Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !

Vivre sous la dictature

Les dernières heures
de Hitler

Les dictateurs
du XXe siècle

Le 16 avril 1945, Hitler se réfugie dans son bunker. Le 30, il se tire une balle dans la tête. Entre ces deux dates, le Führer alterne larmes et colères, fête son anniversaire, se marie, destitue ses généraux ou les condamne à mort. Il continue à se prendre pour le maître du monde.

L'heure est venue pour Hitler de mourir

La dernière sortie de Hitler
Le 28 avril 1945, l'heure était venue pour Hitler de mourir. Jusque-là, rien n'avait vraiment changé dans l'abri depuis l'arrivée deux jours plus tôt du général von Greim et de Hanna Reitsch. Hitler continuait à tenir ses quatre conférences quotidiennes, mais les nouvelles en provenance de tous les secteurs étaient mauvaises.
Il y eut cependant quelques petits intermèdes. C'est ainsi que les soldats de la garde personnelle de Hitler amenèrent, pour le faire décorer, un membre des Jeunesses hitlériennes qui s'était distingué. Le capitaine Gerhardt Boldt, qui était chargé de tenir à jour la carte de Berlin, écrivit que « le jeune garçon, sérieusement choqué et qui ne paraissait pas avoir dormi pendant des jours, avait mis un char russe hors d'action. Manifestant une intense émotion, Hitler épingla la Croix de fer sur sa frêle poitrine, sur une capote couverte de boue, beaucoup trop grande pour lui. Hitler passa ensuite lentement la main sur la tête de l'adolescent et le laissa repartir pour la bataille sans espoir des rues de Berlin. »
Un autre intermède se produisit quand Hitler s'aperçut que l'officier de liaison S.S. le plus ancien, le général Hermann Fegelein, se trouvait absent, contrairement à son habitude. Fegelein s'était assuré une carrière rapide en épousant Gretl, la soeur d'Eva Braun. Dans l'esprit de Hitler, l'homme était loin de se trouver au-dessus de tout soupçon. Un détachement de S.S. se rendit au domicile du général dans le quartier de Charlottenburg. Il le trouva habillé en civil, sur le point de déserter et de renier ses devoirs d'officier S.S. Le détachement le ramena à l'abri en état d'arrestation. Fegelein fut interrogé, dégradé, et l'affaire paraissait sur le point de s'en tenir là, quand l'heure de la mort arriva pour lui et pour Hitler.
La mort commença à se manifester le 28 avril, à 9 heures du soir. Un des assistants de Goebbels arriva, tenant à la main un communiqué, issu d'une émission de la B.B.C. qui annonçait que le Reichsführer S.S. Himmler, à Lübeck, avait offert la reddition de l'Allemagne aux Occidentaux. Pour tous les assistants, c'était le comble de la trahison. Hitler, en proie à ce que le capitaine Boldt devait décrire comme « un état de rage débordant de haine et de fureur», qualifia le geste de Himmler de « la trahison la plus honteuse de l'histoire de l'humanité ». Le Führer avait parfaitement supporté l'attitude de Goering et sa tentative de s'emparer du pouvoir. Hanna Reitsch était, en revanche, certaine que Hitler ne survivrait pas à la trahison perfide de Himmler et les autres étaient du même avis. Chacun, dit-elle, se mit à penser à son poison.
Le Führer avait une dernière tâche à accomplir. Il fit interroger Fegelein par un expert, le chef de la Gestapo, Heinrich Müller. Personne ne sut exactement ce que Müller découvrit mais il était clair que Fegelein se trouvait dans les secrets de Himmler. L'homme fut emmené au-dehors et fusillé.

