Les loups gris
sont lâchés

Les U-Boote
La terreur des convois

De Prien à Herbert Schultze en passant par Otto Kretschmer les as de l'Atlantique et leurs U-Boote en ont fait voir de toutes les couleurs aux Alliés comme l'avait promis le commandant Karl Dönitz.
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Le premier acte de la bataille de l'Atlantique

Fritz-Julius Lemp avec Dönitz
Le sous-marin apparaît, long, étroit, gris. Sur le kiosque des hommes barbus, vêtus de cuir gris, heureux. En cette journée de fin septembre 1939 à l'écluse de Wilhelmshaven sur le golfe de Jade (mer du Nord), le commodore Dönitz accueille l'U-Boot de l'enseigne de vaisseau de 1ère classe, Fritz-Julius Lemp. Il est le premier à rentrer des vingt et un des submersibles mis en attente de la guerre aux larges des côtes britanniques. Le premier de ces « loups gris » qui feront des ravages dans les marines alliées. Quelques instants plus tard, Lemp se présente à celui qui commande la flotte sous-marine allemande : « U-30 de retour de croisière contre l'ennemi. » L'homme est jeune, vingt-cinq ans, ses yeux marrons sont rieurs mais le visage est grave. Il avoue : « C'est moi qui ai coulé l' Athenia. Je l'avais pris pour un croiseur auxiliaire. » Le torpillage du grand paquebot britannique de 13 581 hommes, au large du banc de Rockal, quelques heures seulement après le début des hostilités le 3 septembre 1939, est le premier acte de cette guerre sous-marine que les Allemands vont mener pendant cinq ans. Il est aussi la première bavure d'un affrontement mortel mais correct.
Correct parce que les sous-marins obéiront aux instructions de Dönitz conformes au Traité de Londres de 1930 qui leur prescrit de se conduire comme des bâtiments de surface et de se conformer au droit de visite. L'attaque d'un cargo suspect doit être précédée de l'arraisonnement, de la vérification des papiers et de la cargaison. Dönitz confirme ses instructions par radio le 4 septembre 1939 à 16 h 55. Quelques heures plus tard, nouveau message : « Sur ordre du Führer, n'engagez aucune action de guerre contre des paquebots navigant en convoi. » Acte de piraterie , dénoncent les opinions mondiales ; « sabotage », s'écrient les autorités allemandes qui ignorent encore tout de cette bavure dont le bilan, cent douze morts sur mille quatre cents passagers n'atteint pas celui du torpillage du Lusitania (mille deux cents morts) en 1915.

Un affrontement mortel entre U-boote et convois

naufragés d'un bateau coulé par un U-boot
Le silence est tombé sur l' Athenia. Lemp écope de quelques jours d'arrêt. Et le lieutenant de vaisseau Herbert Schultze et son U-48 entrent dans l'Histoire, le 5 septembre 1939, pour avoir coulé le premier navire de la guerre, le Royal Sceptre. Sur toute la guerre, celui qui reste l'un des as, avec un total de vingt huit navires coulés et 183 432 tonnes, s'illustre par sa correction ; il aura aidé au sauvetage des naufragés du Royal Sceptre, envoie un message au Premier ministre britannique après un torpillage : « A tous. Transmettre à M. Churchill. Ai envoyé par le fond vapeur britannique Firby. Sauvez l'équipage, s'il vous plaît. » « Que les commandants continuent à sauver, partout et toujours où c'est possible, mais la sécurité de leur bâtiment doit passer avant tout.... Un sous-marin occupé à remettre à flots les canots de sauvetage chavirés ou à les remorquer vers la côte n'est pas paré à plonger », dit quelques mois plus tard, Karl Dönitz. De Sengwarden, près de Wilhelmshaven, puis du 18 boulevard Suchet à Paris, ensuite de Kernevel, près de Lorient et du boulevard Maréchal-Maunoury à Paris, le premier de ces as dirige ses meutes de « loups gris ».
Mais l'affrontement fut aussi mortel parce que la mer ne laisse échapper que rarement ses naufragés, surtout la nuit quand les « loups gris » sortent de l'eau et se jettent sur leurs proies.
Ainsi, le torpillage du cuirassé Royal Oak, dans la baie de Scapa Flow, coûte huit cent trente-trois marins aux Britanniques malgré la proximité des côtes. Mortel, parce que leurs attaques en meutes sur tous les fronts de l'Atlantique, du Groenland au Cap, de Freetown à New York, de l'Islande au golfe du Mexique, mettent en péril pendant trois ans tout le commerce britannique avec le reste du monde. 2 828 navires coulés au seul palmarès des sous-marins, 14,5 millions de tonnes perdus : c'est le palmarès à la fin de la guerre.
Du 15 au 20 octobre 1940, les loups Günther Prien et son U-47, Otto Kretschmer et son U-99, Joachim Schepke, camarade de promotion de celui-ci, et son U-100, envoient par le fond vingt et un navires des trente-quatre du convoi SC72 au large de Bloody Foreland (le bien nommé Cap Sanglant) au nord-ouest de l'Irlande, là où finit l'Atlantique et où commence la mer du Nord.
En deux nuits, la meute coule 325 000 tonnes de navires de transport. De 23 heures à 2 heures, en une seule nuit et en solitaire, le lieutenant de vaisseau Kretschmer, en surface au milieu du convoi, choisit ses cibles, coule six navires et en torpille un septième. « Les destroyers ne savent plus que faire et tirent sans cesse des obus éclairants pour se tranquilliser... », écrira-t-il.

