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Les métiers oubliés...

Le rémouleur

Comment vivaient
nos ancêtres

Artisan ambulant qui passait régulièrement dans les villages pour affûter les instruments domestiques tranchants.
Il donnait du mordant à sa meule en la griffant régulièrement avec une molette.

Le rémouleur ou repasseur

Le rémouleur en 1900
Le rémouleur fait partie des professions dites "gagne-petit". Il jouit cependant d'une excellente réputation parmi la communauté des ambulants. On lui reconnaît volontiers les qualités d'honnêteté et de moralité. Il est en outre toujours gai et possède une multitude d'anecdotes glanées çà et là. Son arrivée dans un village est toujours attendue et la gerbe d'étincelles qu'il fait jaillir en aiguisant ses lames fait figure d'attraction.
Le rémouleur ou repasseur, (le verbe repasser étant un vieux synonyme d'aiguiser), parcourt les villes et ne manque pas de se rendre sur les foires et les marchés. Il installe devant lui tout son attirail et s'annonce d'une voie claire : "Couteaux, ciseaux à r'passer !"
Il possède parfois un cheval qui tire sa meule posée sur une sorte de brouette, mais bien souvent c'est lui-même qui se charge de la pousser. Il a toujours à portée de main une réserve d'eau pour rendre l'affilage plus facile et presse une planchette en bois avec son pied qui actionne la meule. Le rémouleur ne travaille que sur les lames déjà usées et ne peut s'installer à demeure dans une échoppe : ces privilèges sont réservés à l'émouleur. Il s'équipe aussi parfois d'un étau pour affûter les scies ou d'un marteau pour redresser les lames et n'hésite pas à vendre de menus objets comme des lunettes ou des ciseaux. Il est souvent accompagné de sa femme et forme avec elle une bonne équipe : monsieur affûte pendant que madame effile et fait briller toutes les lames du ménage : couteaux, ciseaux et autres outils tranchants.

Couteaux, ciseaux et rasoirs

Couteaux, ciseaux, rasoirs, le rémouleur en 1900
Celui qui passait dans mon quartier se prénommait Victor. Il s'était confectionné une « rémoulette » plus légère, montée sur deux roues de bicyclette, donc plus facile à déplacer. Mais sans abri. L'homme, qui était âgé, s'arrangeait pour travailler à l'ombre pendant l'été et l'hiver sous un porche. Le boulot ne leur manquait pas : toutes les lames avaient périodiquement besoin d'un affûtage et peu de gens disposaient chez eux d'une petite meule à manivelle.
Quand, dans la rue, on entendait la psalmodie « Couteaux ! Ciseaux ! Rasoirs ! V'là l'rémouleur ! Couteaux ! Ciseaux ! Rasoirs ! », des portes s'entrebâillaient, des fenêtres s'ouvraient. Il s'arrêtait, regardait, discutait un prix mais ne calait sa « rémoulette » que lorsqu'il était sûr d'avoir trouvé client. Le boucher en était un bon : couteaux, couperets, hachoirs s'émoussaient vite ; or ils devaient toujours couper et trancher net, surtout sous les yeux de la clientèle...
Victor retroussait ses manches, ajustait sa sandale avant de la poser sur la pédale. Bientôt, la petite meule se mettait à tourner, prenait de la vitesse et, au contact de la lame, lançait des étincelles. Zzz... Zzz...
Gare aux tympans fragiles : le crissement de l'acier sur le grès s'entendait de toute la rue.
Le boucher servi, arrivait la tenancière du petit restaurant : elle n'aimait pas que ses
clients aient l'air de trouver le steak dur ! Puis, c'étaient la mercière, une couturière ou une simple ménagère qui apportaient leurs paires de ciseaux. Un petit vieux qui tendait son rasoir et qui recommandait :
Il a besoin d'un affût. J'ai les poils durs. Mon gars m'en a proposé un mécanique,
à lame de rechange. Mais moi je n'aime pas la mécanique et je reste fidèle à mon vieux « sabre ». Tâche d'en avoir soin. Ne te trompe pas de meule !
Soyez sûr : il rasera doux.

Le dernier client servi, la « rémoulette » libérée de ses cales et de ses chambrières, Victor repartait, reprenant : « Couteaux ! Ciseaux ! Rasoirs ! V'là l'rémouleur !... » Quand personne ne répondait à son cri, quand ni portes ni fenêtres ne s'ouvraient, il se risquait à tirer les sonnettes. Mais il s'entendait répondre :
Non, merci !
Non, rien !
A présent, j'ai un Gillette.
On n'a plus que de l'inoxydable : ça ne se repasse pas !

Il ne se décourageait pas pour autant. Il changeait de rue. Tout simplement. Mais il pensait qu'un jour, peut-être pas très lointain, plus personne n'aurait besoin de lui...

La maraude au quotidien

le rémouleur d'autrefois
Le rémouleur d'autrefois se déplaçait quelquefois en famille. Sur le chemin qui menait d'un village à l'autre, tandis que l'homme se rompait les reins à tirer la voiturette, la femme transportait le pauvre fourniment ménager et la bâche sous laquelle, la nuit, se serrait la tribu. Les enfants, quant à eux, dérobaient les légumes dans les jardins, les fruits dans les vergers, les oeufs dans les poulaillers, au hasard des aubaines qui se présentaient à portée de menotte. Il était clair que ces gagne-petit ramassaient plus en chapardant qu'en tournant la meule.
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