Dunkerque encerclé
avec 400 000 hommes

Dunkerque
Opération Dynamo

Alors que les panzers s’apprêtent à bondir jusqu’à Dunkerque, que rien ou presque ne protège, Hitler donne à 11 h 31 (heure française) l’ordre de
stopper et même d’abandonner les têtes de pont établies sur les canaux.
Cettz Halte providentielle fait basculer la bataille, en octroyant aux troupes piégées un répit inespéré.
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Dunkerque en alerte

A Dunkerque, la première marque de l'offensive allemande, après le bombardement du 10 mai, avait été l'exode de la population belge. Des centaines de milliers de réfugiés traversèrent la ville dans les équipages les plus hétéroclites. Beaucoup ne firent que passer, mais les derniers, trouvant la route barrée sur la Somme, ne tardèrent pas à reparaître dans la ville, mêlés à des Dunkerquois qu'ils avaient entraînés dans leur sillage.
Il fallut désigner un gouverneur énergique : l'amiral Platon. Tout juste revenu de Flessingue, il prit ses fonctions le 21 mai, en même temps qu'Abrial prenait le commandement de la défense. Assurer l'ordre, déblayer les rues encombrées de débris et de cadavres, s'efforcer de limiter les dégâts du feu...
Une besogne énorme, avec des moyens qui se réduisaient de jour en jour. L'espionnite sévissait. Y avait-il autant de représentants de la cinquième colonne qu'on le raconta, autant de faux abbés et de fausses bonnes soeurs ?... Peut-être ce « faux prêtre », fusillé parce qu'il était incapable de réciter son Credo ; mais sûrement pas ces jeunes séminaristes hollandais, incapables de s'expliquer, qu'on avait enfermés avec les prisonniers allemands.

La halte incompréhensible

Les Allemands devant Dunkerque pendant la deuxième guerre mondiale
« Ces ordres venus d'en haut sont parfaitement incompréhensibles, notait le général Franz Halder, chef de l'état-major général allemand, le matin du 26 mai 1940, les tanks sont arrêtés comme s'ils avaient pris racine. »
Cette amertume se justifiait. Deux jours plus tôt, le Führer avait rendu visite au Q.G. du groupe d'armées A de von Rundstedt, à Charleville. A ce moment-là, les troupes allemandes continuaient d'aller de victoire en victoire, le front belge était au bord de l'effondrement. Au sud, le groupe de panzers de von Kleist, qui comprenait les deux corps blindés du général Reinhardt et du brillant Heinz Guderian, avait atteint l'estuaire de la Somme à Abbeville et, après un mouvement tournant pour prendre Boulogne et encercler Calais, était arrivé à moins de vingt kilomètres de Dunkerque.
L'armée belge, dix divisions de la Ire armée française et le gros du corps expéditionnaire britannique se trouvaient pris au piège entre ces unités blindées et les armées allemandes qui arrivaient du nord-est prêtes à bondir pour remporter leur dernière et spectaculaire victoire. Pourtant, peu après l'arrivée de Hitler à Charleville, les blindés reçurent l'ordre d'arrêter leur progression.
Depuis plusieurs jours, le Führer était terriblement nerveux. « Sa propre réussite l'inquiète, écrivait Halder, il ne veut rien entreprendre et il insiste pour que nous nous modérions. Il tempête, écume, rage et crie que nous sommes en train de saboter toute l'opération et que nous flirtons avec le risque d'une défaite. »
La nervosité de Hitler s'accrut et son opinion se confirma lorsqu'il arriva, le 24 mai, à Charleville pour s'y entendre dire par Rundstedt qu'il fallait immobiliser les blindés sur l'Aa, où ils pourraient attendre de nouveaux renforts d'infanterie. Rundstedt (et avec lui la, plupart des généraux allemands de l'état-major) n'avait pas cru vraiment possible une action décisive des panzers. La peur le hantait que ce succès ne demeurât sans lendemain et il n'avait d'ailleurs établi aucun plan quant à l'emploi des blindés après leur arrivée sur la côte. Un seul bataillon anglais se trouvait alors sur l'Aa, entre Gravelines et Saint-Omer ; Rundstedt insista cependant sur la nécessité d'une pause pour compléter ses unités et rétablir l'équilibre des forces avant le « dernier acte » de l'encerclement ordonné par le commandant en chef, von Brauchitsch. Les Anglais venaient déjà de lancer, au sud d'Arras, une contre-attaque difficilement contenue par la 70e division de panzers (Rommel). En outre, près de la moitié des véhicules blindés du groupe d'armées A se trouvaient hors d'usage, soit en raison de dommages causés par l'ennemi, soit par suite de pannes. De fait, des instructions pour une halte temporaire avaient été données la veille au soir. Hitler tomba immédiatement d'accord avec Rundstedt et, de temporaire, l'immobilisation des panzers devint, sur son ordre, définitive.
Hitler, certes, préférait de beaucoup conserver ses blindés pour les opérations ultérieures qu'il estimait nécessaire d'entreprendre contre lés Français, au sud de la Somme, plutôt que de les risquer au nord, sur un terrain peu propice à leur déploiement. Pourtant, ce n'était pas là l'unique raison de sa décision : comme l'a dit, après la guerre, le général Blumentritt, chef des opérations de Rundstedt, Hitler obéissait également à un mobile politique. Il croyait qu' « une fois conclue une paix raisonnable avec la France, une entente avec l'Angleterre deviendrait possible ».
« Hitler nous étonna, rapporte Blumentritt, en parlant avec admiration de l'Empire britannique, de la nécessité de son existence et de la civilisation que l'Angleterre avait donnée au monde. Il ajoutait que son unique désir était de voir ce pays reconnaître la position du Reich sur le continent. Il souhaitait faire la paix avec la Grande-Bretagne à. des conditions qu'elle jugerait compatibles avec son honneur. »

