Lorsque Jacqueline épouse John, il est un grand malade qui ne doit sa survie qu’a la cortisone découverte quatre ans plus tôt. Douleurs, fièvre, pertes de connaissance: les symptômes de la maladie d’Addi son. C’était alors une affection mortelle et, pour lui, chaque seconde vaut une vie.
Cette obligation de jouissance, l’Amérique des années 1950 va la prendre pour un formidable signe de vitalité.
Jeune, riche, beau, sexy. Kennedy paraît tout sauf malade quand il succède, en novembre 1960, au cardio-vasculaire général Eisenhower. Cependant, depuis bien des années avant d’être président des États-Unis, Kennedy souffre de malaises graves avec chute de la pression sanguine. En 1948, les médecins diagnostiquent une maladie d’Addison, c’est-à-dire une atrophie des glandes surrénales, glandes spécifiques de la résistance au stress et sans lesquelles la vie n’est pas possible. Mais Kennedy a beaucoup de chance : jusqu’en 1950 le traitement de cette maladie était insuffisant. Touché plus tôt, il ne s’en tirait pas.
Avec la découverte de la cortisone, c’est la guérison assurée… à condition de prendre chaque jour un comprimé, comme le diabétique prend de l’insuline ou des antidiabétiques. Mais John Kennedy craint que le public sache que sa vie dépend de la chimie, et il interdit qu’on parle de sa maladie, considérée comme secret d’État. Il met alors l’accent sur des douleurs à la colonne vertébrale, conséquences d’un accident de football américain pour les uns ou de sa guerre dans le Pacifique pour les autres.
Partant du principe que pour battre son adversaire il faut en connaître les faiblesses, le KGB, les services de renseignements soviétiques, à une époque où la guerre froide fait rage, a établi des fiches sur Kennedy. La réciproque est vraie concernant la CIA, les espions américains enquêtant sur Khrouchtchev, le chef de l’État soviétique. Ce dernier, sur la foi des rapports du KGB, jauge mal Kennedy lors de la rencontre à Vienne en juin 1961. Il croit pouvoir poursuivre la partie de poker en déployant des missiles sur les côtes de Cuba, face à la Floride. Il pense que Kennedy, affaiblit politiquement et physiquement, ne réagira pas. On connaît la suite.
En fait, Kennedy avait besoin non seulement de la cortisone, mais aussi de dopants : il se faisait injecter des amphétamines, comme avant lui Hitler et le Premier ministre anglais Anthony Eden… Mais finalement, c’est la carabine de Lee Harvey Oswald qui, le 22 novembre 1963, mettra fin à ses jours.