Pendant 22 ans Margherita Sarfatti est le principal soutien de Mussolini
En 1939, Margherita Sarfatti,
59 ans, est obligé de fuir l’Italie,
son pays. Depuis un an, les
lois raciales proclamées par Mussolini
rendent la vie impossible
aux Juifs. Née d’une famille juive
vénitienne, Margherita est pourtant
la femme qui a partagé la vie
de Mussolini. Pendant vingt-deux
ans, elle est son principal soutien
politique et exerce sur lui une immense
influence. En 1912, Mussolini
est directeur de la rédaction du
quotidien socialiste Avanti !. A cette
époque, Margherita Sarfatti veut
écrire, et collabore à la rubrique
culture. Quelques coucheries plus
tard, elle codirige le journal. Très
rapidement, les idées de Mussolini
évoluent vers le fascisme. Et Margherita
s’en fait son interprète.
Elle dirige Gerarchia, la revue théorique
du fascisme. Issue d’une famille
riche, elle met sa fortune et
ses réseaux au service de Mussolini.
Elle fédère le milieu culturel
autour de lui et le parti fasciste
monte en puissance. En 1922,
dans un pays en déliquescence,
Mussolini prend le pouvoir
par la force.
Margherita
intervient
encore : cet homme,
il faut le faire aimer.
Alors elle se lance
dans l’écriture d’une
biographie.
Rachèle, la femme de Mussolini, est jalouse
En mars 1924, Mussolini se rend à Milan pour les élections. Il doit y rester une dizaine de jours. Cependant, il ne passe pas ses nuits dans l'appartement familial du forum Bonaparte. Il est censé coucher à son bureau, dans la préfecture.
Rachele se met en colère.
Elle quitte Milan pour Forli, en emmenant les enfants. Elle s'installe dans la maison de Carpena qu'elle a acquise pendant la guerre. Prévenu, le Duce ne s'inquiète pas. Il connaît le caractère de sa femme.
"Ce n'est qu'une tempête dans un verre d'eau, dit-il à Cesare Rossi. Je couche à la préfecture uniquement parce que les enfants font trop de bruit à la maison. C'est tout."
Cesare Rossi ne dit rien mais sourit. Il sait bien, lui, que chaque nuit Margherita vient à la préfecture.
A la fin de cette année 1924, Margherita Sarfatti multiplie ses voyages à Rome et y fait des séjours de plus en plus longs. Elle y rejoint le Duce qui est alors installé dans un petit appartement du palazzo Tittoni, via Rasella.
Quand, en 1929, Rachele et les enfants quittent Milan pour rejoindre enfin Mussolini à Rome, les liens entre le Duce et la Sarfatti sont théoriquement rompus. Ils se voient pourtant et s'écrivent.
Mussolini ne se donne même pas la peine de cacher les innombrables lettres de Margherita. Un jour, excédée, Rachele en fait un tas et demande à son mari s'il a l'intention de les garder toute sa vie.
Avec désinvolture, il répond :
"Non. Tu peux les brûler."
Ce que Rachele s'empresse de faire dans la cheminée du salon de la villa Torlonia où ils habitent à présent.
Margherita Sarfatti est juive
Margherita Sarfatti dans la biographie qu'elle consacre à Mussolini vante ses exploits, le
montre à cheval, dompteur de
lion, saluant la foule. Il est là,
beau, fort, charismatique. En 1925, le livre intitulé Dux, le
terme latin pour
« meneur », est
un vrai succès de librairie, et est
traduit dans une vingtaine de langues.
Le mythe du Duce est né,
c’est elle qui l’a créé. Dans le
même temps, Mussolini installe
sa dictature fasciste et autoritaire.
Mais il commence à se lasser de
subir l’inf luence de sa maîtresse
et s’en détache peu à peu. Il la voit
moins, ne l’écoute plus. Le coup
de grâce intervient en 1934,
lorsqu’il rencontre Hitler. Le voilà
contaminé par les idées antisémites.
Le problème, c’est
qu’avant d’être fasciste, Margherita est juive. Il
la fait licencier des
journaux où elle travaille.
« Ces saloperies
de Juifs, il faut
tous les détruire. Je
ferai un massacre »,
déclare-t-il en privé.
Margherita fuit à Paris,
puis en Amérique latine. Sa
soeur et son beau-frère meurent à
Auschwitz en 1943.