Deuxième Service. — Hérons. Faisans. Gélinotte. Faon de biche. Porc privé (?). Oyson. Perdreaux. Filets de chevreuil. Dos de sanglier.
Pour nous, le mot entremets éveille l'idée de quelques crèmes ou soufflés... Voici les entremets du roi :
Oreilles et pieds de veau. Langue et oreilles de cerf. Foie de chevreuil. Gelée de corne de cerf. Tétine de vache. Beignets de moelle. Pâtés de citrons. Tortue. Champignons à l'olivier.
Desserts. — Pâtisseries. Tourtes au musc. Confitures aux parfums. Cerveaux (?) à l'eau de rose. Pralines. Crème à l'ambre.
Et le soir, le roi parvenait à souper et à faire un choix copieux parmi deux chapons vieux, douze pigeons de volière, une perdrix
au parmesan, quatre autres pigeons, six poulets, huit livres de veau, trois poulets gras, un faisan, trois perdrix, deux poulardes, quatre hétoudeaux (jeunes poulets), neuf poulets, huit pigeons encore, quatre tourtes...
Louis XIV jugea sans doute qu'il n'était pas assez nourri, qu'on ne lui donnait pas assez à manger, puisqu'une note indique qu'il
fallait ajouter deux autres entrées : quatre perdrix sauce espagnole et deux poulets gras en pâtes grillées ; le rôt fut également renforcé de deux petits plats, l'un composé d'un chapon, de deux bécasses et de deux sarcelles, l'autre comportant simplement cinq perdrix.

Vers midi, dans les salons et la Galerie de Versailles, on ne rencontrait que des gens se hâtant vers les appartements de Sa Majesté : ils allaient voir dîner le roi-soleil ! C'était assurément là un spectacle peu ordinaire ! Imaginez Louis XIV assis, seul, devant sa petite table carrée où étincellent argenterie et cristaux. Point de fourchettes. Elles ont été inventées, mais le roi préfère ses doigts... Le pain se trouve enveloppé dans une serviette que l'on peut plier de vingt-cinq manières différentes. Certaines imitent même un animal — brochet, lapin ou chien.
Trois cent vingt-quatre personnes se sont affairées autour du repas que l'on va porter au royal édenté — le roi-soleil ne possédait plus que quelques chicots — depuis le Grand Commun jusqu'à la chambre du souverain. Tout à coup, on entend venir de loin les fifres et les tambours annonçant l'approche de la Viande du Roi; précédé par deux gardes et un huissier, le premier maître d'hôtel s'avance à la tête de douze maîtres, le bâton d'argent doré à la main, et de trente-six gentilshommes-servants, tranchants, panetiers, échansons, contrôleurs, écuyers de cuisine, garde-vaisselles...
Pas plus que la présence de toute la Cour, qui assistait le ventre creux au repas, ce cortège ne coupait le solide appétit du roi.

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La journée de Louis XIV