Le mariage avant la mort

Hitler régla sa dette à l'égard de l'être qui lui avait prédit qu'elle resterait la seule personne à lui être absolument fidèle: Eva Braun. Si elle avait jamais osé aborder le sujet du mariage, il n'avait pu qu'écarter cette perspective en prétendant qu'un Führer n'avait pas le temps de se consacrer à une vie familiale. Plutôt que de se livrer à un acte qui aurait pu paraître absolument normal au peuple allemand, il avait préféré conserver avec Eva une liaison d'une telle discrétion qu'elle n'était connue que de rares personnes de son état-major et de son entourage immédiat. Mais il connaissait l'aspiration d'Eva à une situation régulière et il finit par lui accorder cette faveur, même s'il ne leur restait plus que quelques heures à passer ensemble.
Un obscur officier d'état civil du nom de Walter Wagner, qui avait travaillé auprès de Goebbels lorsque ce dernier était gauleiter de Berlin, fut découvert alors qu'il combattait dans une unité du Volkssturm. Il fut convoqué en fin de soirée pour célébrer le mariage selon le rite nazi. Hitler accepta de remplir le certificat de mariage mais se refusa à donner les renseignements sur ses parents. Il assura, suivant l'idéal nazi, qu'il était de pur sang aryen et qu'il ne présentait aucune affection héréditaire. Quant à la jeune mariée, elle commença par signer de son nom de jeune fille avant de le barrer et d'écrire « Eva Hitler, née Braun ». Ils déclarèrent ensuite à haute voix, en présence de Goebbels et de Martin Bormann, le secrétaire du parti, qu'ils se considéraient comme mari et femme. C'est ainsi que se déroula leur cérémonie de mariage.
La mort de son beau frère, Hermann Fegelein, moins de deux heures plus tôt, n'avait en apparence nullement assombri le bonheur de Madame Hitler. Elle portait une robe de taffetas noir, celle qu'Hitler préférait, et les larmes que l'on voyait briller dans ses yeux, d'après Gerda Christian, une des deux secrétaires particulières du Führer, étaient « des larmes d'une joie profonde». Après avoir rempli son office, Wagner fut invité à repartir. Il fut tué en rejoignant son poste de combat.
Lors de la petite fête qui suivit, on servit du champagne à la dizaine des habitués de l'abri du Führer. Mais, pour Hitler, le moment de reprendre sa tâche arriva rapidement. Il s'enferma avec Gertrud Junge, son autre secrétaire particulière, et lui dicta ses dernières volontés et son testament politique.
Pour ses dernières volontés, il ne s'agissait que d'un document extrêmement bref. Il stipulait que Hitler et sa femme allaient se suicider « pour échapper à la honte de la chute ou de la capitulation ». D'après le document, Hitler léguait au parti tous ses biens personnels ou, « s'il cessait d'exister», à l'État allemand. Avec lucidité, Hitler ajoutait: «Si l'État aussi s'effondre, de nouvelles instructions de ma part sont inutiles. »
Dans son testament politique, Hitler définissait les grandes lignes de l'avenir par-delà la tombe. Le grand-amiral Dônitz assurerait la présidence du futur gouvernement, Goebbels succéderait à Hitler comme chancelier du Reich et Bormann conserverait son poste de secrétaire du parti. Les traîtres patentés comme Himmler et Goering étaient voués aux gémonies et expulsés du parti. En revanche, le fluctuant Albert Speer bénéficiait d'une relative indulgence. Il ne figurait pas dans le nouveau gouvernement et ne subirait pas de condamnation.
Hitler invitait le nouveau gouvernement à poursuivre la guerre par tous les moyens et à continuer la lutte du Führer contre ses ennemis personnels. Hitler rappelait le principe auquel il avait consacré toute sa vie : la haine des Juifs. Ce texte étonnant se terminait par une déclaration de principe de Hitler indispensable à tout bon gouvernement : poursuivre les persécutions contre « l'empoisonneur universel de toutes les nations, la juiverie internationale ».
Goebbels regarda Hitler apposer sa signature sur les documents, avant de s'asseoir pour refuser le poste de chancelier dans un post-scriptum ajouté au testament politique du Führer. Il déclara qu'il se refusait à quitter le bunker pour servir dans le nouveau gouvernement, même si cela signifiait désobéir pour la première fois à Hitler. « Dans le délire de trahison qui entoure le Führer, écrivit-il, il doit y avoir au moins quelqu'un qui reste avec lui jusqu'à la mort. » La femme de Goebbels, Magda, qui vouait un culte fanatique à Hitler, désirait également partager son destin. Leur décision tragique allait entraîner dans la mort leurs six jeunes enfants.

