A la poursuite du Bismarck

Coulez le Bismarck !

Lorsque le Bismarck eut coulé le croiseur de bataille anglais Hood, à l'ouest de l'Islande, le 24 mars 1541, toute la flotte anglaise se lança à sa poursuite. La trace du Bismarck fut trouvée, perdue, retrouvée. Mais l'aviation britannique le rejoignit alors que l'amiral Lütjens avait donné l'ordre de regagner la base de St Nazaire, en France occupée.
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Un long message à Hitler

le Prince of Wales à la poursuite du Bismarck
Le Prince of Wales, le Norfolk et le Suffolk continuaient inlassablement à poursuivre le Bismarck, en transmettant régulièrement sa route et sa vitesse au commandant en chef. La tâche de filer le Bismarck revint au Suffolk qui disposait d'une bonne installation radar. Le Prince of Wales et le Norfolk suivaient en retrait pour intervenir si le Bismarck tentait une attaque. Un très bref engagement se produisit vers 1 heure du matin, lorsque le cuirassé allemand échangea quelques coups avec le Prince of Wales à une distance d'environ 10 milles, sans résultat.
Le Suffolk suivait sa trace. Il se trouvait à la distance limite où son radar pouvait suivre les évolutions du Bismarck. De plus, il naviguait en zigzag, car il craignait l'entrée en action des U-boote, qu'on supposait dans les parages. A 3h06, le 25 mai, il établit le contact radar à 10 milles. Le Suffolk s'écarta de sa route pendant dix minutes, puis il rectifia sa marche, espérant retrouver le Bismarck après cette manoeuvre. Mais la mer était vide et les émissions radar n'enregistraient plus aucun écho.
Le Bismarck avait alors le choix entre deux solutions : soit essayer de rompre vers l'ouest, entrer en contact avec ses bateaux de ravitaillement et le Prinz Eugen, cela en vue de mener la guerre de course dans l'Atlantique, soit virer à l'est et tenter de rejoindre un port de la côte atlantique. Le Bismarck préféra la seconde solution. C'est à ce moment-là que la flotte britannique prit ses dispositions pour rejoindre l'ennemi à l'ouest.
C'était le plan le plus sage car dans ce secteur, précisément, se trouvait le danger. La priorité était donnée à la sécurité des convois. La perspective qu'un ennemi aussi puissant que le Bismarck rôdât sur les routes suivies par les convois ne laissait pas d'inquiéter très sérieusement la Royal Navy. L'amiral Wake-Walker, sur le Norfolk, et l'amiral Tovey, sur le King George V, décidèrent tous deux, presque simultanément, de porter leurs recherches d'abord à l'ouest.
Le commandant en chef apprit, à 6 h 5, le 25 mai, que le contact avait été perdu avec le Bismarck. Le King George V avait parcouru une distance qui, normalement, aurait dû l'amener à portée de canon de son adversaire vers 21 heures. L'espoir d'un combat qui vengerait la perte du Hood s'amenuisait.
A 8 h 10, bénéficiant d'une bonne visibilité, les « Swordfish » s'étaient envolés du Victorious pour ratisser un secteur compris entre l'ouest et le nord-est, dans un rayon de 100 milles. Ils firent chou blanc. En même temps, le Norfolk et le Suffolk menaient leurs recherches vers le sud-ouest, mais ils n'eurent pas plus de chance et ne découvrirent aucune trace du Bismarck.
Il est probable qu'en observant le silence radio, l'amiral Lütjens eût pu atteindre Saint-Nazaire sans encombre. Mais au lieu d'arrêter ses émissions, il envoya un long message personnel à Hitler, relatant son combat contre le Hood. Ce message (de trente minutes) fut intercepté. Toutes les installations de repérage alliées se trouvaient en effet en état d'alerte, guettant un signal du Bismarck. Avant la fin de ce message, les relèvements goniométriques commençaient d'affluer à l'Amirauté britannique.

Une atmosphère d'espoirs déçus

A 13 h 20, le 25 mai, un U-boot allemand émit un message au milieu de l'Atlantique signalant qu'il avait repéré le Victorious. Le point d'où il transmettait correspondait parfaitement à la route présumée du Bismarck s'il avait mis effectivement le cap sur le golfe de Gascogne. L'Amirauté supposa, malgré son expérience et sa connaissance des procédés de transmission allemands, que ces signaux pouvaient provenir du Bismarck. Selon elle, celui-ci aurait donné des ordres directement aux U-boote en utilisant leur longueur d'onde. On transmit au commandant en chef le point obtenu par les relevés. Quelques heures plus tard, un autre message de l'Amirauté enjoignait à toutes les unités en mer d'agir comme si le Bismarck faisait route vers la côte ouest de la France. A 18 h 10, le vaisseau amiral vira au sud-est, en direction du golfe de Gascogne. C'était, nous le savons à présent, la route correcte, mais le Bismarck se trouvait déjà à 110 milles devant le King George V. Dans ces conditions, seul un miracle pourrait le contraindre à combattre.
La nuit tomba dans une atmosphère d'espoirs déçus. Le matin, rien, semblait-il, ne pouvait empêcher l'engagement souhaité avec le Bismarck car le navire allemand se trouvait pris dans l'étreinte du réseau radar du Suffolk. Mais à présent, ils avaient perdu le Bismarck, et le commandant en chef suivait une piste qui était quelque peu incertaine. Un problème plus décourageant encore venait de s'ajouter : celui du mazout, qui se raréfiait. Faute de combustible, le Repulse avait déjà dû renoncer aux recherches et se diriger vers Terre-Neuve. Le Prince of Wales naviguait vers l'Islande pour faire le plein.

Le Bismarck repéré par un Catalina

Pendant la nuit du 25 au 26 mai, l'Amirauté britannique et le Coastal Command de la R.A.F. demandèrent aux hydravions « Catalina », basés au Loch Erne, d'opérer dans la matinée une reconnaissance aérienne. Ils allaient être munis de réservoirs supplémentaires pour augmenter leur rayon d'action. Le plan de recherche aérienne prévoyait le quadrillage par deux patrouilles du secteur à l'ouest de Brest.
A 10 h 30, le 26 mai, un de ces « Catalina » aperçut le Bismarck et transmit sa position : au même moment, les « Swordfish » de l'Ark Royal, qui se rapprochait avec la force H venant de Gibraltar, s'apprêtaient à décoller en formation pour une reconnaissance aérienne. Quelques minutes après le repérage par le Catalina», les Swordfish de l'Ark Royal signalèrent également le Bismarck et ils ne le lâchèrent plus. Tout au long du jour, ils le suivirent, signalant sa position, sa route et sa vitesse au commandant en chef et à l'amiral commandant la force H , embarqué sur le Renown.
Le Bismarck repéré par un Catalina