Des médailles pour l'équipage

Prien coule le Royal Oak

Pour son exploit, Günther Prien reçut des mains de Hitler la croix de chevalier et une fantastique ovation des Allemands.
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Les félicitation personnelles de Hitler

Prien décoré par Hitler
La propagande nazie récupéra l'exploit de Prien, décrit comme un « taureau dans l'arène », et l'animal, dûment dessiné sur le kiosque, devint l'emblème de l'U-47. L'équipage et son commandant furent envoyés à Berlin pour recevoir les félicitations personnelles d'Hitler.
Les Berlinois leur réservèrent un accueil triomphal. Tous furent décorés de la croix de Fer de 2e classe ; Prien reçut celle de chevalier des mains du Führer. Dönitz fut promu contre-amiral et ses thèses connurent un écho sans précédent. L'Allemagne venait de remporter une incontestable victoire psychologique ce qui lui donna des arguments pour stigmatiser la décadence et l'affaiblissement de la puissance britannique.

Une désastre humiliant

En Grande-Bretagne, l'incrédulité dominait suscitant les rumeurs les plus folles faisant état d'explosion accidentelle ou de sabotage, avant que les scaphandriers de la Royal Navy ne trouvent la preuve irréfutable d'une attaque par U-Boote : une hélice de torpille allemande. Le choc fut terrible.
Pour l'opinion britannique, un cuirassé (même hors d'âge) était un cuirassé et la perte du Royal Oak fut ressentie comme un désastre humiliant, qui révélait l'inquiétante vulnérabilité de la base principale de la Royal Navy. Churchill, fair-play, reconnut que le torpillage du Royal Oak était un « magnifique fait d'armes » et fit renforcer la sécurité de Scapa Flow en faisant ériger un barrage de béton : travaux titanesques où mille sept cents hommes travaillèrent durant quatre années. En attendant, la Home Fleet fut dispersée entre le fleuve Clyde et le Loch Ewe sur la côte ouest de l'Écosse au détriment de ses capacités d'intervention.

Le témoignage d'un rescapé du Royal Oak

Jack Bendell, âgé de dix-neuf ans, était assistant infirmier à bord du Royal Oak. Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1939, il fut réveillé vers 1 heure du matin par un matelot qui se plaignait d'avoir été blessé aux jambes. La blessure bénigne ne nécessitant pas de points de suture, il lui conseilla de revenir le lendemain matin pour se faire soigner par le médecin. Il lui demanda toutefois comment il s'était blessé et le matelot lui expliqua qu'il avait été jeté à terre de son hamac par une explosion et que le cuirassé était en train de couler. Bendell lui répondit qu'il n'avait rien entendu et que, de toute façon, le bâtiment ne pouvait couler puisqu'il était à quai. Il y eut bien de l'agitation dans les coursives, mais l'explosion fut attribuée à un incident dans le magasin des peintures.
Un officier rassura les marins réveillés et les invita à retourner se coucher, ce qu'ils firent. Quelques minutes plus tard, une violente explosion éjecta Bendell de son couchage. La lumière s'éteignit. Le cuirassé gîtait sur sa droite à 20°. Un matelot surgit avec une torche et se précipita avec Bendell pour monter sur le pont. Mais l'inclinaison du bâtiment rendait la progression difficile, de surcroît la porte d'accès au pont était coincée. Les deux hommes coururent vers l'arrière, mais au moment où ils passaient devant le mess des Royal Marines, une deuxième formidable explosion se produisit.
Des flammes sortaient du mess et des marines étaient transformés en torches vivantes. Dans la panique, des hommes crièrent de retourner vers l'avant. Bendell eut alors l'idée de passer par un hublot. Il entra dans l'office dû mess des officiers, en face de l'infirmerie, et monta sur un lavabo qui se trouvait juste au-dessous d'un hublot, lorsqu'une violente explosion le fit basculer. La porte se referma derrière lui, le cuirassé coulait rapidement. Bendell était bloqué dans une bulle d'air. Il plongea à deux reprises pour retrouver le hublot. Épuisé et désespéré, il avala de l'eau de mer pour accélérer sa fin. Mais l'eau était mêlée à du mazout. il la vomit.
Lorsque le cuirassé, retourné, toucha le fond, Bendell fut propulsé par un violent appel d'air et expulsé par le hublot. Une fois à la surface, il essaya de nager, mais la mer était couverte de mazout. Il se laissa flotter, et remuait par intermittence dans une eau à 8°C (un homme est censé ne pouvoir survivre qu'une heure). Il y resta plus de cinq heures, protégé par le mazout. Une embarcation du Pegasus finit par le récupérer. Il raconta que les scaphandriers qui plongèrent les jours suivants faillirent devenir fous devant le spectacle d'apocalypse qu'offrait le Royal Oak avec les corps mutilés, coupés en deux par les porles.