Dans le cas de Louis XIII, atteint lui aussi de tuberculose, la médecine ne peut avoir que très mauvaise conscience. Même si elle fut un long moment représenté auprès de lui par l’excellent Hérouard, grand hygiéniste avant la lettre, la médecine ne fut pas, compte tenu des connaissances de l’époque, à même de traiter convenablement la tuberculose que Louis XIII traîna durant une bonne vingtaine d’années. En revanche, elle fut tout à fait capable de le martyriser sa vie durant pour finir par le tuer.
Louis XIII est constamment fâché
Colérique, excessif, cyclothymique (maniaco-dépressif), diraient aujourd’hui les psys. Son médecin personnel, jean Héroard, tient un journal quotidien des faits et gestes du Dauphin depuis son premier cri, « Grande colère, colère prompte, colère froide, colère extrême, étrange colère, colère furieuse, en furie, outré, crevant de colère«
Au total, 132 épisodes de rage sont comptabilisés dans le journal jusqu’à la huitième année du petit prince. Ceux-ci seraient liés à son état de santé.
Si depuis son enfance, Louis XIII s’était habitué à masquer ses sentiments, il n’en demeurait pas moins très sensible et la moindre émotion un peu forte le plongeait dans des épisodes dépressifs dont sa fatigue physique accentuait l’intensité et la durée. « L’esprit de Votre Majesté domine si absolument son corps, lui écrivit un jour le cardinal de Richelieu, que la moindre de ses passions trouble toute l’économie de sa personne ». Louis, XIII s’en rendait parfaitement compte, au moins autant qu’i était conscient de la place qu’il occupait au sommet de l’Etat. Le « c’est assez que c’est moi qui le veut » dont il accompagne parfois une décision, confirme qu’il sait en prendre et qu’il n’a sur ce point rien à envier, ni à son père, ni à son fils. Mais la fatigue et non « la mélancolie » survient vite, ne lui laissant « aucun talent pour les affaires de longue haleine », mais aiguisant chez lui son souci de s’appuyer sur un délégué, tout en suivant de près les affaires. Ce fut Luynes, ce sera Richelieu, auquel aurait succédé le cardinal de Mazarin si le roi n’était pas mort peu après Richelieu.
La tuberculose du monarque semble avoir débuté en 1622 durant la campagne de Languedoc, évoluant à bas bruit avec deux pointes en 1627 et 1630.
Tant que sa santé sera, sous l’oeil d’Hérouard les choses iront tant bien que mal. Hérouard mort et Bouvart ayant pris sa place, les remèdes vont tomber sur le souverain en ordre si serré et par vagues tellement répétées (quelque 215 lavements en moins d’un an) que Louis XIII, tout roi qu’il est, succombe là où aucun malade n’aurait réchappé. La tuberculose toute seule aurait sans doute eu le même effet, mais moins rapidement.
La France aurait peut-être fait l’économie de la Fronde, mais parallèlement l’oeuvre de Molière eût été moins riche, car c’est de ce moment que débute cette folie des drogues, grande tueuse durant au moins un siècle.