La mort s'abat
sur le canot de sauvetage

L'affaire du Laconia

Deux canots, après trente jours de navigation, touchèrent les côtes d'Afrique, l'un avec seulement 16 rescapés sur les 68 naufragés qu'il contenait au départ, l'autre avec 4 survivants sur 51. En tout,1101 passagers du Laconia survécurent.
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Il est impossible de s'étendre sur les planches

Naufragés du Laconia
Les naufragés recueillis par l'U 156 ont entendu l'ordre terrible. Ils n'ont pas à discuter. Sans perdre un instant, ils montent un à un l'échelle verticale.
Mrs. Wolfe Murray et Miss Hawkins ont dû suivre le mouvement. Arrivées au niveau de l'eau, elles ont un geste de recul : aucun des canots n'est en vue. La houle est en effet très forte et les embarcations sont cachées par les vagues.
Saisies de désespoir, elles se laissent glisser dans la mer. Deux de leurs compatriotes, bons nageurs, les soutiennent de leur mieux, mais on n'avance guère au milieu des lames. Enfin une chaloupe est en vue. Les pauvres femmes, hissées à bout de bras, prennent place dans le petit bateau déjà plein de rescapés. Elles se trouvent en compagnie soixante-quatre Britanniques, dont quelques officiers et un médecin, le docteur Purslow. L'encombrement est tel qu'il est impossible de s'étendre sur les planches.
Malgré le conseil formel du commandant allemand, les Anglais ont décidé de ne pas attendre sur place l'arrivée d'éventuels sauveteurs et de se diriger vers la côte, à six cents milles de là. Une voile, faite avec une couverture, est attachée à un aviron qui sert de mât. Pleins de courage, les hommes se mettent à ramer.
Le canot avance, mais trop lentement au gré des malheureux. Très vite, de sévères mesures ont été prises. L'eau potable a été rationnée, ainsi que les vivres. Les heures traînent, interminables. Les nuits sont froides et les journées, sous le terrible soleil équatorial, torrides. Peu à peu, les rameurs, affaiblis, doivent abandonner les avirons.
Bientôt une torpeur s'abat sur les naufragés. Ils ne rêvent plus que de boisson fraîche. Leurs langues tuméfiées, leurs palais en feu les empêchent d'avaler les biscuits secs qui restent dans la chaloupe. Plus faible que ses compagnons, Mrs. Wolfe Murray entre la première dans l'inconscience. De temps à autre cependant elle se redresse, parle de son mari, qui combat en Libye, des enfants qu'elle aurait dû rejoindre en Angleterre. Mais la fatigue l'emporte. Elle sombre dans la mort après avoir prié Miss Hawkins d'enlever de son doigt son alliance et de la remettre à son époux lointain.

Brusquement la pluie éclate

La maigreur des naufragés est extrême. On voit apparaître les os sous la peau brûlée par le soleil. Des plaies se forment, bientôt infectées. Se sachant perdu, le docteur Purslow s'élance par-dessus bord. D'autres cadavres seront jetés à la mer .
Miss Hawkins, cependant, garde quelque énergie. Elle passe de longues heures à prier. De temps à autre, elle s'efforce d'avaler un peu de pemmican, mais elle met parfois une heure pour en ingurgiter une cuillerée à café. Un matin, une heureuse surprise accueille les naufragés. Des nuages se sont formés et brusquement la pluie éclate. Elle durera six heures. Quelle aubaine merveilleuse !
Enfin, après plus de trois semaines de navigation, l'embarcation accoste sur une plage. Les Anglais apprendront bientôt qu'ils ont échoué sur la côte du Libéria d'où un paquebot les rapatriera en Grande-Bretagne. Partis dans la petite chaloupe au nombre de soixante-huit, ils ne sont plus que seize en arrivant en Afrique...

Faire évacuer tous les éléments étrangers

D'autres passagers du Laconia avaient vu leurs malheurs se terminer plus rapidement. Tandis que l'U 156 s'enfonçait dans les flots, les opérations de sauvetage continuaient en effet à quelques milles de là.
Bien qu'ayant appris par radio l'incroyable agression du Liberator, les commandants Schacht et Wurdemann n'avaient pas abandonné leur oeuvre de salut. Le premier avait à son bord cent quatre-vingts rescapés, dont plusieurs femmes et enfants auxquels les officiers avaient abandonné leurs couchettes ; en outre, il remorquait sept canots remplis de Polonais et de Britanniques. Mais un ordre arrivé du boulevard Suchet enjoignit au commandant de faire évacuer de son sous-marin tous les éléments étrangers. En conséquence, les embarcations furent pourvues de vivres et d'eau potable supplémentaire. Puis l'opération de transfert commença. Lorqu'elle fut terminée, Schacht recommanda aux Anglais de laisser les canots sur place afin de ne pas manquer le rendez-vous des sauveteurs. Seul Buckingham, l'officier du Laconia, fut prié de rester à bord de PU Boot. Il allait être traité en prisonnier de guerre : les Allemands craignaient en effet qu'il eût relevé quelques particularités techniques du submersible et qu'il en rendît compte à l'Amirauté britannique.
les passagers du Laconia naufragés