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Etat de santé de Rommel
et quelques autres
chefs militaires

Ces malades
qui nous gouvernent

Au cours des deux récentes guerres mondiales, l'état de santé des chefs militaires a été souvent déterminant au point que Winston Churchill a pu écrire : « Il y va du sort de l'Etat que de connaître l'état de santé des chefs militaires. » En 1918, l'armistice a été demandé principalement par Ludendorff souffrant d'une affection thyroïdienne ; en 1940, les armées françaises étaient commandées par un généralissime malade... Au moment où le maréchal Montgomery lance son offensive victorieuse à El-Alamein, le maréchal Rommel soigne les séquelles d'une grave maladie de foie en Allemagne...

Première guerre mondiale

Ludendorff
Au cours de la Première Guerre mondiale, le problème de la santé des grands chefs militaires a joué un rôle important dont il n'a pas été tenu compte dans les ouvrages historiques mais qu'on découvre seulement aujourd'hui non sans surprise. Un auteur anglais s'est penché sur ce problème et a démontré que les postes de commandant en chef de la marine britannique ont souvent été occupés par des hommes trop âgés et malades au point qu'il n'hésite pas à déclarer que le désastre des Dardanelles en 1915 est dû partiellement à l'état de fatigue de l'amiral Fisher qui a fait une brusque dépression. L'amiral Jellicoe souffrait de divers maux avant la bataille du Jutland en 1916. Chez l'adversaire allemand, la situation médicale des grands chefs n'était guère meilleure : l'amiral allemand von Pohl mourut en 1916 des suites d'un cancer intestinal. Sur le front anglais, les généraux Haig et French n'étaient pas dans leur meilleure condition physique, le premier souffrant de graves crises d'asthme, le second ayant fait un infarctus du myocarde.
Sur le front allemand, le général von Moltke souffrait d'une affection rénale tandis que le général von Bülow souffrait d'une nervosité et d'une irritabilité provoquées par un goitre toxique. Sur le front français, le général Gallieni rendu célèbre par la réquisition des taxis parisiens pour la bataille de la Marne tenait encore le coup malgré un cancer de la prostate dont il devait mourir le 27 mai 1916. En Autriche le général Alfred Redl, se suicida en 1913 probablement à la suite d'une affaire de chantage homosexuel l'ayant conduit à espionner pour les Russes. A l'autopsie de cet officier, on trouva un musée pathologique : méningite, inflammation chronique de l'aorte, thyroïde dégénérée, tumeur dans la glande surrénale, kystes dans le foie, calculs dans la vessie. La syphilis était-elle en cause pour l'atteinte des méninges et de l'aorte ? Quel rôle Redl joua-t-il dans la genèse des premières défaites de l'armée autrichienne devant les troupes russes tsaristes ?
Une attaque du général Nivelle en 1917 se termina par un désastre complet : 34 000 morts en dix jours, 90 000 blessés et 20 000 disparus ; il en résulta des troubles et des mutineries. Que s'était-il passé ? Le général Nivelle et son état-major étaient complètement dominés par un excellent officier, le colonel d'Alenson, qui, se mourant d'une tuberculose pulmonaire et sentant sa fin proche, dans un mouvement d'exaltation persuada ses chefs de la nécessité d'une offensive contre les Allemands. Il mourut quelques semaines plus tard.
Sur le front italien la défaite de Caporetto reste une tache pour les Italiens. Il apparaît que la retraite italienne avait été suggérée au commandant en chef Cadorna par un général malade, Capello, qui fut absent de son poste pendant seize jours...
Enfin sur le front allemand, il faut s'attarder quelque peu sur la personnalité étrange du général Ludendorff (photo-haut à droite) surtout connu pour son offensive victorieuse avec Hindenburg sur le front oriental contre les Russes à Tannenberg. L'attitude psychologique de Ludendorff fut caractérisée pendant la bataille par des accès d'émotivité, de nervosité, de perte de contrôle de ses nerfs. En 1918, les défaites succédaient aux défaites et Ludendorff se querellait publiquement avec Hindenburg. Perdant la tête, Ludendorff recommanda précipitamment de signer l'armistice et fut remis aux bons soins des psychiatres après qu'il eut démissionné le 26 octobre 1918. Après avoir subi un traitement médical, Ludendorff s'associa à Hitler et milita longtemps dans le mouvement nazi.
C'est en 1926 seulement, soit huit ans après la fin de la guerre, qu'on comprit ce qui s'était passé. Ludendorff consulta le célèbre chirurgien allemand Sauerbruch qui découvrit la présence d'un goitre toxique, expliquant du coup l'agitation du général, son hyperactivité confondue avec un état hypomaniaque, ses tensions nerveuses, son état d'épuisement physique. Ludendorff a peut-être raison quand il affirme que si l'extraction chirurgicale de la thyroïde avait été faite plus tôt, l'Allemagne aurait probablement gagné la guerre contre les Alliés...