Des torpilles défectueuses pour les U-Boote

Plus d'un un mois auparavant, dans la nuit du 9 septembre, le SC2 avait essuyé la première attaque en meute. Repéré par l'U-65 de Hans-Gerrit von Stochausen, le convoi fort de cinquante-trois navires chargés à ras bord ne perdra que cinq de ses unités pour un total de 21 000 tonnes. Quatre sont coulées par Günther Prien, un par Günther Kuhnke et son U-28 venus en renfort tout comme Kretschmer. Le HX 72 de quarante et un navires a moins de chance. Le 20 septembre, il tombe sur Günther Prien qui maraude dans le même coin. Kretschmer et Schepke accourent et ce dernier se livre à un véritable festival. À la tombée de la nuit, le 21, il fait surface au milieu du convoi et pendant quatre heures sans que les bâtiments de protection ne le découvrent, déjouant la détection sonore de l'Asdic, efficace seulement en profondeur, il torpille, à lui seul, sept navires et coule 50 000 tonnes. Le HX 72 perd douze navires, près du tiers de son effectif dans l'opération.
Si le premier succès de la guerre revient à Otto Schuhart et son U-29 avec la destructions du Courageous, un porte-avions de 22 500 tonnes, le 17 septembre 1939, l'exploit est pour Günther Prien qui, le 14 octobre, pénètre seul dans la base britannique de Scapa Flow, dans la Mainland des îles Orcades, au nord de l'Écosse . As parmi les as, Günther Prien remplit les fonds marins des tonnages coulés : huit navires et 51 189 tonnes en une seule croisière. Celui qui fut son premier officier de quart à Scapa Flow, Engelbert Endrass, vingt-neuf ans, qui commande maintenant le U-46 doit se contenter de 35 347 tonnes. Il est vrai qu'il a eu le porte-avions Ark Royal dans sa ligne de tir et que les torpilles lancées n'ont pas explosé.
Ces torpilles défectueuses ont déjà coûté à Wilhem Zahn sa place dans l'Histoire et même son commandement. Le 30 octobre 1939, avec sa « pirogue » de 250 tonnes, le U-56, le plus petit des sous-marins d'alors, Zahn tient dans sa ligne de tir le vaisseau amiral de sa Gracieuse Majesté, le Nelson. Il lâche les trois torpilles dont il dispose. Aucune n'explose. Il y avait à bord, outre l'amiral de la flotte, Sir Dundley Pound, le Premier Lord de l'amirauté, Winston Churchill. Déprimé, bien que ne connaissant pas la valeur de cette « cargaison », Zahn est remplacé.
Des torpilles défectueuses pour les U-Boote

Dönitz perd ses meilleurs hommes

Günther Prien mort le 7 mars 1941
En quelques jours, les sous-marins perdent leurs trois as. Le 7 mars 1941, à 0 h 30, Günther Prien est pris en chasse par deux destroyers, le Verity et le Wolverine. À 5 h 43, le capitaine de frégate J.-M. Rowland, commandant le second, note : « Une faible lueur rougeâtre s'aperçoit à l'endroit où le tapis de grenades a été lancé. Elle disparaît après dix secondes... » L'U-47 ne répond plus.
Neuf jours plus tard, Otto Kretshmer se glisse dans le convoi HX 112, coule six navires pour 44 000 tonnes. Mais la protection, sept contre-torpilleurs, est renforcée et dispose d'une arme nouvelle, le radar. L'U-99 n'a pas le temps de plonger et coule sous les tirs du Walker. Kretschmer et trente-neuf hommes d'équipage sont sauvés. Dans cette même attaque, Joachim Schepke, est éperonné par le Vanoc. Il coule, ne laissant que sept survivants. La disparition de ses as frappe Dönitz.