La mort de Hitler

La mort de Hitler
Après une matinée tranquille avec ses vieux camarades, Hitler, en compagnie de ses deux secrétaires et de son cuisinier végétarien, s'installa devant un repas de spaghetti et de salade variée. Avec Eva, il déjeunait souvent de cette façon, mais ce jour-là elle ne vint pas, peut-être parce que Hitler, conformément à la coutume allemande, estimait que sa présence était incompatible avec son nouveau statut de maîtresse de maison. En tant que mari au sens fort, il agissait à sa guise.
Quoi qu'il en fût de l'absence au déjeuner, Eva ne manifestait pas la moindre tristesse. Elle passa le début de l'après-midi à distribuer une partie de ses affaires personnelles à certains hôtes de l'abri. A la secrétaire, Gertrud Junge, elle donna une cape de renard argenté, disant presque gaiement: « Trudl, ma chérie, voici un cadeau pour le prochain hiver et votre existence après la guerre. Quand vous le mettrez, souvenez-vous de moi et donnez mon bon souvenir à notre Bavière natale, notre Bavière si belle. »
Quelques minutes avant 15h 30, Hitler serra la main à tout le monde et se retira dans ses appartements. Les membres de son état-major restèrent dans le couloir, figés par un sinistre pressentiment. Pendant des minutes interminables, ils attendirent le coup de pistolet fatal. Rien ne se produisit. L'appartement bénéficiait d'une isolation sonore parfaite. Par la suite, la plupart prétendirent avoir entendu le bruit de la détonation.
Le valet de chambre de Hitler se décida à ouvrir la porte. Une forte odeur se manifesta, celle du cyanure associée à l'odeur âcre de la cordite d'une arme à feu. Personne n'osait encore avancer, y compris le valet de Hitler. A la suite de Bormann, quatre hommes, dont Goebbels et le valet de chambre, pénétrèrent enfin dans la pièce.
Eva Hitler était allongée sur le divan dans une position confortable. Elle s'était empoisonnée au cyanure. Hitler était affalé à l'autre bout. Il s'était tué en se tirant une balle dans la tête. Pour avoir la certitude de mourir, il avait écrasé une capsule de cyanure juste avant de presser la détente.
Quelques hommes accomplirent alors les gestes prévus. Ils transportèrent les corps par l'escalier de secours et les déposèrent côte à côte dans un trou d'obus dans le jardin. Ils remplirent le trou avec de l'essence provenant de bidons apportés par le chauffeur de Hitler. Deux officiers grattèrent des allumettes mais un coup de vent les éteignit. A l'aide de son briquet, le valet de chambre mit le feu à un rouleau de journal et le tendit à l'adjoint S.S. de Hitler, qui le jeta dans le trou. Les corps disparurent brutalement dans une gerbe de flammes.
Après cela, les assistants firent le salut nazi, rentrèrent dans l'abri et se livrèrent à un geste formellement interdit par Hitler, allumer une cigarette. De temps en temps, des S.S. allaient alimenter en essence le funèbre brasier. Ensuite, après avoir constaté que le trou d'obus n'était pas assez profond pour servir de tombe, des S.S. transférèrent les restes dans un trou plus important et les recouvrirent de terre.