Des généraux accusent Goering

En dehors des considérations politiques, de la crainte du Führer d'essuyer un revers, de son désir de conserver intacte la puissance de son armée pour l'écrasement définitif des Français au sud, il existait une autre raison à l'ordre qui déçut si fortement Halder et Brauchitsch. Cette raison, les généraux purent s'en convaincre pendant la semaine suivante, se nommait Hermann Goering.
« Goering, qui connaissait bien son Führer, exploita son inquiétude, pense Halder. Il proposa de mener seul, avec sa Luftwaffe, la grande opération d'encerclement, ce qui éliminait le risque d'employer les précieux panzers. Il espérait, après la campagne foudroyante conduite jusque-là par l'armée de terre, parvenir, avec son aviation, à forcer la décision et à s'assurer ainsi la gloire finale de toute l'affaire. ».

Tout abandonner...

00 000 hommes encerclés à Dunkerque en mai 1940
Plus de 400 000 hommes s'entassaient dans l'étroite tête de pont, après avoir abandonné un matériel immense. Toutes les routes conduisant au « périmètre défensif » étaient jalonnées de milliers de camions, d'automitrailleuses, de voitures radio, de canons culbutés dans les fossés. Par crainte des embouteillages, le commandement britannique avait ordonné à ses troupes d'abandonner tout l'équipement qui n'était pas strictement indispensable à la défense de la tête de pont. Appliquant ces consignes à la lettre, les postes de garde britanniques obligèrent les troupes françaises à laisser sur place leurs véhicules et même leurs engins de combat, n'hésitant pas, s'il le fallait, à cribler de balles les radiateurs. Il en résulta, ici et là, de brèves et brutales empoignades.
Le 30 mai, le périmètre est fermé, les Britanniques défendant l’est et le centre (adossés à la zone inondée des Moëres). La 68e division et le secteur fortifié des Flandres (SFF) tiennent l’ouest. Les Allemands, qui n’ont pas unifié leur commandement, dispersent leurs efforts.
Les défenses, appuyées sur les murs de Vauban à Bergues et les canaux, tiennent jusqu’au 4 juin.
A savoir
Un rectangle de 20 km sur 10