Albrecht Brandi
le dernier As

Les grands As
des U-Boote

Albrecht Brandi est né le 20 juin 1914 à Dortmund et
entre dans la Kriegsmarine le 1er avril 1935. Après sa formation à l’école navale, il est nommé officier de quart sur le dragueur de mines M-1 en octobre 1937. Brandi faits une première demande puis une seconde demande de transfert qui est acceptée, et il suit une formation spécifique de six mois.
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Albrecht Brandi est régulièrement bombardé et grenadé

Le sous-marin de Albrecht Brandi
Il part pour sa deuxième patrouille le 2 novembre 1942. Deux jours plus tard, surprise générale à bord :
Brandi reçoit l’ordre de passer le redoutable détroit de Gibraltar pour se rendre en Méditerranée ! Depuis
le U-371 le 24 septembre 1941, c’est le 42e sousmarin à tenter de forcer le passage. Jusqu’à présent, 32 ont réussi, les 9 autres ont sombré ou été forcés à faire demi-tour…
Les conditions de combat pour les U-Boote se sont tant détériorées dans ce secteur qu’en septembre et octobre 1942 leurs résultats ont été quasiment nuls. Le U-617 passe discrètement et sans incident le détroit de Gibraltar durant la nuit du 7 au 8 novembre 1942, quelques heures seulement avant le débarquement allié en Afrique du Nord ! Les jours suivants, il est obligé de plonger plusieurs fois par jour pour éviter avions et destroyers ennemis, étant régulièrement bombardé par les premiers et grenadé par les seconds.
Le 19 novembre, il attaque la flotte alliée face à Alger en tirant en surface des tubes I à IV, à une distance de 3 000 m, sur un destroyer et deux cargos ; une grosse explosion est aperçue au niveau du destroyer, puis, alors que Brandy plonge, deux autres explosions sont entendues. Il pense alors avoir coulé le destroyer et un cargo de 5 500 tonnes, puis endommagé un second marchand de même tonnage.
Après ses tirs, le U-617 subit un grenadage intensif de quatre heures… Le 21, face à Oran, il tire quatre nouvelles torpilles sur plusieurs bâtiments de guerre, dont deux cuirassés en mouvement à environ 4 500 m. Trois détonations sont entendues, et le commandant déclare avoir endommagé un cuirassé de 33 950 tonnes. Le 23 à 15h12, de nouveau au large d’Oran, le U-617 tire encore deux torpilles sur un croiseur classe Jeanne d’Arc protégé par deux destroyers, avant d’effectuer une plongée profonde ; deux minutes après le lancement, une détonation retentit puis, deux minutes plus tard, deux autres plus sourdes.
Brandi envoie alors au BdU un message de victoire concernant un croiseur léger de 6 496 t probablement
coulé. En réalité, pas un seul de tous ces bâtiments n’a été perdu par les Alliés ! Compte tenu du nombre
important de navires de plusieurs pays en opérations dans ce secteur à ce moment-là, il est possible que
certains d’entre eux aient pu seulement être endommagés et leurs dégâts imputés à une autre cause
qu’un U-Boot, une mine par exemple…

Fausses victoires et vraie évasion

Brandi echoue volontairement l'U-617 sur une plage
Le 28 novembre 1942, le U-617 arrive au port de La Spezia, en Italie, siège de la 29e flottille de sousmarins
à laquelle il est dorénavant rattaché. Les rapports des missions suivantes ne concordent pas toujours avec les rapports alliés : lors de sa deuxième patrouille en Méditerranée, Brandi déclare avoir coulé un destroyer et huit navires pour 41 000 tonnes ; en réalité, seul le remorqueur HMS St-Issey et deux cargos ont été envoyés par le fond pour 6 996 tonnes !
Le U-617 arrive à Salamis le 17 janvier 1943, quatre jours avant que Brandi se voie décerner la Croix de chevalier. Durant la mission suivante, il revendique la destruction d’un croiseur : il s’agit en réalité du HMS Welshman, un mouilleur de mines de 2 650 tonnes ! Deux cargos sont également à ajouter au palmarès du commandant.
Pour sa 5e mission, un croiseur, un destroyer et un transport de troupes sont annoncés comme coulés, alors qu’en fait aucun de ces bâtiments n’a disparu… Pourtant, le commandant n’est pas le seul, après les torpillages, à avoir perçu les détonations et bruits de navires en train de couler : tout l’équipage témoigne avoir entendu les mêmes choses. Malgré ces disparités de tonnage, Brandi ajoute, le 11 avril, les Feuilles de chêne à sa Croix de chevalier, une décoration qu’il va pouvoir fêter à son arrivée à Toulon, sa nouvelle base. L’arme sous-marine allemande a bien besoin de ces succès fortement relayés dans la presse afin de susciter encore des vocations. Et puis Albrecht Brandi correspond bien à l’image populaire du commandant de U-Boot : toujours barbu à son retour de mission, cet officier aux cheveux châtain clair et aux yeux bleus perçants porte sa Ritterkreuz sur une chemise à carreaux, une vieille veste élimée avec des pièces aux coudes et des galons de Kapitänleutnant tombant en morceaux. Bien qu’âgé de seulement 29 ans, il a déjà l’allure d’un vieux loup de mer. Toujours souriant, n’hésitant pas à jouer du piano en public ou à se déguiser, c’est un personnage haut en couleurs qui intéresse la propagande : en mai 1943, la presse allemande préfère ainsi s’étendre sur ses incroyables succès que de parler des 41 U-Boote coulés par les Alliés durant la même période…
Lors de sa 7e et dernière patrouille, le 6 septembre 1943 à l’est de Gibraltar, le U-617 coule le Puckeridge, un destroyer britannique de 1 050 tonnes. Le 10 septembre, il attaque de la même façon deux autres destroyers ; sous l’eau, les sous-mariniers entendent des sons caractéristiques d’un naufrage… qui ne seront pas
confirmés côté allié. Dans la nuit du 11 au 12 septembre, le Typ VIIC est fortement endommagé par
des bombardiers équipés d’un projecteur. Pourchassé ensuite par trois bâtiments de guerre, le commandant
décide d’échouer le U-617 sur une plage du Maroc espagnol, puis de le saborder. Tout l’équipage parvient
à débarquer à terre sain et sauf, tandis que le U-Boot est coulé au canon par ses poursuivants.
Albrecht Brandi est interné près de Cadix, dans un camp espagnol pour officiers. Grâce à la complicité
de l’attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne, qui lui fournit de faux papiers au nom d’Albert Bergmann,
il réussit à s’échapper en novembre et à rejoindre le sud de la France !