La seconde guerre mondiale

Rommel
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est certain que des conceptions stratégiques erronées et des exécutions tactiques discutables ont été la conséquence de moments de dépression, de fatigue intense ou même de maladies. L'armée britannique tira vaguement les conséquences des expériences faites au cours de la Première Guerre mondiale en fixant l'âge limite des généraux à soixante ans au lieu de soixante-cinq ans. Mais ce sont souvent de jeunes généraux qui eurent des défaillances en mai 1940 ou lors de l'évacuation de Dunkerque.
Au cours de la drôle de guerre 1939-1940 terminée tragiquement par la défaite des Alliés en juin 1940, on pense que la neuro-syphilis du général Gamelin a pu jouer un rôle déterminant par une altération du jugement et du pouvoir de synthèse d'un homme connu auparavant pour ses capacités intellectuelles. Plusieurs rapports signalent l'état de stupeur de Gamelin au cours de visites à des chefs de groupes d'armées; son remplacement s'imposait mais Weygand était-il homme assez jeune et assez énergique pour se battre ? Gamelin accusa le général Georges d'avoir subi les conséquences de blessures reçues au cours de l'attentat de 1934 contre le roi de Yougoslavie. Il est vrai que d'autres témoignages confirment la mauvaise impression faite par le général Georges sur divers chefs, notamment les généraux anglais Spears et Alanbrooke qui le trouvent pâle, hagard, défait.
L'amiral Dudley Pound, premier amiral de la flotte anglaise, a soixante-deux ans lors de sa nomination en juillet 1939 ; Trois ans après sa nomination, Dudley Pound fait une très mauvaise impression sur Alanbrooke qui vient de prendre possession de son poste de chef d'état-major impérial : il remarque qu'on ne peut pas collaborer avec lui car... il dort les trois quarts du temps ! Et pourtant Dudley Pound reste en fonctions et il faut attendre août 1943 (quatre ans après sa nomination) pour que des signes manifestes grossiers frappent son entourage : vertiges, état de fatigue, manque de précision dans ses réponses au président Roosevelt. Quelques jours plus tard Dudley Pound fait une paralysie et meurt à la fin de 1943. A l'autopsie on trouva une tumeur cérébrale ! Il est probable que les symptômes observés par ses collègues, par Churchill et Roosevelt en particulier, étaient déjà provoqués par la tumeur cérébrale, tandis que sa mort est due à un accident vasculaire consécutif à une hypertension artérielle. En reprenant certains épisodes de la guerre navale de 1939-1943, les spécialistes pensent que l'état cérébral a pu jouer un rôle défavorable sur la conduite des opérations. Un autre amiral, sir Tom Phillips, se trouvait en très mauvaise condition physique et mentale lorsqu'il commanda l'action qui devait aboutir au désastre du Prince of Wales et du Repulse dans le Sud-Est asiatique.
Dans certaines actions de l'invasion des Alliés en Normandie et dans le sud de la France certains généraux déprimés ou ne pouvant plus faire face se suicidèrent.
Dans le nord de l'Afrique, les généraux en chef des armées britanniques connurent de nombreux problèmes. Churchill renvoya brutalement le général sir Alan Cunningham qui n'obéissait pas assez rapidement à son ordre offensif. Il semble que Churchill avait connaissance d'une intoxication tabagique du général qui souffrait de troubles de la vue et d'irritation nerveuse, comme plus tard le général Rabin (futur Premier ministre israélien) au début de la guerre des Six Jours en 1967.
