C'est un fait médical avéré : depuis son entrée en politique,
Bonaparte souffrait de violentes crises gastriques. Mais ce n'était
pas le moindre de ses maux : il soignait son eczéma avec des bains
brûlants et souffrait aussi de crises hémorroïdaires dont certains
avancèrent qu'elles furent la cause de sa défaite à Waterloo.
Difficultés à uriner
Occupant tout le devant de la scène durant la phase finale, l'ulcère impérial n'a pas vraiment, malgré la main dans le gilet, perturbé jusqu'alors la vie de Napoléon, à la différence de ses difficultés à uriner et de ses poussées hémorroïdaires. Sa dysurie l'a toujours gêné. En 1797, il se soulage en se plongeant, à défaut de baignoire, dans le premier tonneau qu'il pouvait trouver, comme le rapporte Yvan. À Longwood, elle est toujours là, l'empereur prisonnier confiant à Antommarchi : J'ai toujours éprouvé de la difficulté à uriner et d'autant plus que le besoin s'en faisait sentir fréquemment, aujourd'hui les souffrances sont intolérables.
À la Grande Armée, les troupes en marche sont habituées à le voir descendre de cheval, s'approcher d'un arbre et demeurer longtemps, très longtemps, le front appuyé contre le tronc, les jambes écartées, le corps légèrement en retrait. Lorsque les troupes le doublent en cette posture, c'est la seule circonstance où elles ne doivent pas lancer leur salut réglementaire Vive l'Empereur !.
Brûlé dans son bain
Autre affection qui l'accompagnera au moins depuis Toulon : un eczéma tenace que l'empereur confond à tort avec la gale et qu'il gratte souvent avec fureur. À Sainte-Hélène, Antommarchi raconte : « Il saisit sa cuisse gauche et la déchire avec une espèce de volupté, les cicatrices s'ouvrent, le sang jaillit. »
En dehors des gastralgies, qui, sauf de rares exceptions, seront longtemps supportables, Napoléon n'a donc présenté qu'un ensemble de troubles désagréables, mais cependant mineurs, qu'avec la bénédiction de Corvisart il traite tous de la même façon : des bains brûlants.
« Il tournait continuellement le robinet d'eau chaude et élevait la température à tel point que je me trouvais dans une atmosphère de vapeur assez épaisse pour m'empêcher de voir clair », décrit Bourrienne. À Longwood, sous la plume de Las Cases, la situation demeure la même : « Il s'est oublié trois heures dans un bain fort chaud et s'est fait une brûlure à la cuisse avec le robinet d'eau bouillante. Il y avait lu deux volumes. »