L'invraisemblable amitié
de deux pilotes ennemis

Les as

Ennemis mortels dans le ciel de l'Angleterre, ces deux as se rencontrèrent en France dans des conditions chevaleresques.
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Une jambe artificielle parachutée

Douglas Bader, commandant d'une escadre de Spitfire, était aussi l'un des as qui volaient dans le ciel de la Manche. Bader se montrait sans pitié pour les Allemands. A chaque rencontre, il fonçait sur l'adversaire avec une froide et féroce précision. «Je ne suis pas, disait-il, de ceux qui considèrent la guerre comme une partie de criquet; on ne se tire pas dessus pour se serrer ensuite la main.»
Bader était entré dans la R.A.F. en 1930 comme élève officier; dix-huit mois plus tard, il perdait les deux jambes dans un accident d'avion. Réformé, il avait appris à se servir de jambes artificielles, réussissant même à jouer au golf. En 1939, dès la déclaration de la guerre, il parvint à reprendre du service dans la R.A.F., et cet aîné surprit ses cadets par son agilité. Sa détermination et son habileté comme pilote et comme combattant lui valurent l'estime de ses adversaires à tel point que, lorsqu'il fut abattu au-dessus de la France et fait prisonnier en 1941 (après avoir descendu 23 avions) les Allemands lui firent parachuter par la R.A.F. une jambe artificielle pour remplacer celle qu'il avait perdu en s'écrasant avec son appareil au sol.

Une invraisemblable amitié

Bader et Galland
Une invraisemblable amitié finit par s'établir entre Bader et le redoutable mais chevaleresque Galland, qui s'était engagé dans la Luftwaffe au début des années trente, alors que l'Allemagne se réarmait encore clandestinement. Galland avait fait son apprentissage sur planeur. Par la suite, il apprit à se battre à bord d'avions à moteur au-dessus de l'Espagne. Bel homme, arborant une moustache à la Groucho Marx, il affectionnait les uniformes voyants, le cigare, le champagne et les jolies femmes. Deuxième as de la Luftwaffe après Môlders, il avait 40 avions à son tableau de chasse en automne 1940. Plus patriote qu'admirateur des nazis, il imputait à l'incapacité de Goering les erreurs que l'Allemagne commettait au moment où la bataille d'Angleterre atteignait son point culminant.
Galland refusa catégoriquement de se plier à une directive de la Luftwaffe prescrivant d'abattre à la mitrailleuse les pilotes de la R.A.F. qui sautaient de leur avion. Il donna aux hommes de l'escadre de Me-109 qu'il commandait l'ordre de les épargner. Cette directive était une réplique à la décision anglaise de détruire les hydravions allemands aux couleurs de la Croix-Rouge qui allaient récupérer les pilotes allemands abattus. Bien que Galland trouvât cette dernière mesure barbare, elle n'affectait en rien son sens de l'honneur vis-à-vis de l'ennemi. Il se montrait chevaleresque avec l'adversaire, sans excepter personne. Bader lui-même en fit l'expérience. Alors qu'il se remettait de ses blessures à l'hôpital de Saint-Omer, Galland le fit prendre dans sa voiture pour l'amener au quartier général du Groupe, où il lui offrit le thé et lui fit visiter la base aérienne. Ce fut Galland qui intercéda auprès de Goering pour obtenir le parachutage d'une jambe de rechange. Il estima que la R.A.F. s'était montrée «inamicale» en profitant de l'occasion pour lancer une imposante charge de bombes sur la base aérienne et sur d'autres objectifs proches de Saint-Omer.

Galland ravitaillé en cigare

En 1945, lorsque Galland, devenu général, fut emmené en Angleterre pour subir un interrogatoire en tant que prisonnier de guerre, il comparut devant Douglas Bader. L'officier anglais, qui s'était radouci à la fin des hostilités, se préoccupa beaucoup du bien-être de son ancien adversaire et le ravitailla en cigares. Dans les années qui suivirent, ils devinrent tous deux d'excellents amis, échangeant de fréquentes visites et assistant ensemble à de nombreuses manifestations aéronautiques.