Aucun des navires visés n'a été coulé !

En décembre 1943, Albrecht Brandi est nommé commandant du U-380 (un Typ VIIC), un sous-marin opérant
en Méditerranée depuis la mi-novembre 1942. Son ancien commandant, Josef Röther, a lui aussi eu beaucoup
de difficultés à confirmer clairement si ses tirs de torpilles avaient été efficaces ou non, et, là encore,
son journal de bord ne reflète pas la réalité des faits.
Le U-380 quitte Toulon le 20 décembre et tente, au large d’Alger, une attaque contre le destroyer français
Le Fantasque avec une torpille acoustique T5 : une explosion est entendue au bout de dix longues minutes…
Le 11 janvier 1944, une autre torpille acoustique est tirée contre un petit convoi, puis une gerbe de trois
torpilles classiques, mais celles-ci détonnent bien trop longtemps après, probablement en fin de course…
Le U-380 rentre à Toulon le 21 janvier 1944 sans qu’aucun des navires visés n’ait été coulé. Ce port
n’ayant pas de base bétonnée pour abriter les U-Boote, le sous-marin est endommagé par des bombardiers américains le 4 février, puis définitivement coulé par l’USAAF le 11 mars (un mort à déplorer).
Après Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice et Bordeaux, une 6e base sousmarine était bien en construction à Marseille à partir de janvier 1943 pour héberger vingt submersibles. Mais, après avoir échoué à détruire les bases de l’Atlantique, les Alliés comprennent qu’il ne faut pas attendre la fin des travaux : le 2 décembre 1943, un bombardement massif sur le chantier marseillais met un terme définitif au projet d’abri bétonné.
L'as allemand Albrecht Brandi

La dernière mission de Albrecht Brandi

De nouveau sans bâtiment, Brandi est nommé à Toulon à la tête du U-967 en avril 1944. Auparavant
commandé par Herbert Loeder, c’est le 72e U-Boot à avoir tenté la traversée du détroit de Gibraltar en février 1944. Brandi quitte Toulon le 11 avril en direction de Gibraltar.
Le 26 avril, il tente de torpiller un destroyer ennemi, mais le rate probablement. Le 5 mai, le U-Boot attaque le convoi GUS-38 et coule le destroyer de 1 300 tonnes USS Fechteler avec une torpille acoustique T5 : cette fois-ci, une énorme explosion est entendue deux minutes seulement après le tir, et la destruction d’un bâtiment de guerre est confirmée par les Alliés. Quatre jours plus tard, Brandi peut ajouter les Épées à sa Croix de chevalier avant de rentrer à Toulon.
Endommagé lors de deux raids américains en juillet et août, le U-967 est immobilisé et sera finalement sabordé le 11 août. C’était donc la dernière mission opérationnelle d’Albrecht Brandi, qui est élevé au grade de Korvettenkapitän en juin. Le mois suivant, il devient chef des sous-marins pour l’est de la mer Baltique. Le 24 novembre 1944, seul marin après Lüth à obtenir cette récompense, il est décoré des Brillants. Moins d’un mois après, il passe Fregattenkapitän et est nommé chef des petites unités de combat de la Kriegsmarine. S’occupant notamment des sous-marins de poche Biber et Seehund à Ijmuiden, en Hollande, il reste à ce poste jusqu’au 8 mai 1945. Fait prisonnier, il est rapidement libéré en septembre et retourne à la vie civile comme architecte. Il meurt de maladie le 6 janvier 1966 à Dortmund.