« Si les Allemands bombardaient l’Angleterre efficacement, cela pourrait apporter la paix. Il semblait beaucoup espérer que cela viendrait. Il veut la paix à tout prix […] »
Le « il » cité dans ce rapport rédigé le 25 juin 1940 à l’attention du dictateur espagnol Franco par le diplomate Don Javier Bermejillo n’est pas n’importe qui: c’est son vieil ami l’ex-roi d’Angleterre Édouard VIII, qui a abdiqué en décembre 1936 et est devenu duc de Windsor. Ce n’est là qu’une des accablantes pièces réunies par Karina Urbach, historienne à l’université de Londres, dans un livre intitulé Go Betweens for Hitler (Oxford Univ. Press) publié en 2015. Comme son nom l’indique, l’ouvrage est centré autour des contacts entre les membres de la famille royale britannique et leurs cousins allemands gagnés au nazisme.
L’existence d’une internationale du sang bleu militante de l’appeasement (un maintien de la paix favorable à Hitler) n’est pas une nouveauté.
« Nous avons toujours su qu’Édouard avait des sympathies nazies, convient Karina Urbach. Mais nous ne pouvions pas prouver la profondeur de son engagement. C’est chose faite. À mon avis, encourager une puissance étrangère à bombarder votre propre pays équivaut à de la trahison. »
1940
1er août – Hitler engage la bataille d’Angleterre : la Luftwaffe devra détruire la R.A.F. par tous les moyens et dans le plus court délai.
13 août – Le « jour de l’Aigle ». La Luftwaffe lance sa grande offensive et fait 1 485 sorties ; elle perd 45 appareils, la R.A.F. 13.
15 août – Le jour le plus chaud de la bataille d’Angleterre. La Luftwaffe compte 1 790 sorties au-dessus de l’Angleterre et perd 75 avions contre 34 aux Britanniques.
17 août – Les Allemands établissent autour de l’Angleterre une zone opérationnelle dans laquelle ils coulent tout navire sans avertissement.
25 août – La R.A.F. effectue son premier raid sur Berlin.
3 septembre – L’Angleterre cède aux Etats-Unis des bases dans les Caraïbes contre 50 destroyers.
7 septembre – 300 bombardiers allemands escortés de 600 chasseurs bombardent le port de Londres.
13 septembre – L’Italie envahit l’Egypte.
15 septembre – La R.A.F. prétend avoir abattu 183 avions allemands au cours des raids de la journée. Plus tard, on découvrira que ce chiffre est très exagéré.
17 septembre – Hitler ajourne l’opération Seelbwe — jusqu’à nouvel ordre.
12 octobre – Hitler reporte l’opération « Seelbwe » au printemps 1941.
Hitler se proposait de « ramollir » l'Angleterre avant de l'envahir. Galvanisés par Churchill, les Anglais savaient que le sort de l'Occident dépendait de leur courage sur terre et de leur combativité dans les airs.
Ce mot est composé : spit =cracher; fire = feu. Spitfire est traditionnellement une mégère
(à l’époque en anglais avion était du genre féminin) ou une personne colérique : la bonne traduction à est dragon quand ce mot désigne un personnage acrimonieux et intraitable.
Le Spitfire, comme le suppose son nom, était bien destiné – tel un dragon – à porter le feu contre ses adversaires.
Le mauvais temps a obligé de postposer le jour de l'Aigle jusqu'au 13 août et, même ce jour-là, ce n'est pas avant l'après-midi que la Luftwaffe apparaît en force pour entamer l'offensive soutenue contre les forces aériennes et les installations au sol de la RAF.
Le 15 septembre 1940, un peu avant 11 heures, Churchill passe en curieux au PC du groupe de chasse 11. Un officier lui dit qu’il est interdit de fumer. Le conditionnement d’air n’y résisterait pas et il y a un risque d’incendie.
De bonne grâce, Churchill jette son cigare, l’éteint du pied sans se douter que le mégot en sera recueilli et encadré pour être, jusqu’à la fin des hostilités, le fétiche du PC