Wolfgang Lüth
le professionnel

Les grands As
des U-Boote

e deuxième plus grand As n’est pas né en Allemagne,
mais à Riga, en Lituanie, le 15 octobre 1913. Après son baccalauréat, ses parents l’ayant autorisé
à choisir sa voie, il s’engage dans la marine le
1er avril 1933. Il rejoint l’arme sous-marine le 1er février 1937 : sa rencontre avec Dönitz trois ans plus tôt, lors de la croisière des cadets, a été décisive.
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Wolfgang Lüth coule en moyenne trois navires par patrouille

Wolfgang Lüth à Lorient le 17 décembre 1941
Le 27 juin 1940, Wolfgang est nommé commandant du U-138, un Typ IID qu’il réceptionne flambant neuf. Durant sa première mission, le 20 septembre, Lüth réussit à couler trois marchands en six minutes (29 499 t), puis un 4e le lendemain (de 5145 t, soit un total de 34 644 t) !
Durant la croisière suivante, il coule un 5e navire et en endommage deux autres : il se voit alors décerner la
Ritterkreuz à Lrient, en octobre, ce qui fait de lui, à ce moment-là, l’unique commandant de Typ II à posséder
cette décoration ! Car, même s’il n’a pas atteint les 100 000 tonnes de navires coulés, ses succès sur ces
deux sous-marins côtiers justifient une telle récompense aux yeux de ses supérieurs, qui comprennent qu’il est maintenant temps de confier à ce fougueux commandant un sous-marin moderne et adapté à l’Atlantique.
Justement, le 18 octobre 1940, le Typ IXA U-43 est arrivé à Lorient. Jugé trop mou dans ses attaques par
Dönitz, son commandant, Wilhelm Ambrosius, est débarqué et remplacé par Wolfgang Lüth le 21.
Durant sa première mission aux commandes d’un U-Boot océanique, Lüth coule trois navires et en endommage
un 4e, avant de rentrer à Lorient le 17 décembre 1940. Mais le 4 février 1941, alors qu’il est à quai, le
U-43 est victime d’un accident : de l’eau s’engouffre dans la salle des torpilles, où, malgré les ordres, des
panneaux sont restés ouverts… La conséquence est dramatique, car, en quelques instants, le sous-marin
coule ! Après son renflouement, le U-43 devra encore rester plus de trois mois en réparation et ne repartira
en opérations que le 11 mai. Lüth effectue encore avec lui quatre missions de combat, principalement dans l’Atlantique Nord. Mise à part une sortie d’où il revient bredouille, il est assez régulier, coulant en moyenne trois navires alliés par patrouille. Mais le U-43 est un sous-marin ancien, mis en service en août 1939, qui a besoin d’une révision complète en Allemagne.

Une victime tous les 2 jours !

Wolfgang Lüth se voit confier, en mai 1942, un nouveau sous-marin, le Typ IXD2 U-181. Sa très grande autonomie lui permet de parcourir 31 500 nautiques sans escale ! Après quatre mois d’entraînement en mer Baltique, il part en mission pour l’océan Indien le 12 septembre. Les trois autres sous-marins du
même type entrés en service pour l’heure (U-177, U-178 et U-179) ont également quitté l’Allemagne pour ce nouveau théâtre d’opérations. Le U-179, parti un mois avant les autres, n’arrivera jamais à destination : il est coulé au large du Cap le 8 octobre. Les trois autres, dont celui de Lüth, auront d’excellents résultats dans cet océan, où les Alliés n’ont pas encore mis en place de système de défense. Le U-181 passe l’équateur le 16 octobre, ce qui est l’occasion d’une grande cérémonie à bord avec les traditionnels déguisements et bizutages pour ceux pour qui c’est la première fois.
Début novembre, le sous-marin coule en deux semaines quatre marchands naviguant isolément au large du Cap, pour 21 987 t. Le 16 novembre, un message radio annonce au commandant qu’il peut ajouter les Feuilles de chêne à sa Croix de chevalier. Durant les deux semaines suivantes, il coule huit navires supplémentaires pour 36 394 t, soit quasiment une victime tous les deux jours ! À cette époque de la guerre, aucun U-Boot
n’obtient de tels résultats dans un autre secteur. Le 2 décembre, le U-181 prend le chemin du retour.
Il atteint Bordeaux, sa nouvelle base et siège de la 12e flottille de U-Boote, le 18 janvier 1943 ; sa
patrouille a duré 129 jours !

La seconde plus longue patrouille de U-Boot du conflit !

