Avec l'équipage
il y a 3000 personnes à bord

L'affaire du Laconia

Le 12 août 1942, le Laconia embarque une cargaison
bien spéciale : sur ses 3000 passagers, environ
1 800 sont des prisonniers italiens, rescapés des
combats d’Afrique du Nord. Pour compléter ce tableau, des permissionnaires anglais, des blessés mais aussi des femmes et des enfants ont pris place à bord pour rejoindre le Royaume-Uni.
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A bord du Laconia, il y a 3000 personnes à bord

A bord du Laconia, il y a 3000 personnes à bord
Ce 12 septembre 1942. A bord du Laconia, paquebot de 19 000 tonnes de la Cunard White Star Line, tout est calme. Les passagers oublient que le monde est en guerre et qu'un naufrage est toujours possible.
Parti de Suez un mois plus tôt, le bateau a gagné l'océan Indien par la mer Rouge avant de doubler le cap de Bonne-Espérance. Outre 80 civils (surtout des femmes et des enfants) il rapatrie de Malte et d'Égypte 286 officiers et soldats britanniques, dont plusieurs blessés. Il transporte également 1 800 prisonniers italiens entassés à fond de cale, dans ce qu'ils appellent leur « cage » et surveillés par 160 gardes polonais. Avec l'équipage, cela fait près de 3 000 êtres humains à bord.

La nuit tombe vite sous les tropiques

commandant Rudolf Sharp du Laconia
Vieux loup de mer conscient de ses devoirs, le commandant Rudolf Sharp ne veut effrayer personne, mais il est plus méfiant que ses passagers. Depuis que le bâtiment est entré dans les eaux atlantiques sa vigilance redouble. Le soir, il fait camoufler les lumières et fermer les coursives donnant sur le pont. Il dort tout habillé dans la chambre des cartes.
La nuit tombe vite sous les tropiques. À 19 h 30, on a servi le repas du soir. À 20 heures, le repas s’achève et il fait nuit noire. Dans le salon, le pick-up diffuse un blues. Comme chaque soir, des couples commencent à danser. D’autres se sont assis autour des tables de bridge, bien décidés à l’emporter à tout prix. Un grand nombre, avides de respirer un peu d’air frais, sont montés sur le pont.

Les plus malheureux sont sans doute les italiens

A l'infirmerie, les blessés se reposent. Le plus populaire est sans doute le capitaine Coutts : ce héros de Tobrouk a eu le nez arraché et rentre à Londres pour se refaire un visage. En attendant, il vient de se faire enlever un ongle incarné et maudit l'énorme pansement qui l'empêche de se promener sur le pont.
Mais les plus malheureux sont sans doute les Italiens : après l'enfer de la Libye, ils se voient parqués comme des bêtes dans une atmosphère surchauffée. Qu'adviendrait-il d'eux si le bateau coulait ? Cette perspective, aucun membre de l'équipage ne peut l'oublier, mais personne n'en parle.
Dans la coursive, deux officiers de bord, Hall Clucas et Buckingham, échangent quelques mots avant d'aller se reposer. Ils doivent en effet prendre le quart à minuit sur la passerelle. Buckingham regarde sa montre : il est exactement 8 h 10.
A ce moment, une formidable explosion secoue les flancs du navire.