Dans l'enfer de Stalingrad, jour et nuit on se battait avec la même intensité.
La bataille collective se superposait à ses milliers
de combats individuels, à des duels sauvages
qui se livraient dans des caves, des cages d'escaliers, entre des pans de murs, au milieu de la
puanteur des cadavres entassés, tels des sacs
de terre, pour protéger les vivants.
D'une certaine manière, les combats sauvages
de Stalingrad étaient encore plus terrifiants que la boucherie impersonnelle de Verdun. Cette lutte presque au
corps à corps dans les ruines, les caves et les tunnels
fut très vite surnommée la guerre des rats par les
soldats allemands.
Elle affolait presque leurs généraux, qui avaient rapidement eu l'impression de perdre le contrôle des événements. L'ennemi est invisible, écrivait le général Strecker à l'un de ses amis. Des embuscades tendues dans les
caves, derrière les vestiges des murs, dans des abris
cachés ou dans les ruines des usines provoquent de
lourdes pertes parmi nos troupes.
Tchouïkov ordonna que l'on privilégie
les opérations nocturnes parce qu'il pensait que
les Allemands étaient beaucoup plus facilement
angoissés et fatigués la nuit. Les fantassins allemands en vinrent à craindre tout particulièrement
les Sibériens du colonel Batiouk, considérés
comme des hommes ayant la chasse dans le sang.
Dans une lettre, un soldat allemands écrivait : on ne peut comprendre ce qu'est la
terreur, ici. Au moindre bruit, au moindre frémissement, je presse la détente de la mitrailleuse
et lâche des rafales entières de balles traçantes.
Cette propension à tirer, la nuit, sur tout
ce qui bougeait a contribué sans aucun douteà faire dépenser aux Allemands plus de 25 millions de cartouches pour le seul mois
de septembre.