L’amiral sir Percy Noble, nommé commandant en chef des Western Approaches en février 1941, fut peut-être le premier à comprendre que la clé de la victoire, pour cette campagne, résidait autant dans l’entraînement du personnel que dans le nombre des escortes disponibles.
Si la compétence des hommes s’améliorait, en revanche le système des convois restait défectueux. Les destroyers, dont on avait désespérément besoin pour la bataille de l’Atlantique, se trouvaient maintenus le long des côtes comme boucliers anti-invasion. Les rares navires disponibles pour les escortes passaient beaucoup trop de temps à courir après les assaillants au lieu de concentrer leurs forces autour des convois. De plus, fréquemment détachés, par ordre du commandement des atterrages occidentaux, en unités chargées de poursuivre des U-Boote aperçus très loin des convois, les escorteurs n’offraient qu’une efficacité relative aux formations mises sous leur protection. Enfin, pire encore, comme l’avait montré l’expérience, unique en son genre, du Bluebell et du Sturdy, il n’existait pratiquement aucune coordination entre les bâtiments d’escorte, que l’on continuait à rassembler au hasard des disponibilités. Rien ou presque n’avait été fait pour définir un plan d’action à appliquer par les escorteurs en tant que groupe dans le cas où le convoi qu’ils protégeaient serait attaqué.
Le choc provoqué à tous les échelons de l’Amirauté par l’ampleur effarante des pertes en hommes, en navires et en matériel, fut profond. Il paraissait évident que, si l’on voulait que le système des convois devînt efficace, il fallait élaborer une doctrine: établir un programme strict portant sur la discipline de groupe, la coordination et les communications entre les escorteurs, les procédures à suivre selon les différentes formes possibles d’attaque. Dès que l’on prit conscience de cette impérieuse nécessité, une nouvelle politique de défense des convois commença lentement et sûrement à prendre forme.
A partir du printemps de 1941, les unités d’escorteurs s’entraînèrent ensemble et restèrent groupés. Un certain nombre de destroyers, qui avaient été retenus le long des côtes pour prévenir toute tentative d’invasion, furent affectés à la protection des convois. A terre, les spécialistes du radar travaillèrent jour et nuit à adapter des appareils qui seraient installés à bord des navires et, en particulier, des bâtiments d’escorte et des avions. D’autres spécialistes mirent au point des radio-téléphones à très haute fréquence, dont les émissions ne pourraient être captées par les Allemands qu’à très faible distance, et des radiogoniomètres, à très haute fréquence également, capables de localiser les meutes de loups grâce aux nombreux messages radio échangés entre les différents submersibles.
Le quartier général du commandement des atterrages occidentaux fut transféré de Plymouth, constamment sous la menace des bombardiers allemands basés en France, à Liverpool, plus proche des routes des convois. L’amiral sir Percy Noble en devint le commandant en chef et, dès le mois de février 1941, il se retrouva définitivement installé avec tout son état-major dans le nouveau centre opérationnel créé à Derby House.