Bader
Le pilote sans jambes

Les as

Douglas Bader n'est peut-être « que » le onzième as anglais et le 18e de l'Empire britannique, mais ses 23 victoires, il les a obtenues en un an.
En outre, il était affligé d'un handicap qui en fait un cas unique dans l'histoire de la chasse et un exemple de volonté.
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Amputé des deux jambes

Bader avec dowding pendnat la bataille d'Angleterre
En 1930, il est sous-officier à la 33° escadrille basée à Kenley. Il vole presque sans arrêt et se livre à de dangereuses acrobaties. Le 14 décembre 1931, il a les deux jambes brisées dans un effroyable accident d'avion, accident qui ne lui laisserait qu'un mauvais souvenir si une double amputation ne se révélait nécessaire.
Est-ce la fin de la carrière de pilote de Bader? Non ! Cet homme broyé, mutilé, va réussir, grâce à une volonté prodigieuse, à un moral de fer, et grâce aussi à son robuste sens de l'humour, à vaincre un handicap qui, pour beaucoup, aurait été une sorte de mort lente. Évidemment, il est obligé de quitter la R.A.F. en 1933, mais il peut, à nouveau, conduire sa voiture et même piloter.
Sa volonté, son courage ont triomphé de tous les obstacles; deux jambes artificielles ont fait le reste.
Il se marie avec Thelma, une jeune fille qu'il a connue pendant sa convalescence.
Comme un bonheur ne vient jamais seul, il a la chance, presque miraculeuse, d'être réintégré dans la R.A.F. en 1939. Il est chef d'escadrille en 1940 puis chef de groupe (il commande à des pilotes canadiens) avant de se trouver à la tête de cinq groupes de chasse, ce qui représente une bonne soixantaine d'avions. En 1941, il est promu lieutenant-colonel et compte vingt-trois victoires homologuées. Le 8 août 1941, un très dur combat se déroule au-dessus de Saint-Omer entre Messerschmitt 109 et Spitflre. Bader est abattu. Avec humour, il fera le récit de son « atterrissage forcé » :
« Mon coucou pique du nez, et je le vois partir en miettes. Je me retourne : l'empennage a déjà disparu... Il ne me reste qu'à sauter. C'est plus facile à dire qu'à faire : l'appareil s'est mis en vrille et tourne comme une toupie affolée. Je me hisse sur mes deux bras. Je réussis à sortir une jambe mais l'autre reste coincée. Je tire de toutes mes forces. L'appareil en fait autant, dans l'autre sens. Enfin je m'arrache : la jambe droite s'est détachée, elle descend avec l'épave. Puis mon parachute s'est ouvert. C'est tout. »
Ce que Bader a la modestie de ne pas préciser, c'est qu'il s'est enfoncé la prothèse gauche dans la poitrine. Transporté à l'hôpital de Saint-Omer, ses premières paroles, quand il reprit connaissance, furent pour demander où étaient ses prothèses. Celle de gauche était bien là, près de son lit, mais l'autre manquait !... pas pour longtemps, car elle fut retrouvée dans les débris de l'avion. On la redressa tant bien que mal car elle était tordue.
Malgré les circonstances dramatiques, il est impossible de ne pas rire au récit que fit Bader de sa « rencontre » avec un des médecins allemands :
« Il a un haut-le-corps en écartant le tissu déchiré... puis il regarde mes décorations.
— Vous avez perdu votre jambe, dit-il enfin, s'exprimant en anglais, avec un terrible accent teutonique.
— Oui, je sais... elle s'est détachée pendant que je me débattais pour sortir de mon taxi.
»
A peine rétabli, il s'astreignit, avec un courage incroyable, à parcourir les couloirs de l'hôpital. Pour soutenir le moral de ses camarades, il refusa une chambre particulière et resta avec eux dans la salle commune.
Bientôt, il manifeste le désir de rencontrer l'adversaire qui l'avait descendu.
Mais déclara-t-il, je ne peux accepter l'idée que ce soit peut-être un caporal-chef.
Parmi les pilotes allemands de Galland qui avaient participé au combat, il n'y avait pas de caporal-chef, mais tout de même un sergent. Comme cela arrive souvent dans les mêlées confuses, il fut d'ailleurs impossible de savoir quel était celui qui avait réussi l'exploit de descendre l'as anglais. Aussi Galland décida-t-il de désigner comme « vainqueur » un de ses plus brillants pilotes.
Lorsque Galland le reçut, avec tous les honneurs, Bader félicita chaudement « l'heureux élu ».

Laisser-moi piloter un Messerschmitt

ad anglais Bader pendant la bataille d'Angleterre
De cette réception Galland a fait un récit particulièrement intéressant :
« Après avoir parcouru la base, il me fit ses compliments pour l'excellent camouflage, vanta longuement les qualités du Messerschmitt et, finalement, me demanda l'autorisation de s'installer dans un appareil. Je l'aidai à se hisser dans le cokpit. Il étudia minutieusement le tableau de bord, tâta le manche, actionna prudemment les palonniers. Puis, souriant, il se pencha vers moi :
« — Voulez-vous me faire un grand plaisir? Je voudrais une fois au moins, piloter un Messerschmitt. Me permettriez-vous de faire le tour du terrain?
— Vous me demandez l'impossible, dis-je. Si vous en profitiez pour vous échapper, je serais obligé de vous poursuivre et de tirer sur celui dont je suis fier d'avoir fait la connaissance.
Il se mit à rire et sortit de l'appareil
».
Avant de regagner l'hôpital, Bader demanda à Galland d'informer sa femme et ses camarades qu'il était vivant. En outre, il désirait qu'on lui fit parvenir un uniforme de rechange, des prothèses et... une pipe. Goering, consulté, accorda l'autorisation.
La R.A.F. fut avertie, par radio, sur la longueur d'ondes du Secours International Maritime. Quinze jours plus tard, alors que la réponse n'était pas encore parvenue, Bader s'évada par une fenêtre du deuxième étage à l'aide de trois draps noués bout à bout.
Les Anglais livrèrent les prothèses d'une manière assez indélicate : ils ne prirent pas contact avec les Allemands, se contentant, au cours d'une attaque contre l'aérodrome de Saint-Omer, de lâcher la caisse contenant les prothèses au milieu de la cargaison de bombes !
Bader fut repris, gardé impitoyablement puis envoyé en Allemagne où il se distingua, une fois de plus, par plusieurs tentatives d'évasion plutôt sensationnelles.
En 1945, le général Galland, à son tour, fut reçu par le Wing-Commander Bader, près de Southampton. Inutile de préciser que, cette fois, Galland était le prisonnier !...