Rommel, qui connut la gloire en Afrique du Nord, fut souvent vaincu par des généraux qui connurent moins de gloire. En août 1942, Rommel engagea mal la bataille d'Alam Halfa et l'on trouve aujourd'hui des témoignages qui mettent en évidence des troubles physiques et moraux dus à une maladie de foie dont souffrit le général allemand. Rommel se croyait capable de diriger l'offensive alors que son médecin voulait l'en dissuader. Trois semaines plus tard Rommel devait partir pour l'Allemagne et s'y faire soigner. Montgomery lança sa grande offensive « Supercharge » le 23 octobre 1942 tandis que Rommel était encore dans les mains de ses médecins en Autriche et il retourna sur le front africain le 25 octobre 1942 en se plaignant de malaises hypotensifs consécutifs à l'hépatite : la confusion régnait dans le commandement allemand où le remplaçant de Rommel, le général Stumme, avait trouvé la mort sous les bombardements anglais. En fait, Rommel devait découvrir plus tard que Stumme souffrait d'hypertension artérielle et qu'il avait trouvé la mort en tombant de son véhicule à la suite d'un infarctus du myocarde. Rommel dut prendre la direction de la retraite des troupes allemandes dans de très mauvaises conditions physiques et il ne put plus faire face en janvier 1943 à la suite d'une fatigue extrême provoquée par les séquelles de l'hépatite. Le 6 mars 1943 Rommel commet une grave faute, alors qu'il est pris entre les troupes britanniques et les troupes américaines, et donne des signes d'égarement et de jugement erroné qui surprennent ses adversaires alors que ceux-ci avaient jusque-là la plus haute opinion du « renard du désert » ; trois jours plus tard, Rommel se rend en Allemagne pour faire soigner son hypotension artérielle pour laquelle il n'existe à l'époque aucun traitement valable.
Lors de l'offensive d'abord victorieuse de Hitler contre l'URSS, il y eut également de grands chefs allemands qui tombèrent malades; on se souvient de la photo du maréchal von Reichenau plongeant avec ses soldats dans une rivière polonaise. Il avait trop présumé de ses forces, souffrit également de tension nerveuse et d'hypertension artérielle, fit un accident cérébral et trouva la mort dans l'avion qui le ramenait en Allemagne. Le maréchal von Bock dut abandonner son commandement à la suite d'un ulcère à l'estomac. Le maréchal von Brauchitsch fit un infarctus du myocarde, mais reprit du service plus tard. Le fameux général des blindés Guderian fit également un infarctus du myocarde et se trouva complètement inconscient en novembre 1942. Il retrouva un poste moins fatigant plus tard auprès de Hitler.
Le maréchal von Paulus qui commandait la VI° Armée allemande faite prisonnière à Stalingrad était considéré comme malade d'autant plus qu'il collabora assez rapidement avec les autorités soviétiques en acceptant leur idéologie... Les rares documents que j'ai pu consulter ne permettent pas de faire un diagnostic. Paulus mourut en 1957 (à l'âge de soixante-sept ans) des suites d'une sclérose latérale amyotrophique, dite encore maladie de Charcot, d'évolution rapidement mortelle, caractérisée par l'atteinte irréversible des cellules motrices de la moelle épinière.
Montgomery fut victime de la tuberculose en Palestine (mai 1939) en même temps que l'amiral Sommerville, mais il fut plus heureux que ce dernier et trouva du service puis la gloire en Afrique du Nord.
Le grand organisateur du débarquement allié en Normandie, le général George Marshall, paya également un tribut important à la maladie, mais le diagnostic fut fait à temps. Il souffrait depuis fort longtemps, comme le général Ludendorff, d'un goitre toxique, qui le fatiguait en raison de périodes d'excitation au travail et d'incapacité de prendre du repos, de troubles cardiaques. En décembre 1936, le goitre fut extirpé. Par la suite, il dut trouver les doses adéquates de produits iodés afin d'éviter les phases consécutives de la maladie qui le plongeaient dans la fatigue, le manque d'énergie et un état de somnolence.
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