Louis XIV confie en 1667 la charge de lieutenant général de la Police à Nicolas La Reynie.
Il entreprend de « nettoyer » la Cour des miracles, réorganise le Guet, fait éclairer les rues la nuit et réussit à faire baisser le nombre des vols, crimes et exactions.
Exécutions originales
Jusqu’à la fin du XVIe siècle , les animaux qui avaient blessé ou tué un homme étaient abattus. Cet abattage serait chaque fois passé inaperçu si la mise à mort n’avait pas comporté des préparatifs analogues à ceux qui précédaient les exécutions humaines.
C’est ainsi qu’en 1350, une truie qui avait dévoré un petit enfant fut pendue sur la place publique en présence des villageois assemblés.
A Beauvais, en 1490, un taureau accusé d’avoir encorné un adolescent, fut condamné à la potence et exécuté en public. L’application des condamnations à mort d’animaux revêtait la même solennité que celles qui accompagnaient l’exécution des hommes reconnus coupables d’assassinat.
Nommé par le roi, Gabriel Nicolas de La Reynie, issu d’une modeste famille de robe du Limousin, devient le premier lieutenant de police de l’Histoire. Il a 42 ans et occupe, depuis 1661, une charge de maître des requêtes au Conseil du roi. Son loyalisme à l’égard du souverain pendant la Fronde, ses qualités en tant que serviteur de l’Etat le font remarquer de Mazarin, puis de Colbert qui en parle au roi.
La sécurité se trouve en tête des missions que l’édit royal de mars 1667 lui confie. Par sécurité, il faut entendre tout ce qui est susceptible de perturber la vie des habitants et de troubler l’ordre public. Cela inclut aussi bien la lutte contre la délinquance que la protection contre les incendies, les inondations, les embouteillages. S’y ajoutent la prévention des épidémies, la régularité des approvisionnements en denrées de première nécessité afin d’éviter les émeutes, la chasse aux libellistes effrontés. Pour rationaliser son action, La Reynie rassemble sous son autorité les différentes polices existantes. Il double le nombre des commissaires répartis entre les dix-sept quartiers de Paris.
La lutte contre les bandes de gueux armés ratissant la capitale, passe par la liquidation de la symbolique cour des Miracles qui défie ouvertement l’autorité royale. Peu après sa nomination au Châtelet, siège de la nouvelle lieutenance, La Reynie s’empare du problème. Il dépêche sur place un commissaire et des archers du guet. Eric Le Nabour rapporte qu’accueillis à coups de pierres et de projectiles divers, ceux-ci battent en retraite à trois reprises.
La Reynie est parvenu à ses fins en évitant l’effusion de sang. Très vite, on constate de notables progrès dans la sécurité. Toutefois, la crise économique, les disettes de la fin du siècle favoriseront, à nouveau, l’arrivée de forts contingents de déshérités dans la capitale. En 1674, le roi renforce les pouvoirs de La Reynie en le nommant lieutenant général de police. En 1697, usé par la tâche, il obtient à sa demande, « la permission de quitter un si pénible emploi », selon la formule de Saint-Simon. Le mémorialiste ajoute que « c’était un homme d’une grande vertu et d’une grande capacité qui, dans une place qu’il avait pour ainsi dire créée, devait s’attirer la haine publique [et] s’acquit pourtant l’estime universelle ». Il meurt en 1709.
Depuis 1822, une rue étroite, anciennement rue Troussevache, porte son nom, sise entre la rue Quincampoix, où logea le lieutenant général, et la rue Saint-Denis, dans la proximité immédiate de la grande cour des Miracles.