On berce Kadhafi de récits guerriers
Mouammar Kadhafi naît le 7 juin 1942, sous une tente bédouine, près de Syrte. Il est le plus jeune enfant et unique garçon
de la famille. La prime enfance du petit
Mouammar est bercée par le bruit des
bombes de la Seconde Guerre mondiale
qui explosent un peu partout sur le territoire. Au milieu
de ce chaos, sa mère et ses trois soeurs multiplient les
attentions envers Mouammar que chacun voit
déjà comme un chef de leur tradition, et qui, plus tard,
aimera tants'entourer d'une garde personnelle exclusivement
féminine ...
Le soir, son père lui raconte comment
son grand-père est mort en combattant
l'envahisseur italien, tandis que lui-même a été blessé
face aux mêmes colonisateurs ...
L'enfant ne voit dans
cette ascendance guerrière que bravoure et exploits,
en venant à considérer massacres et scènes de bataille
comme les éléments normaux d 'une vie honorable.
Il
se délecte aussi des histoires de pirates qui mfestaient
jadis la côte libyenne pour rançonner et égorger.Il
gardera pour toujours le goûit des tenues exubérantes
aux couleurs chamarrées du folklore flibustier.
Ces ploucs de campagnards
Si,
comme le veut l’usage, Muammar prend soin d’une poignée de caprins ou
sarcle les quelques arpents plantés d’orge et de blé, il sort d’emblée du lot.
On le dit curieux, méditatif et solitaire.
Avide d’apprendre, il rallie chaque semaine l’école coranique,
à pied ou à dos d’âne, et brûle les étapes. Au collège, lui et ses camarades
de la Libye d’en bas découvrent le dédain des rejetons de la bourgeoisie
côtière, prompts à moquer ces « ploucs » campagnards aux manières
rustiques et à l’accent rugueux. C’est alors qu’éclot chez Muammar le germe
de la revanche sociale. Lequel pimente un nationalisme fervent que dope la
geste d’Omar al-Mokhtar, figure légendaire de la résistance à l’occupant
italien, comme les harangues du grand Nasser, portées par les ondes de La
Voix des Arabes.
À Sebah, où il suit sa famille, l’adolescent exalte le combat
des indépendantistes algériens, fustige les essais nucléaires que la France
mène en catimini au Sahara et orchestre, dans l’enceinte même de son lycée.
Les funérailles symboliques du Premier ministre congolais Patrice Lumumba,
assassiné avec l’aval de la CIA et de la Belgique. Un activisme qui lui
vaudra un exil à Misrata, capitale du commerce maritime.