Nul ne s'arrêta de danser

Le mariage de Hitler
La journée du 29 avril recèle assurément l'un des épisodes les plus étranges de cette histoire. Avant de se retirer dans sa chambre, Hitler a pratiquement fait ses adieux. Il a dit : « Je n'ai pas l'intention de me laisser capturer par les Russes qui m'exhiberaient comme une pièce de musée. » Pourtant, le 29 au matin, à la stupeur des habitants du bunker, il se réveille comme si rien ne s'était passé. A midi, il tient, comme chaque jour, une conférence sur la situation militaire. Et une autre à vingt-deux heures ! Alors que les Russes sont maintenant à trois cents mètres de la chancellerie !
Michel Beauquey et Victor Ziegelmeyer qui furent les homologues français de Trevor-Roper et qui ont enquêté comme lui sur les derniers jours de Hitler remarquent "que pour les hôtes de l'abri principal, le 29 avril fut une journée d'attente intolérable" . Les heures passaient et rien ne semblait changé au traintrain quotidien, si un tel mot peut convenir à la vie menée dans cette prison souterraine. Le petit personnel continuait de taper à la machine, de préparer les repas, de surveiller les installations électriques.
Dans la soirée, pourtant, Hitler commanda à Otto Guensche, son aide de camp (un géant, comme Linge) de rassembler toutes les femmes du bunker dans la salle à manger : les secrétaires, les cuisinières, les femmes de chambres vers deux heures du matin. En tout, une vingtaine de personnes.
Ce mort en sursis sollicitait des condoléances...
Il parcourut le couloir en silence et, successivement, serra toutes les mains. Il avait le regard distrait, « les yeux hagards où tremblaient des larmes », notent Michel Beauquey et Victor Ziegelmeyer, d'après le témoignage des survivants. « Certaines lui parlèrent, mais il ne leur répondit pas ou ne murmura que des mots inintelligibles. » Puis il s'éloigna.
La journée du 30 avril était commencée.
La nouvelle des « adieux » considérés cette fois comme définitifs fit le tour de toutes les chambres. Personne ne dormait. On dansait dans la cantine de la chancellerie. Quand on vint annoncer la mort imminente de Hitler, nul ne s'arrêta de danser ! Les disques grincèrent de plus belle sur les phonographes, les bouchons sautèrent, la fumée du tabac épaissit encore un peu plus l'atmosphère. La baronne de Varo ( un témoin sans conteste objectif ) a déclaré aux enquêteurs américains « qu'à l'exception de Goebbels et de sa femme, elle n'avait entendu personne s'apitoyer sur le sort d'Adolf Hitler ». C'étaient là, pourtant, des hitlériens fanatiques. Mais la mort du Führer signifiait la fin de la guerre. Et quel homme, s'il est encore digne de ce nom, ne saluerait la paix avec bonheur ? Les reclus de l'abri faisaient tant de bruit qu'on vint leur dire, du Führer-bunker, de « se tenir plus calmes ». Le bal continua comme si de rien n'était.
bas
Des rumeurs autour d'un cadavre
La disparition du corps d' Adolf Hitler n'a cessé d'alimenter les rumeurs.
Dès le mois de mai 1945, les Soviétiques ont exhibé pas moins de trois corps en prétendant à chaque fois qu'il s'agissait de celui du dictateur. Mais ces falslficatlons furent vite déjouées.
Staline, quant à lui, était persuadé que le Führer n'était pas mort. Après avoir imaginé qu'il s'était enfui en sous-marin au Japon, il soupçonna sa présence en Argentine ou encore
dans l'Espagne franquiste. Chacune
de ces nouvelles théories était assortie de preuves jamais vérifiées. La presse occioccidentale se fit, elle aussi, l'écho de ces prétendues fuites : on aurait vu Hitler à Dublin, travesti en femme.
Autre hypothèse : il serait mort dans un avion au-dessus de la Baltique ...
Au delà de ces fantasmes plus ou moins farfelus, la version
officielle fait état de recherches
précises, même si les faits sont loin d'être avérés. Dès 1945, une commission d'enquête de I' Armée rouge aurait fouillé les jardins de la chancellerie et du dictateur, d'Eva Braun et des époux Goebbels. Selon les services secrets soviétiques,
l'identité d'Hitler fut confirmée
grâce à sa dentition et notamment
à un bridge authentifié par l'assistant de son dentiste.
Une caisse contenant les dépouilles fut enterrée en 1946 sur un terrain militaire secret en Allemagne de l'Est près de Magdebourg. En 1970, la direction du Politburo (bureau politique) du Parti communiste
soviétique décida de faire disparaître cette sépulture afin
d'éviter qu'elle ne se transforme
en lieu de culte néonazi.