Wolfgang Lüth repart pour l’océan Indien le 23 mars. Une semaine plus tard, le voici élevé au grade de Korvettenkapitän. Arrivé à hauteur de Monrovia le 11 avril, le U-181 tire deux torpilles sur le cargo britannique de 5 983 tonnes Empire Whimbrel. Le navire est touché et évacué par son équipage, mais il ne sombre pas. Le commandant allemand décide alors d’en finir au canon. Mais, au premier tir de la pièce arrière de 3,7 cm, le tube explose, blessant trois membres d’équipage ! Pendant que le médecin de
bord ampute l’un d’entre eux, la cible est finalement coulée par des obus de 10,5 cm… L’arrivée du U-516 le jour même permet de transférer le blessé le plus grave pour que le U-181 puisse continuer sa mission.
Le 15 avril, Lüth apprend par radio qu’il est le 4e commandant de U-Boot à être décoré de la Croix de Chevalier de la Croix de fer avec Feuilles de chêne et Épées, une nouvelle dignement célébrée à bord par l’équipage, tandis que le U-181 entre dans l’océan Indien.
Il y est bientôt approvisionné en carburant par le pétrolier ravitailleur Charlotte Schliemann, puis commence sa chasse. Du 11 mai au 12 août, il envoie neuf navires par le fond. Avec un tableau de chasse si rempli, la récompense ne se fait pas attendre : le 9 août, Lüth devient le premier sous-marinier à recevoir la Ritterkreuz avec Feuilles de chêne, Épées et Brillants. Le U-181 touche Bordeaux le 14 octobre 1943, soit après 205 jours en mer : c’est la seconde plus longue patrouille de U-Boot du conflit !
L' U-181 de Lüth touche Bordeaux le 14 octobre 1943

Tué en temps de paix

Depuis septembre 1939, Wolfgang Lüth a passé 640 jours en mer, en missions de combat comme
commandant de U-Boot, ce qui est considérable. Ayant accumulé les succès sur plusieurs types de sousmarins, il est maintenant débarqué : le 17 décembre 1943 à Weimar, il fait une longue conférence devant
des officiers sur la meilleure manière de commander des hommes dans un submersible.
Il raconte les particularités de la vie à bord, les problèmes de discipline et les méthodes qu’il a mises en place pour occuper son équipage durant ses deux plus longues patrouilles et éviter que les hommes s’ennuient : il avait planifié des activités régulières, comme la célébration des anniversaires et des fêtes religieuses, rythmé les journées par des morceaux de musique et un vrai concert le dimanche, organisé des tournois de jeux,
tenu un journal de bord pour informer ses hommes des événements internationaux, etc.
Lui-même prenait régulièrement le micro pour commenter l’actualité. Il explique aussi que les succès sont un bon moyen de briser la routine : il décrivait en détail chaque attaque à ses hommes pour les impliquer, les autorisant même, quand la situation le permettait, à regarder à travers le périscope à tour de rôle pour voir la cible. Chaque action était ensuite commentée et discutée.
Le 15 janvier 1944, Wolfgang Lüth est nommé chef de la 22e flottille d’entraînement de Gotenhafen. Il écrit alors un manuel pratique et détaillé à l’usage des futurs commandants de sous-marin, livret dans lequel est
précisée la conduite à tenir en toutes circonstances, de jour comme de nuit, les attaques de convois,
l’utilisation des torpilles etc.
Fait Fregattenkapitän le 1er août, puis Kapitän-zur-See le 1er septembre, il devient le responsable du « premier bureau » de l’école navale de Flensburg-Mürwik le même mois. Comme beaucoup d’officiers nés hors d’Allemagne, il est plus nationaliste que bien des Allemands de l’intérieur ; anticommuniste viscéral, il est plus engagé politiquement que la plupart des commandants de U-Boot.
À 30 ans, le voici bientôt plus jeune commandant de l’école navale, un poste jusqu’alors toujours occupé
par un amiral. Le Großadmiral Dönitz le pressent même pour le remplacer comme nouveau chef de l’arme
sous-marine !
La guerre se termine le 8 mai 1945. Cinq jours plus tard, alors que des soldats allemands continuent
de garder le périmètre de l’école navale où siège le gouvernement Dönitz, Wolfgang Lüth est abattu par
erreur par une sentinelle. Un enterrement solennel est organisé le 16 mai pour le marin le plus décoré de la
Kriegsmarine. En présence de son épouse et de ses quatre enfants, son cercueil est porté par six commandants décorés de la Croix de chevalier.