Si le réveille-matin remonte au moins au XVIe siècle, le métier de réveilleur est lui bien plus ancien, pratiqué de longue date dans les cloîtres ou dans les villes. Il était encore largement en usage au milieu du XIXe siècle à Paris, en particulier auprès des professionnels des Halles qui ne pouvaient patienter jusqu'au chant du coq pour se lever : « La réveilleuse, qui passe toutes les nuits à parcourir en tous sens les quartiers de Paris pour aller réveiller les marchands, les forts, les porteurs et les acheteurs de la halle, n'a que dix centimes par personne et par nuit.
Souvent il lui faut héler sa pratique pendant un quart d'heure avant d'en recevoir une réponse. Pour peu qu'un coup de picton de trop se soit égaré dans le gosier de l'abonné, il s'endort la tête lourde ; la pauvre réveilleuse est obligée de monter trois ou quatre étages pour l'arracher aux douceurs du lit. Elle est reçue par des grognements, des bourrades.
Rien ne l'émeut : elle a sa conscience pour elle ; elle sent qu'elle fait son devoir, et elle sourit encore à ceux qui l'injurient, persuadée que le lendemain ils la remercieront de son insistance.