13 règles, pour être un bon avocat en 1900
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avocat à la belle époque

Comment plaider?
Il est treize règles, qu'il faut savoir scrupuleusement appliquer pour être un bon avocat. Maxime Halbrand les détaille avec un brin de malice.
1 — Que l'avocat soit d'une prestance imposante et d'une taille bien proportionnée, de manière à s'offrir avec avantage aux yeux des magistrats et de l'auditoire.
2 — Que sa physionomie soit ouverte, franche, affable et débonnaire, et forme d'avance une espèce de recommandation.
3 — Qu'il n'affecte pas, dans l'habitude de sa personne, une assurance présomptueuse; au contraire qu'il provoque la faveur de l'intérêt de l'auditoire par une apparence de modestie et de réserve.
4 — Qu'il n'ait rien de farouche ni d'irrégulier dans les yeux et le regard.
5 — Que sa pose devant les magistrats soit décente et respectueuse, et que sa mise ne laisse voir ni recherche, ni négligence.
6 — Qu'en parlant il s'abstienne de décomposer les traits de son visage par des contorsions de sa bouche et de ses lèvres.
7 — Qu'il évite les grands éclats de voix glapissante.
8 — Qu'il sache régler ses intonations, de manière à les tenir à une égale distance du grave et de l'aigu; que sa voix soit pleine et sonore et offre la qualité d'un beau médium.
9 — Qu'en déclamant, il s'attache à une exacte prononciation.
10 — Qu'il observe de ne pas trop hausser la voix ni de la déprimer.
11 — Qu'il ait soin de tenir son style en harmonie avec le sujet qu'il traite, et qu'il évite le ridicule de mettre de l'emphase oratoire à des objets de modique importance.
12 — Qu'il se garde de donner à sa tête et à ses pieds une agitation déplacée.
13 — Enfin, que ses mouvements soient combinés et appropriés au discours, en évitant avec soin une gesticulation désordonnée et triviale.
S'il fallait pour plaider, réunir toutes ces qualités là, il n'y aurait pas à Paris et même ailleurs, beaucoup d'avocats.

MAXIME HALBRAN")
Le Palais de Justice de Paris
Paris, 1892.

plaidoirie d'un avocat

Divers comportements d'avocats au début du siècle...
Il y a quelques années, un avocat était si petit, qu'un Président le voyant plaider, lui clamait de très bonne foi : « Levez-vous Maître, on ne plaide pas assis. »
Il y a les avocats qui plaident les mains dans les poches , ceux qui, peu à peu, au courant de la plaidoirie, viennent s'accouder sur le bureau du Tribunal et faire la conversation; ceux dont les bras, implorant sans cesse le plafond, jaillissent de manches retombées; ceux qui pleurent et se frappent une poitrine sonore; ceux qui éparpillent leurs notes de plaidoirie et font courir les huissiers, à quatre pattes, après les feuilles volantes; ceux qui mugissent à grosses gouttes; ceux qui péniblement ânonnent, d'une voix trouble, d'interminables observations qui ne devraient durer que cinq minutes; ceux qui cinquante fois répètent : « C'est mon dernier mot » ; ceux qui s'assimilent à leur client en s'écriant : « Non, messieurs, nous n'avons pas trompé notre mari, nous sommes une honnête femme »; ceux qui bredouillent; ceux qui zézayent; ceux qui glapissent; ceux qui ont toujours à la bouche cette brève formule : « Le raisonnement de mon adversaire est absurde »; ceux qui postillonnent en parlant; ceux qui sont poussifs; ceux qui s'interrompent pour cracher, soit discrètement dans le mouchoir, soit avec bruit, aux grandes distances, soit par terre ou sur leur souliers après avoir reniflé et remonté leur col.

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