Franco sera officier de marine
Lorsqu'il vient au monde à El Ferrol, le grand port de
guerre espagnol, le petit Francisco a son avenir tout
tracé: comme sept générations de Franco avant lui, il sera
officier de marine. Très vite pourtant, il apparaît que pour
faire une belle carrière, le futur marin devra pallier les faiblesses
que la nature lui a imposées: un gabarit physique
sensiblement inférieur à la moyenne et une voix de fillette,
qui lui valent de se faire appeler« Paquito »par
ses frères et soeur.
À la même époque, le pays vit une triste
époque avec cette guerre qui, aux Cararaïbes,
l'oppose aux colonies espagnoles des
Amériques et se conclut par une humiliante
défaite. En 1898, l'Espagne perd Cuba, Porto
Rico, Guam et les Philippines. Durant toute son
enfance, Francisco entend donc en continu un
discours dont le thème récurrent est l'indispensable
redressement de la nation ibérique.
Malheureusement pour lui, ce n'est pas dans la
Marine qu'il y contribuera. Car en 1907, l'année
même où il doit y faire son entrée, l'École de
préparation navale d'El Ferrol ferme: depuis
la guerre désastreuse hispano-américaine, la Marine espagnole est quasiment inexistante. Elle n'a plus
besoin de former des officiers. Il ne reste à Paquito que la
possibilité d'entrer à l'Académie d'infanterie de Tolède.
Il y entre en 1907, à l'âge de 15 ans, et le choc est rude.
Vivre à Tolède lorsqu'on a toujours connu la complicité
de l'océan ... Embrasser une carrière terrestre alors qu'on
est fait pour le grand large ... Et aussi, se trouver avec des
élèves plus âgés que lui, et tellement plus grands, plus forts!
Mais Paquito fait face. En 1910 lorsqu'il sort de l'Académie,
le classement de Franco est médiocre: 251e sur 312. Mais
il n'a que 18 ans quand tous les autres en ont 20 ou 21. Et
surtout, son complexe, né d'une petite taille et d'une voix de
fausset, a généré chez lui une tendance aux comportements
des plus autoritaires, pour peu qu'il en possède les moyens.
Or avec ses galons tout neufs, il les tient ! Le jour où son
ordre d'affectation au 8e régiment d'Afrique lui arrive, sa vie bascule. Au commandement de troupes indigènes, Paquito
en impose aux Maures eux-mêmes, et il acquiert auprès d'eux
la réputation d'un chef de guerre invulnérable en même temps
que le très respectueux surnom de Caudillo. Au terme de
la Guerre civile espagnole, en 1939, ce surnom deviendra
son titre officiel lorsque Francisco Franco dirigera l'Espagne
d'une main de fer, jusqu'à son décès en 1975.